lundi 28 décembre 2020

recette : marrons glacés (NOUVEL ESSAI)

  • 1 kg de marrons
  • 1.5 kg de sucre
  • 1.5 l d'eau
  • 1 gousse de vanille
Rayée = fausse recette partout sur internet qui ne marche qu'avec des marrons précuits (boite, surgelé) ;
corrigée par la bonne recette publiée dans Ginette Mathiot, marche avec des marrons frais...
  1. Choisir des très gros marrons de forme ronde (les plats se divisent), bien pleins, même calibres.
  2. Incisez les marrons dans le sens le plus large avec un couteau pointu ou un cutter de façon à entailler les deux peaux mais pas la chair des fruits, en passant par la partie pointue et la partie plus claire à la base des marrons. Non !
    Retirer l'écorce avant cuisson...
  3. Après 5 min prélever 10 marrons, les déposer dans une casserole d'eau froide et porter à ébullition pendant 2 à 3 min, à ce moment les peaux se détachent presque toutes seulesNon !
    Mettre 10mn dans une eau  frémissante
    , Ajouter un peu d'eau pour tiédir et retirer un par un, enlever la peau et remettre dans l'eau pour qu'ils cuisent tous de manière égale...
  4. Déposez les marrons dans une casserole d'eau froide et portez à faible ébullition pendant 15 min (les marrons doivent être cuits mais pas trop sinon ils réduiraient en purée)Non !
    Les marrons cuisent env. 3h dans une eau à peine frémissante, surtout ne pas laisser bouillir.
  5. En fin de cuisson, mettre les marrons dans une terrine d'eau froide afin de les raffermir.
  6. Dans une cocotte-minute de préférence, mettez l'eau et le sucre. Mettez sur feu moyen, lorsque le sucre est devenu transparent augmentez le feu. Non !
    Faire un sirop léger (max 50/50 eau-sucre) vanillé, porter à ébullition et stopper jusqu'au ~20-25 ° Baumé (<100°c). Laisser refroidir totalement, puis y mettre 12 heures les marrons.
  7. Dès que le sirop bout ajoutez la gousse de vanille fendue en 2. Laissez bouillir à gros bouillons pendant 3 min et plongez-y les marrons installés dans le panier de la cocotte, cela les protègera des chocs. A vérifier !
    Porter le sirop au "lissé" ou "filet" à 25° Baumé (100-105°c), y remettre les marrons 12h
  8. Laissez reprendre l’ébullition et laissez à frémissement pendant 1 min. Éteignez le feu et laissez refroidir tel quel 24 heures. A vérifier !
    Porter le sirop au "perlé" ou "boulé" à 33° Baumé (110-115°c), y remettre les marrons 12h
  9. Le lendemain égouttez les marrons et portez le sirop à ébullition pendant 3 à 4 min puis plongez le panier de marrons et laissez frémir pendant 3 min. Renouvelez l'opération le troisième et quatrième jour.. A vérifier !
    Porter le sirop au "grand cassé" (145-150°c), y plonger les marrons une minute (glaçage)
  10. Pour terminer, sortez les marrons refroidis et posez-les sur du papier sulfurisé à l'air libre afin qu'ils sèchent.A vérifier !
    Séchage four très doux ou pièce chaude (au-dessus d'un chauffage) plusieurs heures...
  11. Le sirop restant pourra aromatiser des yaourts ou du fromage blanc.

jeudi 24 décembre 2020

recette friandises // Douze belles truffes au chocolat

modifié depuis https://odelices.ouest-france.fr/recette/truffes-au-chocolat-noel-r87/

  • 200 g de chocolat noir
  • 100 g de beurre (plutôt 50/50 avec crème)
  • 1 (ou 2) jaunes d'œuf
  • 50 g de sucre glace 
  • vanille ou 1 sachet de sucre vanillé 
  • cacao amer en poudre

  1. Faites fondre le chocolat en morceaux dans une casserole placée au bain-marie "tiède" et remuez régulièrement. Ajoutez peu à peu le beurre coupé en morceaux. 
  2. Retirez la casserole du feu, ajoutez jaune(s) d’œuf(s), puis le sucre glace tamisé et vanille.
  3. Laissez reposer environ 2 heures au réfrigérateur pour que le chocolat durcisse. 
  4. Formez des petites boules (taille d'une petite noix) à l’aide d’une petite cuillère avec le chocolat refroidi et roulez-les dans le cacao en poudre (ou 1/2 cacao + 1/2 sucre glace).

Recette dessert // moelleux aux carottes


Recette E. Ràmon. Saveur de pain d'épices (muscade, cannelle), la carotte donne le sucré avec un goût assez proche du "miel", mais la texture est plus légère et la saveur plus fine...

  • 250 g farine
  • 200 g sucre
  • 400 g de carottes (3 à 5)
  • 12 cl huile neutre (Tournesol)
  • 3 œufs moyens
  • 1/2 sachet de levure chimique
  • 1 c. à c. de cannelle
  • 3 pincées de noix de muscade
  • 2 pincées de sel

  1. Mélanger farine, sucre, huile, épices
  2. Ajouter les œufs et battre à la fourchette pour obtenir une pate lourde
  3. Ajouter la levure puis les carottes hachées
  4. Enfourner 45 mn à 160°c

dimanche 20 décembre 2020

recette friandises // 24 madeleines

  • 3 oeufs
  • 200 g de farine
  • 140 g (à 150 g) de sucre
  • 175 g (à 200 g) de beurre 1/2 sel fondu
  • 1 sachet de levure chimique (11 g)
  • 5 cl de lait
  • 1/2 citron pour râpures (ou vanille ou bergamote).

  1. Bien beurrer et fariner légèrement les moules à madeleines.
  2. Dans un récipient mettre la farine et ajouter la levure chimique. 
  3. Mettre en fontaine pour ajouter les œufs. 
  4. Débrouiller (fouetter) légèrement en ajoutant le sucre.
  5. Mélanger à nouveau et ajouter le lait.
  6. Continuer de mélanger au fouet et ajouter le beurre fondu le zeste de citron (broyé). On obtient une pâte bien lisse.
  7. Verser dans les moules aluminium à la cuiller, au trois quart de la hauteur 
  8. laisser reposer 10 mn - en profiter pour préchauffer le four à 220°C
  9. Cuire le premier moule (12 madeleines) : bien le placer au centre du four pour une égale cuisson (tout se passe en 1 mn pour le "bombé").
  10. Cuire 220°c pendant 3 mn 30 s puis réduire dès l'amorce du "bombé" en ouvrant rapidement le four et en le baissant à 190°c pendant  4 minutes
  11. Enlever les madeleines des moules avant refroidissement.
  12. Reprendre manipulations n°9 et n°10 pour le second moule.

dimanche 8 novembre 2020

Le Chemin de la Nature // cueilleurs



Leçon n°1 : se déconnecter, cueillir et ramasser.

https://www.lechemindelanature.com/ Sur la page d'accueil, on note deux majuscules, à Chemin et à Nature. Ouf ! Il n'y en aurait eu qu'une seule, au mot Nature, j'aurais eu un doute, mais celle du Chemin me rassure : oui, c'est le chemin qui importe et non la croyance, dans la religion comme dans l'existence.  Extraordinaire site, qui me rassure sur l'avenir de l'Humanité en général, montre le rattachement de quelques virtuels urbains à la réalité matérielle qui les environne. Même s'il n'y en a qu'un, un seul Juste parmi tous les coupables de la grande cité, on pourra les sauver. Et il y en a bien un, unique celui-là, qui connait encore les "noisettes de terre", qui épluche les "pouces de ronces", sait faire la différence entre une mortelle "grande cigüe" et une succulente "carotte sauvage", un qui aime les "cèpes de Fontainebleau" sans négliger les "russules charbonnières". Parfois, j'avais peur d'être le dernier de ces hommes-sangliers qui bouffent des racines.

Bon, lui reste un médiateur, un sympathique personnage, trop sans doute, surtout si l'on regarde son public excessivement  "looké" bio-naturophile, des chaussures jusqu'au chapeau. Et lui n'hésite pas à leur prélever 1000 euros pour offrir sa formation... Mais c'est le juste prix. Bref, il vit dans Paris, rien n'est vraiment juste ici, la vie y coûte plus cher qu'ailleurs. Il y a aussi de l'argent partout dans la grande cité, surtout chez les branchés. L'argent est là où le monde s'effondre, au milieu de l'implosion. Mais je préfère que les parisiens soient là, à ses côtés, plutôt qu'à attendre dans un fauteuil face à un écran qu'un esclave deliveroo apporte une commande Sushi-Shop... 

Bref, quelle joie de voir M. & Mme Branché tenter de se déconnecter ! Déjà, il met fin à la rumeur du "pipi de renard" qui fait peur à tous nos amis urbains... Caca de chien, plutôt, y compris dans votre propre jardin, dans les rayons de votre supermarché, ayez peur tous d'être contaminés ! Amateurs d'animaux domestiques, soyez avertis : s'il faut avoir peur, ce n'est pas dans la nature sauvage, mais dans une sauvagerie que l'humain tente d'apprivoiser.

Ci-après la première vidéo évoquant l'échinococcose (env. 30 cas/an en France) et la leptospirose (500 cas/an) ... "très peu de cas. Ce n'est pas le pipi des renards...". Il y a aussi pollution du sol, de l'air, etc. Pas plus de danger dans le sauvage que dans le domestique.

dimanche 19 juillet 2020

SARS-COV-2 // Bilan et 2ème vague

source wikipedia


Heureusement qu'il y a wikipedia car les journalistes ne comprennent visiblement rien avec leur annonce de "2ème vague"...  Id° pour la propagande visant à présenter les Etats-Unis comme "catastrophiques", alors que les chiffres sont ceux de la France, en décalé. Juste les derniers bilans de l'OMS :

Bilan https://www.who.int/docs/default-source/coronaviruse/situation-reports/20200718-covid-19-sitrep-180.pdf?sfvrsn=39b31718_2

Country/Territory :
Area Total confirmed* cases ; Total confirmed* new cases ; Total deaths ; Total new deaths

USA : 3544143 71484 137674 921 / population 328 millions
10,8 °/oo détectés avec     217,9 °/M detectés / dernier jour
0,42 °/oo décès avec    2,8 °/M décès / dernier jour
2% décès / détecté => 0,7 % dernier jour

France : 164247 697 30046 14 / population 67 millions
2,5 °/oo détectés avec     10,4 °/M detectés / dernier jour
0,45 °/oo décès avec     0,2 °/M décès / dernier jour
0,4% décès / détecté => 0,05 % dernier jour

Italie : 243967 231 35028 11 / population 60 M
4,1°/oo détectés avec    3,8°/M detectés / dernier jour
0,58°/oo décès    0,2 °/M décès / dernier jour
0,09 % décès / détecté => 0,03 % dernier jour

Spain : 260255 1400 28420 4 / population 47 M
5,5 °/oo détectés avec    29,8 °/M detectés / dernier jour
0,60 °/oo décès avec    0,1 °/M décès / dernier jour
0,5% décès / détecté => 0,01 % dernier jour


mardi 7 juillet 2020

Voies romaines rémoises /8/ données SIG




Venant en conclusion de la rubrique "Reims antiquité", ce plan synthétique a été publié dans la Carte archéologique de la Gaule 51/2. Il offre l'état officiel des noms et données archéologiques disponibles sur les voies romaines. En suivant la numérotation "horaire" (n°01 à 1h, n°2 à 2h, etc.), ce plan permet de corriger quelques interprétations. La direction donnée(voie)  est le plus souvent celle de la ville la plus proche, et non celle des itinéraires (route, plus susceptible de varier).

N°01 - voie dir. Betheny-Mézières => route de Cologne (NNE)
N°02 - decumanus max. nord : voie dir. Witry => route de Trèves (NE)
N°03 - voie secondaire dir. Nogent-l'Abbesse et/ou Cernay (E)
N°04 - cardo max. sud : dir. Prunay => route de Verdun et Metz  relie la Via Agrippa Metz-Toul (SE)
↳ N°05 - dir. Chalons => route de Chalons-en-Ch. (SSE) 
↱ N°06 - dir. Champfleury - Chalon (bis)  /!\ =?> route de Sens via Bibe (S) 
↱ N°07 - dir. Troyes  /!\ =?> voies secondaires dir. Epernay  (SSO) 
N°08 - decumanus max. : dir. Tinqueux-Pargny => voie second. dir. Château-Thierry - Meaux (SO)
↕ N°08bis - voie secondaire = raccordement oblique entre les voies n°08 et n°09
N°09 - voie dir. St-Brice-Soissons-Paris => Via Agrippa route de Boulogne par Soissons (O) 
N°10 - cardo max. : dir. La Neuvillette-St-Quentin => route de Thérouanne par St-Quentin (NO)
↳ N°11 - voie secondaire  non confirmée dir. Courcy ? (NNO)
N°12 - voie dir. La Neuvillette - Bavay => route de Bavay (N)

On obtient ainsi une nomenclature rigoureuse, binominale, désignant la "voie" par les villages ou  villes proches vers lesquels elle se dirige, suivie par la "route" (au sens étymologique rupti/ruptures) indiquant les grandes villes-étapes (le plus souvent) citées dans les itinéraires.

Certaines voies en "pointillés" semblent plus secondaires que d'autres, mais l'on retrouve bien la ville de Reims au carrefour de sept grandes routes romaines (1,2,4,8,9,10,12). Seule la voie n°11 (Bayard & al., 2004) n’apparaît pas dans ce plan. Par contre, s'y ajoute un grand chemin indépendant qui longe la montagne de Reims en passant par Rilly-la-Montagne : le "chemin de la Grande-Barbarie", que les auteurs anciens attribuent à la période gauloise. Ceci expliquerait qu'elle ne suive pas une ligne droite et ne passe pas par la ville... Elle mérite une numérotation à part (N°00). La majorité des chemins en "pointillés" semblent également plus anciens : la plupart dirigés vers le SO (vers la Gaule). L'Empire romain semble plutôt se concentrer vers le NE, c'est à dire la direction du Limes.

jeudi 18 juin 2020

Reims zoom // 25,17 Wilson : station de relais PTT

7, boulevard Barthou, via Google Street View - modifié (https://www.google.com/maps)

Complément du circuit Wilson : point 25.17 - station de relais PTT, 1945, Charles Henri Royer, arch.
Un plan de Reims dressé le 2 août 1944 permet d'évaluer les destructions de la Seconde Guerre mondiale entre l'invasion en 1940 et les bombardements alliés de mai-juin 1944  (reims.fr). Il mentionne également, pour la première fois, un local PTT dans le quartier Wilson. Cette "station de relais" est certainement à l'origine du nom donné à cette section du boulevard : Louis Barthou, ancien ministre des Travaux publics, des Postes et Télécommunications (de 1906 à 1909) mort dramatiquement en 1934 lors d'un attentat visant le roi de Yougoslavie. La rue lui est dédiée en 1935, année qui suit sa disparition et précède l'installation de la première station. 

À peine construit, le bâtiment d'origine semble avoir été détruit au moment de la libération de la ville. Pourtant, comme le résume Henri Druard (cndp.fr/crdp-reims) , la libération en août 1944 s'est faite avec peu de combats sur Reims : "Le mercredi 30 vers 7 heures du matin, on entendit les premiers chars américains rouler Place du Parvis, Place du Théâtre, rue de Vesle, Cours Langlet ; la foule se répandit immédiatement dans les rues et, à partir de ce moment, les unités motorisées ne cessèrent d'affluer. Il n'y avait eu de résistance sérieuse qu'au Pont Huon, pont sur la canal vers Châlons, par lequel les chars américains arrivés la veille au soir durent passer, le pont de Vesle étant sauté, et au Pont de Laon. Quelques Américains ainsi que quelques FFI furent tués."  Le même témoin donne la liste des destructions qui marquèrent cet événement, : "Les dégâts se réduisent à la destruction du pont de Vesle, à celle du pont du chemin de fer de la ligne de Reims à Paris, au-dessus du canal ( Pont de Soissons ), à celle du Poste principal de signalisation de la gare de Reims. D'autres destructions partielles, la gare de voyageurs et quelques locaux grenadés par les Allemands avant leur départ se révèlent peu à peu."  

Parmi les "oubliés" de cette liste des ouvrages détruits ("grenadés") en août 1944 : la station PTT du boulevard Barthou. Toutefois, la présence de graffitis de soldats datés de 1945 sur les piliers de l'entrée, attesteraient d'une préservation du mur de clôture d'origine. On y trouve notamment "Caporal René - le Petit Poison - 19-02-1945" et "Roger Baynard - le chanteur - 1-3-45". Ces graffitis sont connus des habitants du quartier, comme l'un des rares éléments historiques relativement ancien dans ce quartier. Leur authenticité laisse peu de doutes, reste à trouver pourquoi des soldats viennent graver leurs noms ici six mois après la libération.de la ville, à proximité d'une ruine où les travaux de reconstruction sont annoncés. Ont-ils participé aux combats récents menés en Alsace ? Des soldats étaient-ils affecté sur ce point sensible ? Chose probable, car une salle forte semi-enterrée (de type "blockhaus") a été construite pour sécuriser une partie de la station, et les traces datant de la seconde guerre mondiale y sont encore nombreuses (vélo générateur d’électricité).

Vue sa fonction dans les communication, la reconstruction de cette station s'avère urgente, et l'on a donc ici l'un des rares exemples de bâtiment datant de 1945. Le dépôt de PC entre dans le cadre du rationnement avec le détail de tous les matériaux nécessaires à cette réalisation : l'essence et le charbon manquent, le béton et le métal sont encore réservés aux ouvrages d'art, même le verre, la terre cuite et le bois ne se trouvent pas sans difficulté...  Ce qui n'enlève rien à la qualité du bâtiment de Charles Henri Royer (fr.wikipedia.org), connu pour avoir réalisé le monument aux morts de Reims. Son style reflète ce "régionalisme moderne" qui marquait déjà la seconde moitié des années 1930, mêlant brique rouge ("louis XIII"), rythmes "classiques" et éléments modernistes (béton souligné en façade dans les travées et dans quelques puissantes horizontales). L'originalité pittoresque de certains détails comme les cheminées à redents, les pans coupés, les fenêtres non-superposées, évoquent encore le souvenir des Arts & Crafts qui ont tant marqué les cités-jardins de Reims. Vient ensuite une nette rupture de style lorsque sont ajoutés les bâtiments latéraux, d'un ordonnancement beaucoup plus strict.

Ci-après, dépôt de PC n°8625, juin-aôut 1945 et autres documents provenant des AMCR (archives-municipales-et-communautaires - Ville de Reims). 


vendredi 5 juin 2020

Focus Reims // 27,07 Centre : Cryptoportique

Patrimoine : Cryptoportiques, ph. Axel Coeuret, fonds O.T. Reims

Situé sous l'ancienne « place des Marchés », renommée place du Forum au XXe siècle, le cryptoportique intrigue par sa position en contrebas et son mur extérieur en petits moellons. Il aura fallu deux siècles pour redécouvrir l'étendue et l'importance de cette galerie semi-enterrée inscrite au pourtour du forum – centre de la cité durant l’Empire romain. Le cryptoportique du forum de Reims peut être comparé à celui d'Arles ou de Bavay, mais ce type de substruction existe aussi sous les palais et les somptueuses villas romaines : la catacombe de Priscille et le Palatin à Rome, la villa Hadriana, le castel Gandolfo…

Le cryptoportique de Reims est uniquement accessible sur une section d'environ 60 m. de longueur, 10 m. de largeur et 5 m. de hauteur, soutenue par une douzaine de piliers, mais il se raccorde à un forum beaucoup plus vaste, dont on peut estimer les dimensions à environ 240 m. sur 120 m ! Cette superficie témoigne de l'importance de la ville de Durocortorum, durant la Pax Romana : la cité atteignait alors 600 hectares, c'était l'une des grandes capitales des Provinces de l'Empire romain.


Recette dessert // Flan coco "indus"


Copié-collé de Marmitton - belle recette de nos années "indus" (à l'opposé du "bio") : : https://www.marmiton.org/recettes/recette_delice-des-iles-a-la-noix-de-coco_57929.aspx

  •  1 boîte de lait concentré sucré 
  •  1 boîte de lait 1/2 écrémé (utiliser la boîte de lait concentré sucré comme mesure) 
  •  3 oeufs 
  •  120 g de noix de coco rapée 
  •  Caramel 
  1. Dans un saladier, battre les 3 oeufs. 
  2. Verser sur les oeufs la boîte de lait concentré sucré et y ajouter 1 boîte 1/4 de lait demi écrémé. 
  3. Incorporer la noix de coco râpée. 
  4. Mettre un peu de caramel liquide dans le fond du moule à cake, puis verser la préparation. 
  5. Faire cuire 45 minutes à 180-200°C (thermostat 6-7) au bain marie dans un plat allant au four (remplir d'eau le plat à mi-hauteur du moule à cake). 
  6. Sortir du four et lorsqu'il est froid, mettre le délice des îles au réfrigérateur. Démouler et servir très frais.

mardi 2 juin 2020

Travaux // couleur d'une porte d'entrée

Ajout 2022 : une fois la peinture achevée... la couleur est proche des céramiques de l'étage.


Au "10 bis", choisir la couleur de la porte : le blanc écrase les volumes, ce qui est dommage sur un bâtiment de 1923... Un retour au bois aurait été idéal, mais un "artisan" des années 1980 a décapé maladroitement au chalumeau en brûlant 10% de la surface et la plupart des arêtes !

J'aurais aussi aimé une "peinture faux bois", selon l'usage de la reconstruction rémoise, mais visiblement les anciens élèves de l'école Blot ont mieux à faire (article de l'Union)... Ci-après, d'autres essais avec le gratuiciel Gimp... sur les classiques : bleu-vert, rouge vif, vert wagon, marron...

lundi 1 juin 2020

Travaux // restauration huisseries


Comment restaurer une vielle fenêtre ou une porte d'entrée ? Préférer revenir au bois, sauf s'il est en (très) mauvais état. Dans ce cas, mieux vaut rajouter de la peinture qu'en enlever, car c'est l'ancienne peinture qui tiendra le mieux ! Mettre à vif, garder le bois pourri pouvant être consolidé : il suffit d'utiliser un excellent durcisseur. Inutile de dépenser trop en achetant une bonne pâte à bois, c'est le durcisseur qui va relier les matériaux... C'est là qu'il faut mettre le budget, et dans la peinture.

L'astuce  selon la tradition, pour toutes les huisseries en bois : peindre le dessous pour ne pas que l'eau pénètre, sans peindre le dessus pour que l'humidité puisse ressortir ! Un petit plus : suivre le même raisonnement intérieur - extérieur. Il ne faut pas obéir au conseil "pro" contemporain des rénovateurs ; au contraire, et faire hyper-étanche à l'extérieur (vernis marin, laque brillante glycéro), mais perméable à l'intérieur (peinture micro-poreuse ou, mieux; peinture à la chaux) ; car la "façade qui respire", c'est bon pour les murs, pas pour le reste.

Ci-après, les ingrédients et la recette pour l'extérieur...


Texte politique // Complot et SARS-CoV-2



L'épidémie est sous contrôle, presque derrière nous, et la théorie du complot arrive droit devant, ultra-droit devant. Alors, le SARS-CoV-2, complot ? "Ils" le font exprès ? "Ils", ce sont "eux", "ceux" qui nous gouvernent, déguisés en Dr Knock., pour Alain Soral - "seul" face à "eux" -, crâne rasé, cuir brun, T-shirt bleu marine. Cet ancien spécialiste de la mode a - au moins - su faire un style vestimentaire : le "faf" assumé, car s'affirmer "facho", c'est aussi suivre une tendance, celle du quadra-quinqua-blanc-catho (QQBC) rongé par les idées d'extrême droite : le cucubze, compagnon idéal des nuits agitées du succube. J'ai, moi-même, cette tentation de révolte face à notre monde mou et plat à la fois, au ventre plat et aux fesses plates sans muscle. Il nous écrase et nous attendrit pour mieux nous faire entrer dans le petit écran et sa bien-pensance en deux dimensions. Tout ça est tellement éloigné des reliefs sensuels et savoureux du monde palpable ! Comme tous les néo-mâles, j'ai la tentation de manger un max de viande, de porter un gros cuir marron, d'envoyer balader le bobo et le métro', d'épouser une blonde décolorée habillée en tigresse, d'être pro-réel et anti-virtuel, pro-action anti-théorie, de faire du survivalisme dans le bois du coin, de pratiquer un sport de combat, d'abandonner l'élite, de plonger dans le peuple. Dans le monde idéal de Disney, on peut avoir légitimement envie d'aller tuer des biches, surtout le matin, pieds nus dans la rosée.

Mais non, c'est une affaire de glandes. Il faut se calmer. Pour assouvir d'éventuelles bouffées de testostérone, mieux vaut aller voir les vidéos de Vincent Lapierre, soralien défroqué, nationaliste affirmé, et diverses choses cryptées qui agacent beaucoup les anti-fa'... Je l'ai découvert suite à son implication dans le mouvement des Gilets jaunes auquel j'ai pleinement adhéré. Je n'en dirai pas plus. Et voici que ce "Jaune" s'attaque à un emblème du "Bloc", Alain Soral, lui-même, et à sa théorie du complot juif. Y'a du rififi chez les faf'... Alors : complot, pas complot, que disent les militants ultra-droitistes de "la covid" ? Soral n'y croit pas, Lapierre y croit. Et d'un complot ? Soral y croit, Lapierre n'y croit pas. Lapierre dénonce donc le paradoxe de son rival Soral en affirmant qu'il prône l'idée du complot tout en réfutant la maladie... Imparable. Lapierre inverse donc la lecture en réfutant le complot. Maintenant, regardons de biais. À la récurrente question que posent Soral et Lapierre sur le gouvernement face à la pandémie : ont-"ils"  subi ou ont-"ils" manipulé l'info(x) ? Autrement dit, "ils" sont cons ou "ils" le font exprès ? Toujours, toujours, toujours la même réponse : "ils" sont cons, inutile de chercher ailleurs. "Ils", c'est à dire "nous", car nous avons subi cette information, cette maladie, et même ce complot qui n'existe pas mais se forge dans nos propres attentes... Macron kui-même l'a subie lorsqu'il hurle, comme toujours, "Yes I can"...

Suite du texte... cliquer ICI


lundi 4 mai 2020

Famille // Petites histoires de migrants bretons

Phasage d'écriture : introduction - version brute                                                             04/05/20/09:00
Un portrait probable de Thimothée père, avec son fils aîné, vers 1890, à Audierne (Finistère)
fonds des éditions Palantines, La Bretagne des photographes, éd. PUR, p.205


La "généalogie" est un domaine qui ne m'a jamais passionné. Comme beaucoup de gens initiés à la "Grande Histoire", j'ai longtemps éprouvé de l'indifférence pour ce hobby. Orgueilleux autant qu'ignorant, comme beaucoup d'étudiants, je regardais l'avenir qui s'ouvrait devant moi en cultivant une forme de mépris pour les personnes âgées à la recherche d'un ancêtre plus glorieux qu'eux-mêmes. Je les croisais alors dans les bibliothèques et les salles d'archives. Leur quête auto-centrée n'était (à mes yeux alors excessivement rationalistes) qu'une affaire de yo-yo dans les probabilités, consistant à "remonter" puis "redescendre", jusqu'à ricocher sur un parent célèbre ou hors-norme...

Il me faut réviser ce point de vue, visiblement partagé par les historiens qui n'évoquent jamais les travaux menés les généalogistes amateurs. La plupart des sites de généalogistes montrent pourtant une réelle ouverture d'esprit. Personne ne semble oublier la cascade faisant de chacun d'entre-nous l'énième descendant d'un être humain. Certes, la quête des origines reste un atavisme, mais il conduit le plus souvent à découvrir un paysage social, avec hommes, femmes, enfants, et non pas seulement une célébrité, même s'il y a toujours un personnage plus séduisant que les autres : ici, Thimothée Ampart, père et fils. Souvent, celui-ci n'est ni noble, ni grand bourgeois, mais il se rattache à une "lignée". Là, un pêcheur, mais il aurait pu être sabotier, tonnelier, cultivateur, docker, navigateur, chemineau, négociant, mineur, vigneron, ouvrier dans telle usine ; dans certains cas, plus rares, sous d'autres conditions, il serait instituteur, pharmacien, ingénieur... Car Thimothée exerce l'un de ces innombrables métiers qui se transmettent en famille sur trois, quatre, parfois cinq générations, entre le milieu du XIXe. et le milieu du XXe siècles, durant cette large période de transition où la stabilité d'une culture du travail au sein de la famille, venue du temps de l'artisanat, survivait dans le mouvement perpétuel qu'impose la société industrielle.

Cette petite histoire se raconte généralement dans un cercle familial fermé, jusqu'à l'invention des "Arts et Traditions populaires", les ATP, que l'on peut interpréter comme l'ultime tentative menée pour figer les derniers instant de la société plus lente qui précédait la nôtre... Le regard s'est tout d'abord porté sur les paroles, les mémoires, les outils. Il se limitait pour l'historien de l'école des Annales et le muséologue des ATP à la transmission d'un savoir-être et d'un savoir-faire, jusqu'aux gestes des ouvriers au sein d'une grande industrie que les écomusées enregistrèrent avant leur disparition.

Quant aux "histoires de famille", elles restent par définition à l'intérieur du cercle familiale. Leur mise en récit est encore aux mains des touristes de l'histoire que sont les généalogistes et les "anciens", ceux qui se plaisent encore à raconter le passé de leurs proches (et qui n'intéresse que leurs proches). Toutefois, depuis l'apparition de "sites sociaux", chacun peut désormais investir beaucoup plus librement les espaces de parole et de mise en récit. Les démarches individuelles se multiplient, bien que les gens sérieux - chercheurs, archivistes, auteurs ou éditeurs - continuent de maintenir une distance prudente avec ces amateurs enthousiastes qui pénètrent dans "leurs" salles et publient à compte d'auteur.

Il ne faut pas voir autrement la numérisation particulièrement active des registres : il s'agit de soulager les espaces de recherche en éliminant ces "gêneurs". Mais il y a un effet de retour : Internet supprime cette barrière sociale que constituait la salle de consultation et le coin de table sous contrôle de personnels formés interdisant la présence de stylos, obligeant parfois le port de gants, vous restreignant à ne consulter que trois cartons. On peut désormais entrer anonymement sur les sites des archives, oublier le poids de préjugés réciproques, et farfouiller partout, sans retenue, en toute impunité. Quel bonheur d'être à l'abri du regard des autres.

Aujourd'hui entre deux âges, entre deux situations, je me mets à mieux comprendre ces porteurs de lunettes de dépannage et autres adeptes de larges loupes. Le "confinement" nous a peut-être tous vieilli prématurément, et j'entre aujourd'hui en intelligence avec les fanatiques des registres : la généalogie est pour eux, comme pour moi, une petite porte ouvrant sur une grande pièce, bien que je ne crois pas à la "Grande Histoire" ! Je suis, profondément, politiquement, intimement, structuraliste et, dans mon imaginaire, il n'y a peu de place pour la génétique, le déterminisme ou la hiérarchie. Il n'y a que l'ignorance qui mène à la simplification (ou cette ignorance volontaire nommée pédagogie, qui transforme pour rendre abordable). Mes "historiens" parlent plutôt de micro-histoire, d'histoire sociale, culturelle, ou de genres, certains franchissent les ponts reliant la mémoire à l'histoire. Finalement, cette histoire finit par toucher la généalogie, mais sans gène, et sans moi, car cette histoire n'est absolument pas celle de "ma famille" génétique.

Ampart // 1840-1850 - L'enfant trouvé, de Quimper à Ploaré

Phasage d'écriture : Brouillon                                                                                           04/05/20/08:00

Illustration en couverture de Pierrick Chuto, Les enfants trouvés de l'hospice de Quimper, éd. 2019 ;
extrait de Charles Marchal (1825-1877) Le dernier baiser d'une mère, 1858 - Pêcheries, musée de Fécamp


En tant que nom commun, "ampart" signifie adroit en breton. Il n'est par ailleurs jamais utilisé comme nom propre durant les deux derniers siècles, à l'exception d'une seule famille originaire du Finistère... C'est pourquoi la découverte d'un article sur le site de la BNF Retronews faisant état d'un "sieur Ampart" à Audierne répond précisément à la mémoire de cette famille, à laquelle se rattache la connaissance orale de lointains cousins résidant dans ce village... Aucun doute n'est permis quant à une filiation entre le "sieur Ampart" figurant dans la presse au XIXe siècle et l'homme ayant son portrait sur le mur d'une petite villa à la Baule.

Cette rareté du nom est l'un des éléments qui va permettre d'écrire cette histoire de migrants breton, car il n'aurait pas été aisé autrement de retracer la vie d'une personne qui se déplace, ni de suivre ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants. La méthodologie est exactement à l'inverse de la généalogie et il s'avère beaucoup plus difficile de "descendre" un arbre généalogique que de le "remonter". L'administration a favorisé cette direction dans une époque obsédée par les orgines : il faut connaître les parents, mais peu importe l'avenir des enfants. Pour retrouver les "ancêtres", il suffit simplement de partir des "actes de naissance" qui précisent l'origine des deux parents, donnant ainsi la possibilité de retrouver les registres où seront inscrits les grands-parents, puis retrouver les arrières-grands-parents, et ainsi de suite. Pour retrouver un enfant, surtout s'il s'agit d'une fille dont le nom va changer, il n'y a que le hasard et les progrès des sites de généalogistes qui peuvent le permettre.

Mais une première question se pose quant aux dates des articles : les années 1880-1890... Trop loin dans le passé... Pourtant, les textes les plus complets mentionnent le bon prénom, Timothée, précisément celui de l'arrière-grand-père. Cependant, son année et son lieu de naissance ne correspondent pas : Quimper, 1843... Il ne peut s'agir d'un hasard, celui qu'une rumeur disait orphelin aurait-il un père connu ? Pourrait-il avoir vécu aussi longtemps ? Ou alors, est-ce un homonyme ?  Les question s’enchaînent. La première réponse tombe rapidement en regardant plus préciséement les articles de presse sur Retronews, dans une période plus récente : il y existe bien deux Thimothée Ampart. Le premier meurt dans la région de Douarnenez, le second apparaît une génération plus tard en Algérie. La mémoire des anciens de la famille voyait dans l'arrière-grand-père un orphelin, mais il s'agissait plus probablement d'un arrière-arrière-grand-père... Un léger glissement. Les mémoires s’effacent après trois générations.


Ampart // 1851-1866 - une jeunesse à Ploaré

Phasage d'écriture : Brouillon                                                                                           04/05/20/07:00

Ploaré 1865 par Félix Benoist dans La Bretagne contemporaine (via ebay)

Le portrait qu'offre Alain Corbin et les nombreux historiens ayant travaillé sur le littoral avant 1840, est plus poétique que toutes les descriptions qui pourront surgir en décrivant des périodes plus tardives. La décennie 1850 ouvre pleinement l'ère industrielle et amorce une époque d'objectivité et de progrès, de rationalité et de normes, voire de normalité. Les monuments qui attiraient les premiers voyageurs sont désormais des objets d'études surveillés par l'administration, captés par la Mission héliographique. Des photographies, que l'on pourrait voir comme tristement réalistes, surgissent à la place d'improbables gravures "pittoresques". Thimothée est né un peu trop tard pour que son portrait ait comme socle un discours merveilleux où se mêleraient culture antique et croyance médiévale, fusionnant dans un même tout. La rationalité qui submerge la seconde moitié de ce siècle commet un double meurtre, brûlant à petit feu la culture et la croyance. Il serait donc trop tard pour qu'un coin de ciel se mette à flamboyer à la manière d'un Turner ? Trop tard pour que la mer s'étende à l'infini, comme dans un tableau de Friedrich ? Trop tard, vraiment ?

Pas exactement, Thimothée est peut-être né exactement au bon moment. Certes, les premiers romantiques, les plus célèbres novateurs se placent une ou deux générations derrière lui, mais les esprits refusent encore d'emprunter une autre direction. Les artistes de 1850 ne sont pas post-romantique. Bien au contraire, et même s'ils apparaissent "secondaires", la plupart des créateurs entrent à leur tour dans cet élan et deviennent des "néo-romantiques". Si les photographes sont encore très rares et pour la plupart parisiens, des foules de petits Provinciaux succèdent aux célébrités et viennent dépeindre les monuments oubliés de leur région. L'époque n'est plus à l'inventivité, mais à la diffusion, à la propagation, à la contamination, autant qu'à la provincialisation. Elle est, en ce sens, déjà pleinement industrielle dans sa capacité à normaliser. On peut donc, dans chaque ville et village, trouver un "portrait romantique" de tout et de n'importe quoi. La mode est au pittoresque... Peu importe le lieu où naquit Thimothée, il en surgira toujours une gravure touchante. L'émotion n'est plus l'apanage d'une élite venue de la capitale.

Les années d'enfance et de jeunesse à Ploaré sont bien celles où la région rencontre le dessin et la peinture. Jean-Marie Villard (1828-1899), fils du menuisier de Ploaré, est lui-même saisi par cette vocation qu'il transmet à ses enfants et petits-enfants, tous peintres et photographes. La Bretagne attire alors des artistes venu du monde entier pour y saisir une forme d'authenticité. Le peintre inspiré du mouvement romantique interprète alors de trois manières différentes la dimension pittoresque d'un lieu : la lumière intérieure d'un Rembrandt (ou pénétrante d'un Vermeer) pour des intérieurs rustiques et mystérieux, la précision floue d'un Réalisme déjà proche de l’Impressionnisme pour des extérieurs sauvages et lumineux, et le retour aux perspectives classiques et hollandaises pour des scènes folkloriques prises sous une lumière douce et égale... Dix ou vingt ans avant l'école de Pont-Aven, ces trois approches ne sont pas sans évoquer les trois courants littéraires d'une typologie qui resiste au temps : le Réalisme, le Naturalisme, et l'aboutissement du Romantisme dans une ligne régionaliste...

Si ces trois courants se croisent en effet au milieu du XIXe siècle, créant un arrière plan tragique, que peut-on dire du bonheur de vivre qui pourrait animer cet enfant trouvé de Quimper ? Répond-il aux stéréotypes de son temps ? Probablement pas, car il reste volontairement aux côtés de sa famille nourricière plusieurs années après sa majorité, jusqu'à son mariage. Croise-t-il l'un de ces peintres ? Certainement, au moins le fils du menuisier... Sait-t-il lire, écrire ? Nous apprendrons plus tard que non. Sont-ils des gens croyants dans ce village ? Et Le jeune couple s'est-il mariés dans l'église de Ploaré ? C'est a espérer tant l'endroit semble encore séduisant, avec ses boiseries repeintes approximativement au moment de l'événement.

Ampart // 1870-1880 L'installation rue de Pouldavid

Phasage d'écriture :  ébauche pour plan                                                                            04/05/20/05:00
Douarnenez, 1857, par Charles Furne et Henri Tournier, fonds BNF, La Bretagne des photographes, p. 43

L'épisode de la vie de Thimothée à Douarnenez, rue de Pouldavid, attise les questions plus que les réponses, favorise la digression plus que la progression. C'est ici qu'il s'installe avec Catherine. Les deux vingtenaires interrogent ainsi l'accomplissement et la représentation d'un amour de jeunesse, ayant pour nouveau point de départ cette impulsion qu'offre la promesse d'une vie nouvelle. Lorsqu'un couple se forme, le choix du lieu où il va emménager réitère une question primordiale, pour ne pas dire animale. Dans le monde ouvert et connecté actuel, les obstacles sont rares, du moins étaient-ils rares avant que l'OMS n'invente le principe préventif de "confinement". En dehors de cette parenthèse sanitaire, et de quelques pays isolés où les libertés sont restreintes, tout "citoyen du monde" peut désormais décider d'aller loin, en fonction d'un travail, d'une rencontre, d'un langage, voire d'une préférence pour telle ville bien "réputée" ou tel pays plus "attractif"... La rupture des liens affectifs, familiaux ou amicaux, peut être amoindrie grâce aux technologies et aux facilités de déplacement. Cela reste toutefois une question de coût : tout migrant ne peut pas, ou ne veut pas, rester proche de son pays, de sa famille, de ses amis.

La question est évidement bien différente en Bretagne, au milieu du XIXe siècle, lorsque l'on est "programmé" pour devenir agriculteur ou pêcheur, que l'on a des moyens excessivement réduits, que le train ne passe pas dans le secteur, que l'on ne sait pas vraiment lire et écrire, que l'on parle breton et que l'on bredouille le français avec un fort accent... Quels choix s'offrent réellement à Thimothée et à sa compagne ? Peuvent-ils concrètement partir ? Quelles attaches peuvent se rompre ? 

On attendrait d'une région qui a produit tant de migrants une analyse exhaustive et synthétique : mais une fois de plus la littérature est aussi abondante qu'elle est excessivement ciblée. La question se concentre vite sur le départ vers Paris à l'extrême fin du XIXe siècle ou au début du XXe siècle : c'est la mémoire des "Bretons de Paris" appartenant aux générations couvrant les trois premiers quarts du siècle dernier qui domine, pour s'achever sur la publication du Cheval d'orgueil et la mise en image du roman par Claude Chabrol en 1980. Finalement, l'approche scientifique va glisser de la recherche historique au roman, puis à l'analyse ethnique autour d'une catégorie social qui se réinvente une identité (Annick Madec). Si le "roman régional" breton met en avant la "pauvreté" du pays d'origine, l'explication de ce pôle de migration réside aussi surement dans son extraordinaire taux de natalité. Il faudrait faire des calculs précis pour évaluer le poids de ces différents facteurs. Cela importe peu. Dans les faits, beaucoup de parents en Bretagne voient partir leurs enfants plus ou moins loin. 

Mais il faut bien le constater : Thimothée et Catherine s'éloignent très progressivement... Pour leur premier départ, ils parcourent quelques centaines de mètres ! Au second degré de l'analyse, il faut bien constater que les individus restés sur place intéressent moins, alors que la légende de la "diaspora bretonne" ne va cesser de s'étoffer par la suite... La réduction du "roman régional" à une réalité locale se situe ainsi dans un rapport de 1/1000, évaluation quantitative résultant d'une division entre la migration visible de 500 kilomètres et cette migration invisible mais concrète de 500 mètres. La part de vérité est-elle identique entre le fantasme et le factuel dans l'identité bretonne ? 

Si l'errance, pour ne pas dire la divagation d'une "romance" conduit tout simplement à repousser les limites temporelles du mouvement Romantique jusqu'aux années 1980, la réalité et la précision des faits concernant des données locales s'accroissement pourtant lorsque l'événement se rapproche de notre présent. Les tableaux figurant la prime enfance de Thimothée, plus favorables à une mise en scène éloignant la réalité, laissent alors place à un autre mode de représentation : c'est un moment où balbutie la photographie qui, petit à petit, va re-matérialiser le monde.

Famille // La pèche à la sardine à Douarnenez...

Phasage d'écriture : ébauche pour plan                                                                            04/05/20/04:00
CPA Neurdein (n°206), via le blog : https://kbcpenmarch.franceserv.com/une-journee-en-peche.html

Difficile d'explorer la vie de la famille Ampart, sans évoquer une seule fois l'activité qui marque la vie de tous ses "ancêtres":  la pêche à la sardine. Elle est dans le quotidien de Thimothée père. Elle lui a été imposée, au ses strict, par une décision stratégique visant à répondre à un besoin en main d'oeuvre dans ce domaine. Sa vie est déterminée "administrativement" : l'enfant qui est placé à Douarnenez, doit devenir pêcheur de sardines. Il obéira à ce destin...

Comme d''innombrables ouvrages ont été consacré à cette pêche, se placer sous la contrainte des documents disponibles en "confinement" s'avère salvateur. Si l'on réduit encore la recherche à des textes contemporains de Timothée, le domaine peut être exploré dans des délais raisonnables.

Le plus beau livre "couronné deux fois par l'Académie" est une somme publiée à la manière d'une encyclopédie, en 1885 : le Littoral de la France par "Ch.-F. Aubert". Le ton se devine grâce au titre de la collection : la "Bibliothèque patriotique de la France". On y refait Le tour de France par deux enfants, en suivant uniquement le rivage, en le scrutant dans les moindres détails. L'école de la Troisième République cultive ici, à la perfection, l'art pédagogique de la phrase courte, de la répétition discrète, de la formule qui frappe... Thimothée savait lire et écrire depuis peu, a-t-il eu la curiosité de savoir ce que l'on enseignait sur son village et son métier dans la langue française ? Car on parlait breton à cette époque.

Dans cet ouvrage, richement illustré, la vie à Douarnenez se résume entièrement à la sardine, à son importance historique, à la manière de la pêcher, à celle de la préparer. Douarnenez fait l'objet d'une amusante comparaison : "Un adage hollandais bien connu affirme que : la ville d'Amsterdam est bâtie sur des têtes de harengs. Appliquant à la ville de Douarnenez cette parole humoristique et vraie, on peut dire qu'elle est bâtie sur des têtes de sardines. Tout s'y rapporte: passé, présent, avenir. Tout a grandi par elle, et peu d'événements auraient le pouvoir de contrebalancer les mots suivants : "Quelle sera l'issue de la campagne, cette année ?" Préoccupation bien naturelle : Douarnenez devant sa fortune à la pêche et aux industries qui en ont été la conséquence immédiate. Située, dans une position extrêmement commode, sur la baie qui a pris son nom et à l'embouchure du petit cours d'eau appelé Pouldavy, elle ne tarde guère à devenir le grand centre de trafic des nombreux  villages et communes disséminés sur les côtes voisines." (Aubert, p556)

Les mots de conclusions introduisent un tout autre chapitre : "Ce dont il est impossible de se fatiguer, à Douarnenez, c'est la beauté du paysage. L'anse formée par la petite rivière de Pouldavy est ravissante de fraîcheur et d'ombrage. Le petit port de Tréboul, distant d'environ quinze cents mètres, reçoit, à l'aide des marées, les bateaux qui viennent y chercher le bois de chauffage et de construction.
Ploaré semble couronner, de son clocher, un immense amphithéâtre de montagnes couvertes par la ville et les villages dont elle est entourée. La baie ferme l'horizon..." (Aubert, VI, p.569)

Tous les paysages de l'enfance et de la jeunesse de Thimothée y figurent : l'anse de Douarnenez, l'aber de la rivière de Pouldavid, le clocher de Ploaré. Le chapitre suivant de l'ouvrage est consacré à la Pointe du Raz, à la rudesse de cet autre paysage, aux tempêtes et aux naufrages, puis à Audierne... Après avoir résumé sa vie, ce livre annonce déjà sa mort.

Ci-après, les détails de la pèche dans un récit de 1903 illustré de cartes postales des années 1910.

Ampart // 1881 - Le déménagement à Audierne

Phasage d'écriture :  ébauche pour plan                                                                            04/05/20/03:00

Déménagement à l'aide d'une charrette à bras au XIXème siècle, France, illustration du magazine 'Le Magasin pittoresque' d'Edouard Charton, publiée en 1853, p.108. (Photo by API/Gamma-Rapho via Getty Images) - fonds BNF https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32810629m/date.item


Les articles de presse relatant le naufrage de Timothée Ampart à Audierne ont permis de trouver son lieu de naissance - Quimper - et celui de son fils aîné, Douarnenez ; mais la famille n'y habite plus, peu après la naissance d'un second garçon, Thimothée fils, le 2 février 1880. Thimothée, sa femme et ses enfants réapparaissent par la suite dans le recensement d'Audierne, effectué à la fin de l'année 1881.
Citation Le Littoral de la France

Le couple laisse Douarnenez au début de la première "crise sardinière" (1880-1886) et s'installe à Audierne en 1881 avec leurs cinq enfants (Marie-Josée). . Ce proche village peut apparaître plus accueillant, avec beaucoup moins de concurrence : Thimothée devient alors patron de son propre bateau. On trouve à Audierne de vielles maisons bretonnes, robustes, construites au XVIe siècle (Itinéraire général de la France, Joanne, 1867).


 Deux mauvaises saisons de pêche les ont convaincu de partir à La Montagne, ancien site du moulin d'Audierne... Toutes les questions s'enchaînent une nouvelle fois : si l'on peut aisément comprendre sa motivation, pourquoi précisément ce lieu ? Que représente une migration vers ce village voisin ? Comment déménager à cette époque ? Quelle préparations en amont, quelle maison occuper ? 

Si l'expression "déménager au XIXe siècle" fait immédiatement apparaître le métier de tapissier-décorateur, l'appel à cet ancêtre du déménageur semble ridicule : le tapissier a pour seul type de client le bourgeois d'une grande ville... Dans le cas d'un simple marin, même si celui-ci dispose de finances suffisantes pour être propriétaire de son bateau, il faut se débrouiller. N'imaginons pas, non plus, qu'il va embarquer sa famille et ses biens à bord de la sardinière, pour partir au gré du vent... L'image est certes poétique, mais la réalité l'est beaucoup moins : le bateau n'est pas du tout adapté, et la situation de cette famille de marin évoque plutôt un départ rapide, un exode comme il y en a eu en France en 1870, au moment de l'arrivée des troupes prussiennes... Les illustrations représentant ce genre d'événement sont finalement assez peu différentes de celles de 1914 où figure encore la charrette à bras, devenue le symbole d'un départ précipité effectué dans une grande précarité (que l'on retrouvera, plus rarement encore, en 1939).

Difficile d'entrer dans les détails : avait-ils de nombreux biens ? Meubles, linge, ustensiles de cuisine, outils... Possédaient-ils des animaux, voir une bête de somme capable de les aider... Avaient-ils des amis, des voisins, des gens dans la même situation pour les aider ? Audierne est à une journée de marche - journée mémorable pour les parents et leurs quatre enfants. Seules les questions restent, il faut cependant voir ce déménagement comme un moment déterminant, mûrement réfléchi avant de se mettre en route. 


Histoire de famille // 1885-1894 Jours de tempête

Phasage d'écriture : ébauche pour plan                                                                            04/05/20/02:30
1881-fév-12, L'illustration, n°1981, bateau de pêcheurs breton coulant à pic, via ebay

Comme le précise l'ouvrage Le Littoral de la France, publié en 1888, le port d'Audierne n'est pas encore aménagé de manière moderne. Il se situe dans les contreforts du pays Bigoudin, où la côte est rocheuse, élevée, dangereuse : la pointe du Raz reste célèbre, mais la "barre" de la baie d'Audierne  n'est pas moins redoutée à cette époque. Il y a de nombreux naufrages  au XVIIIe et au début du XIXe siècle, d'inévitables rumeurs de "naufrageurs" circulent... La réalité est plus simple et plus tragique : la mer est terriblement dangereuse, et les drames se multiplient. Les titres de presse ouvrent d'autres interrogations. Ce Timothée Ampart meurt lors d'un naufrage, mais pourquoi ce naufrage fait-il actualité et laisse apparaître son nom ? Quel contexte socio-culturel entourait le drame ? Quelle est la fréquence des naufrages dans ce métier ? Si l'on connait l'histoire de ce "territoire du vide" entre 1750 et 1840 grâce à Alain Corbin, celui-ci s'est visiblement rempli après la naissance de Thimothée en 1843...

Les naufrages touchent la famille Ampart. C'est par le biais de ces tragiques événements que se dévoile la suite de cette histoire familiale, car ces tragédie sont alors activement relayées par la presse. La première mention de Timothée Ampart est d'ailleurs une condamnation du Tribunal de Quimper, dans l'Audience correctionnelle du 30 avril 1885. Il doit verser 15 francs "par corps" : ce qui confirme son statut de patron de pêche, a priori juridiquement responsable. Que désignent ces corps ? Existe-t-il une rlation avec l'épidémie de choléra ? S'agit--t-il d'un accident en mer ? Un nouveau naufrage à lieu en 1889, il est alors bien identifié comme "patron du bateau de pêche L'Ange gardien". Trois marins meurent et le bateau est perdu, mais le responsable est un steamer dont l'armateur accepte de verser 1600 francs, à l'amiable, pour les dommages. Un homme vaut donc cent fois moins qu'un navire, ou la peine est-elle pondérée en fonction des moyens du payeur ? AU bénéfice du doute, on retient la seconde hypothèse.

Le troisième accident en mer est le naufrage de la chaloupe sardinière Sainte-Anne à Audierne le 14 avril 1894. Il emporte tous les marins à bord, dont le patron lui-même, Thimothée Ampart, et le fils du patron, Emile-Marie Ampart (1877-1894), alors simple mousse, et probablement l’aîné de la famille (Famille C // (2) Les enfants d'Audierne). Entre 1894 (date du naufrage) et 1895 (date du procès) de très nombreux articles de presse relatent ce drame.

En 1894, un "télégramme" annonce le drame d'Audierne. Experts dans l'art de la paraphrase, les journalistes locaux vont relayer l'information officielle... Le désir de rivage se heurte encore à cette violence qui transparaît dans les journaux. Cependant, à l'exception de La Croix (le navire se nomme Sainte-Anne), les nationaux n'en parlent pas, ou plutôt n'en parlent plus. De quand date la "mode" des naufrages de pêcheurs et du sauvetage des pêcheurs ? Peu importe, on regarde ce que l'on ne regardait pas, et cette dépêche est justement celle qui annonce la "disparition en mer" de Thimothée Ampart.

La question : Où il est question de grande et de petite navigation, de grands et de petits naufrages, du réel et de l'imaginaire..


  • Source principale - média du moment : la presse populaire et la presse illustrée


Oeuvre servant d'illustration :
1881, "Naufrage et tempête en Vendée", Journal du peintre naïf Paul-Emile Pajot
vers 1900, "Ne pars pas", Delandre, terre cuite - souvenir de bains de mer


Ampart // 1895-1905 - Les enfants du naufragé

Phasage d'écriture : ébauche pour plan                                                                            04/05/20/02:00
vers 1905, Portrait probable de Thimothée fils, soudeur pour la Maison Chancerelle à Douarnenez
carte postale 

Aux historiens, l'histoire des "marins pêcheurs", aux ethno-historiens, la mémoire des "veuves de marins", mais qui s'approprie le récit des "enfants de naufragés" ? Pour l'instant, un vide. Rares sont les chercheurs qui fouillent la zone devenue aveugle des "enfants", invisibles depuis les années 1980 et désormais cachés sous le dualisme de l'histoire des genres. Le regard administratif fait d'eux une "charge" pour les ménages plus qu'un "avenir" pour les parents... Ce sont donc les descendants, les généalogistes, les érudits locaux, les amateurs et blogueurs qui fouillent désormais dans cette direction - souvent pour y rechercher un descendant glorieux. Mais est-il vraiment glorieux d'être un "enfant de naufragé" ? Possiblement, c'est en tous les cas le statut des jeunes Ampart à Audierne, suite à la disparition en mer de la chaloupe Sainte Anne en 1894, qui provoque la mort de Thimothée et de son fils aîné, Emile. Ils "laissent" une mère et ses cinq enfants, quatre "jeunes adultes" nés à Douarnenez et le petit dernier, Jean-Guillaume, dix ans, apparu un an après leur emménagement à Audierne...

Il s'agit donc d'inverser la logique première qui consiste à rechercher l'origine, le passé, l'antériorité, voire l'ancêtre, pour - au contraire - "redescendre" vers le présent, découvrir ceux qui vont suivre la première génération (celle de l'enfant trouvé), observer l'avenir de ses filles et fils, puis tenter de comprendre comment se structurent les générations qui vont se succéder par la suite. Qu'en est-il de la deuxième génération, des "enfants du naufragé" ? Il faut imaginer la situation, leur réputation dans le village, dix ans après leur arrivée sur la colline de La Montagne. Le lieu était alors presque désert, une lande entre le village et la mer. Un lieu-dit d'aventurier, l'échos lointain et minuscule de la Conquête de l'Ouest ; puis survient le drame, et la famille endeuillée

Le dicton breton : "femme de marin, femme de chagrin" apparaît en 1860, puis le dictionnaire Littré commence à l'essaime peu avant que la tragédie ne touche la famille Ampart. Récemment, Emmanuelle Charpentier et d'autres historiens se sont attachés à détricoter les images et les préjugés du peuple littoral breton, dans le prolongement du texte fondateur d'Alain Corbin sur le "Territoire du vide". Mais la lecture de ces dernières publications sont presque toutes inatteignables en confinement (sans participation financière)... Par un jeu de rhétorique, il est toujours possible de montrer que l'angoisse et le chagrin ne sont que des émotions, rien par conséquent ne peut prouver leur existence. Le roman, pour toucher ses lecteurs, amplifie l'émotion. Par contre, les archives, et autres paperasses administratives, viennent appuyer l'hypothèse de femmes pragmatiques et indépendantes : inutile de lire ces livres ou de chercher ces écrits officiels, ils se présentent comme les preuves d'un comportement prédictible... L'historien proche des archives tend par conséquent à rejeter les émotions. D'où la question : la "femme de marin" serait-elle plus pragmatique, plus indépendantes, car elles prennent en charge les affaires ? Peut-être, mais la femme du cultivateur était-elle différente ? Et celle de l'ouvrier, de l'employé ? du négociant ? Ou, tout simplement, la "vieille fille", la "rentière" ? Sans parler de la "fille-mère"... Et sans aborder - évidemment - la question des hommes !

Ampart // 1905-1922 - La migration vers Bou-Haroun

Phasage d'écriture :  ébauche pour plan                                                                            04/05/20/01:00
Carte postale vers 1925 site Delcampe - touristes devant les maisons des pêcheurs à Bou Haroun

chap. préc.  : Ampart // 1895-1905 Les enfants du naufragé
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chap. suiv.  : Ampart // 1923-1939 Le triomphe de Thimothée fils

Après les marins, les naufrages, un troisième sujet affecte particulièrement la représentation des Bretons dans nos imaginaires : l'émigration au début du XXe siècle. L'interprétation de l'événement n'échappe pas aux clichés depuis la parution de Bécassine... À l'arrivée des familles de la grande bourgeoisie protestante venant de l'est en 1870 (comme destinées à enrichir le pays), répondrait celle des familles catholiques pauvres de l'ouest (condamnées à les servir). Le témoignage concret du départ des membres de la famille Ampart vers l'Algérie donne un autre portrait de Breton durant cette période : celui d'un pionniers dans l'industrie, ici illustrés par le "transclasse" Timothée Ampart, fils d'un orphelin et simple ouvrier, devenu un industriel fortuné après son exil en Algérie.

Son débarquement sur les rives de la Méditerranée s'associe à la nouvelle grande "crise sardinière" (1902, qui va se prolonger jusqu'en 1913) : les enfants Ampart semblent désormais bien installés à Audierne, disposant d'un petit commerce en bord de route (vendu en 1928), fabriquant probablement leurs propres boîtes de sardines grâce à la formation de soudeur du grand frère, Timothée; il est certainement assisté par la main d'oeuvre fournie par son frère et ses sœurs. Une réussite remarquable en moins de dix ans, entre le drame du naufrage de 1894 et le premier repérage en Algérie vers 1903. Ont-ils bénéficié d'une aide financière, à une époque où le bateau était la principale richesse des familles de marins, assurance ou économies ?

La suite de l'histoire se lit dans la presse algérienne : articles lorsqu'il monte son entreprise à Bou Haroun (près de Castiglione, actuellement Bou Ismaïl). L'usine de conserverie (sardines et anchois) est officiellement fondée en 1909. Seul Timothée est parti, le reste de la famille Ampart s'installe plus tardivement, en 1913 (L'Echo d'Alger, 14 mai 1913) : arrivent Marie Guédès, femme de Timothée, et Louise-Augustine Marie Le Plomb, femme de Jean-Guillaume, devenue Mme Veuve Ampart suite au décès de son mari sur le front belge en novembre 1914.

Le succès de  "l'industriel T. Ampart" est incontestable. Dans la mémoire familiale, il est dit qu'il importe en Algérie la première voiture automobile. Mais il faut tout d'abord comprendre cette instalation, poser une chronologie entre les premiers voyages en "éclaireur", probablement dès 1905, et l'obtention d'une médaille d'or pour son produit, en 1922.

Ce dont témoignent les archives, rattachées désormais à des chroniques mondaines. La famille Ampart, en important la technique de la mise en boîte des sardines, fera de quelques petites cabanes installées en bas de falaise au milieu du XIXe siècle sur la côte algérienne, alors occupées par des pêcheurs venus d'Espagne et d'Italie, un important centre de pêche aux origine d'un véritable village, construit en dur, doté d'une mairie, d'une poste, etc.

Source - média principal : les cartes postales de Bou Hharoun. Age d'or de la carte postale...


Ampart // 1923-1939 - Le triomphe de Thimothée fils

Phasage d'écriture : ébauche pour plan                                                                           04/05/20/00:45
1923, L’Écho d’Alger, 11 septembre 1923, p5 - publicité pour l'Anchois de maille "La Triomphatrice" de T.Ampart


L'adjectif breton "ampart" se traduit de différente manières : adroit, capable, expert, habile, robuste... Ce nom est une chance. Il produit certainement une croyance en soi, et rassure quant à l'existence d'un dieu qui vous ferait ainsi une sorte de promesse quant à vos capacité. Ce nom breton convenait parfaitement au parcours de Thimothée père. 

Quant à Thimothée fils, il s'est apparemment imaginé que son nom avait plutôt pour racine le latin im-perare, l'Empire, la prise de possession, le triomphe... Est-ce pour cette raison qu'il va créer la marque "la Triomphatrice" ? Il ne faut pas en douter, tant ce nom convient à l'époque et à la situation, celle d'une colonisation "triomphante" qui avance sans se poser de question.


  • Le support-média choisi : les chroniques mondaines de l'Echos d'Alger

Dans la suite du texte, il est question des années de "promotion" et de "réussite", d'une "société régionale", des œuvres de bienfaisance, des élections locales, des amis de la famille, et des "accidents" de M. Ampart.


Ampart // 1940-1962 - Une famille dans la décolonisation

Phasage d'écriture :  ébauche pour plan                                                                            04/05/20/00:30

sardinerie Ampart à Bou Haroun - via http://hubertzakine.blogspot.com
 (écriture en cours)

Thimothée fils arrive en Afrique du nord sur une terre chaude, conquise depuis longtemps, où les enfants des colons français, des travailleurs issus d'autres pays européens et des "indigènes"  se rencontrent, se comprennent, et commencent à s'hybrider, bien qu'ils se rattachent à différentes traditions et religions. Mais le décès de Thimothée fils, en 1939, marque la fin de cette situation provisoirement stable, et le début de relations plus difficiles inscrites dans la Grande Histoire autour des deux "événements" qui touchent indirectement puis de plein fouet les "départements français d'Algérie" : l'Occupation de la métropole (1940-1945) puis la décolonisation (1955-1962).

Les supports-médias qui auraient le mieux permis de se figurer le quotidien de ces jeunes aurait dû être la radio puis la télévision qui couvrent les vingts dernières années de l'occupation de l'Algérie par la France. Mais, contrairement à la peinture, aux débuts de la photographie, aux cartes postales ou aux articles de la presse locale, qui pénètrent dans les moindres détails le XIXe siècle et le début du XXe siècle, les contenus diffusés par les ondes s'avèrent limités. L'iconologie peut y percevoir une révolution, mais ces nouveaux médias peinent à compenser la raréfaction de leurs prédécesseurs. L'échelle des représentations n'est plus la même. Ce sont des médias flous. D'autre part, bien que la photographie soit devenue pleinement démocratique, elle se pratique en famille et les "albums" restent encore prisonniers d'archives privées : il ne s'agit plus d'une médiation ouverte.

Par chance, la génération nommée "silencieuse" aux Etats-Unis et leurs enfants baby-boomers ont été les premiers a utiliser les réseaux numériques, offrant de nombreux souvenirs déposés dans différents sites mémoriels : quelques individus décrivent l'histoire des villages de colons en Algérie... D'autre part, quelques cartes postales tardives (dites "semi-modernes") ont été éditées. Trop rares pour se trouver en permanence sur des sites de vente en ligne, un certain nombre ont été numérisées, puis publiées en ligne, et permettent de découvrir les sites où ces gens ont vécu, même si ces images sont légendées sans autre certitude par des historiens amateurs. Il semble que cette petite histoire appartienne aux "vaincus" et qu'il manque un méta-récit, longtemps aux mains "vainqueurs" algériens, plus soucieux de leur histoire propre que de la vie des colons - suivant une attitude compréhensible.

La sardinerie de Bou-Haroun est alors une entreprise familiale, discrètement dirigée par Yves et Emile Ampart ; "discrètement", car le nom d'Ampart apparaît plus rarement dans la presse algéroise, occupée par des faits d'actualité plus dramatiques. Les naissances n'y sont plus annoncées, seuls les décès figurent encore dans la rubrique nécrologique. Deux nouvelles générations surgissent pourtant durant cette longue période et représentent les "arrières-grands-parents" (nés avant-guerre) des enfants d'aujourd'hui. Ces nouvelles générations vivent leur années de jeunesse dans cette "ancienne colonie", de jeunes chanceux qui évitent les guerres mondiales, la crise de 1929, et profiteront à l'âge adulte d'une période d'expansion économique sans équivalent, mais ils seront cependant marqués, souvent traumatisés, voire tués, au moment d'une décolonisation qu'ils ne comprendront pas.

Ampart // après 1962 - des Bretons pieds-noirs

Phasage d'écriture :  ébauche pour plan                                                                            04/05/20/00:15
Tableau d'Yvonne Cordier née Tramu (https://yvonnetramu.monsite-orange.fr/page1/index.html) - IVe génération

Tableau de Victor Tramu, Marine (sardiniers)


(écriture en cours 2020)

À la mort de Thimothée fils (2e génération), les noms des familles s'accumulent dans l'avis funèbre issu d'un télégramme publié par l'Echos d'Alger : "BOU-HAROUN. — Madame Veuve T. Ampart; M. et Mme Tramu, né Ampart ; M. Yves Ampart ; M. et Mme Chauvin, née Ampart, et leur enfant ; M. et Mme Laurin, née Ampart. et leurs enfants ; Messieurs Emile et Hervé Ampart ; les familles Guivarch, Franger, Bernard, Lebars, Pennamen, Stéphan, Kervren, d'Algérie et de France, ont la douleur de vous faire part du décès de leur regretté Monsieur Timothée AMPART Industriel survenu accidentellement le 9 décembre 1939. Les obsèques ont eu lieu à Bou-Haroun, dans le caveau de famille, dans la plus stricte intimité."

Le caveau familial implanté à Bou-Haroun montre la volonté de s'ancrer "définitivement" dans cette nouvelle région. La famille bretonne trouve là un nouveau point de chute. La division des territoires demeure cependant puisque l'on distingue ceux "d'Algérie et de France". Cette publication offre surtout une liste relativement exhaustive des patronymes directement rattachés à la génération précédente, celle de Thimothée père, ses frères, ses sœurs, ses enfants, avec leurs époux et épouses. Ces derniers représentent  la "troisième génération", désormais composée d'adultes, la plupart mariés, avec des enfants ou de jeunes adolescents. La difficulté s'amplifie avec une dizaine de patronymes venus du mariage des femmes.  fait s'assimiler cette recherche à de la généalogie descendante. Mais cela permet aussi d'observer les liens qui se tissent en aval : quels sont les familles.

Sachant que le taux de fécondité descend en dessous de 2 après le baby-boom, en supposant que la famille Ampart respecte cette moyenne, les dernières générations doivent compter  une cinquantaine d'enfants nés entre 1950 et 1975, correspondant approximativement  ou plus tard (génération V - fin XXe, dite "X" puis "Y"), et une centaine au début XXIe  (génération VI - après 1995, dite "Z" puis "alpha"). Ces derniers représentent donc chacun environ 1% de la mémoire familiale. Pour montrer un peu le ridicule de la part génétique, celle-ci peut être grossièrement évaluée : en comptant une division par deux à chaque couple formé, sans considérer les possibles relations extra-conjugales, il reste à chacun 3% du "patrimoine génétique" de l'ancêtre marin breton (soit 1/2 puissance 5) - si l'on ne tient pas compte des codes inscrits dans les mitochondries des mères, ni de la part ultra-majoritaire du génome commun à tous les humain, aujourd'hui évaluée à 99%...

Méthodologie / le support-media. Excessivement important en nombre, les "cent" de la VIe génération ne peuvent être évoqués systématiquement. Il faut en rester aux souvenirs de leurs parents et grands-parents. Par chance, les IVe et Ve générations ont connu les débuts du "Web 2.0" au milieu des années 2000 et se sont introduites dans les réseaux sociaux. D'innombrables personnes y donnent publiquement leurs affinités et parentés, parlant d'elles-mêmes, évoquant des souvenirs ponctuels et tout un environnement social ou géographique. Quelques photographies sortent des albums pour être numérisées et diffusées. Contrairement au XIXe siècle avec ses "autobiographies de gens ordinaires, rédigés par des inconnus, le plus souvent à l'intention de leurs descendants" dont l'écriture "demeure pétrie d'une visée d'héroïsation de soi" (Louis-François Pinagot, première note du prélude), le contexte de partage dans un "réseau social" place l'auteur dans un nouvel état d'esprit : il ne s'agit pas d'une démonstration aux yeux du monde, mais d'une recherche de proches éloignés par le hasard de circonstances passées (on laisse pour cela un moyen de contact : adresse mail, téléphone) ; il convient alors de favoriser les liens sociaux en partageant des souvenirs communs dans un relation relativement horizontale, plutôt mélancolique, surtout lorsque la prise de distance s'associe à l'exode imposé par la guerre d'Algérie.

Si la troisième génération passe l'essentiel de sa vie en Algérie et reste invisible du fait de l'absence de média suffisamment exhaustifs, leurs enfants (baby-boomers), petits-enfants et arrières-petits-enfants, transmettent parfois, avec plus ou moins de force, de fierté, de honte, l'idée d'une "appartenance" d'ordre communautaire. Celle-ci ne se rattache plus à la Bretagne, visiblement oubliée, mais à l'Algérie de leur jeunesse. La nouvelle identité est celle de Pieds-noirs. La revendication change en fonction des âges, des mariages, des choix d'implantation, des idéaux politiques, des mémoires et transmissions culturelles... Certains s'affirment "pieds-noirs", parfois Italiens, Espagnols, Corses, quelques-uns se réinventent encore Bretons. Mais il ne faudrait pas oublier ceux qui ne s'expriment pas : la majorité silencieuse. Contrairement à celle que l'on stigmatise en période électorale, elle semble moins inquiétante ; sans doute trouve-t-elle dans la vie présente assez de satisfaction pour ne pas chercher une identité passée... Il faudrait croiser les données, sortir de l'écran pour interroger les témoins et vérifier la pertinence de cette affirmation sans preuve.