Phasage d'écriture : Brouillon 04/05/20/08:00
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Illustration en couverture de Pierrick Chuto, Les enfants trouvés de l'hospice de Quimper, éd. 2019 ; extrait de Charles Marchal (1825-1877) Le dernier baiser d'une mère, 1858 - Pêcheries, musée de Fécamp |
Cette rareté du nom est l'un des éléments qui va permettre d'écrire cette histoire de migrants breton, car il n'aurait pas été aisé autrement de retracer la vie d'une personne qui se déplace, ni de suivre ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants. La méthodologie est exactement à l'inverse de la généalogie et il s'avère beaucoup plus difficile de "descendre" un arbre généalogique que de le "remonter". L'administration a favorisé cette direction dans une époque obsédée par les orgines : il faut connaître les parents, mais peu importe l'avenir des enfants. Pour retrouver les "ancêtres", il suffit simplement de partir des "actes de naissance" qui précisent l'origine des deux parents, donnant ainsi la possibilité de retrouver les registres où seront inscrits les grands-parents, puis retrouver les arrières-grands-parents, et ainsi de suite. Pour retrouver un enfant, surtout s'il s'agit d'une fille dont le nom va changer, il n'y a que le hasard et les progrès des sites de généalogistes qui peuvent le permettre.
Mais une première question se pose quant aux dates des articles : les années 1880-1890... Trop loin dans le passé... Pourtant, les textes les plus complets mentionnent le bon prénom, Timothée, précisément celui de l'arrière-grand-père. Cependant, son année et son lieu de naissance ne correspondent pas : Quimper, 1843... Il ne peut s'agir d'un hasard, celui qu'une rumeur disait orphelin aurait-il un père connu ? Pourrait-il avoir vécu aussi longtemps ? Ou alors, est-ce un homonyme ? Les question s’enchaînent. La première réponse tombe rapidement en regardant plus préciséement les articles de presse sur Retronews, dans une période plus récente : il y existe bien deux Thimothée Ampart. Le premier meurt dans la région de Douarnenez, le second apparaît une génération plus tard en Algérie. La mémoire des anciens de la famille voyait dans l'arrière-grand-père un orphelin, mais il s'agissait plus probablement d'un arrière-arrière-grand-père... Un léger glissement. Les mémoires s’effacent après trois générations.
1a - Un enfant "exposé"
[Notes en bleu] Réponses suite à un échange de mail avec Pierrick Chuto, auteur de l'ouvrage Les exposés de Creac'h Euzen. Les enfants trouvés de l'hospice de Quimper au 19e siècle, éd. 2019
[Pierrick Chuto] On ne sait si M.P. Thomas était une ancienne nourrice. Elle était qualifiée de "nourrice sèche". Ces femmes étaient des pensionnaires de l'hospice, hébergées gratuitement en échange de services. Je fais référence à beaucoup d'entre elles dans mon livre.
Ainsi débute précisément l'histoire de la famille Ampart : le nouveau-né que l'on nomme Thimothée est "exposé" le 29 mai 1843, c'est à dire déposé dans un tourniquet donnant d'un côté sur la rue et, de l'autre, sur l'hospice. Comme l'ont soulignés de nombreux historiens, dans la suite des premiers travaux menés par Philippe Ariès, l'invention du "tour" dans les hospices est probablement à l'origine d'une amplification de la vague d'abandons apparue à la fin du XVIIIe siècle : le "tour" instituait l'acte, permettait de garder l'anonymat, garantissait l'accueil dans un hospice. Durant la première moitié du XIXe siècle, cette invention accompagne, dans toute Europe, la démultiplication des abandons...
Le choix du prénom et du nom semble avoir été laissé à la libre imagination des personnes présentes le jour de l'enregistrement - la décision finale est-elle prise par l'adjoint au maire, Jean François Marie Le Guillou ? Sa phonétique suit étrangement la succession des patronymes inscrits sur la page du registre, où l'on modifie très peu les syllabes d'un numéro à l'autre : n°163 IMBERT Charles Raymond, n°164 ALLAS Jeanne Marie, n°165 AMPART Timothée, n°166 AMBERT Théophile... On découvre donc que le nom n'aurait pas pour origine le vieux breton populaire, mais le cerveau d'un édile !
[Ajout de Pierrick Chuto] A l'hospice de Quimper (contrairement à celui de Brest) les sœurs, gestionnaires de l'hospice civil, profitaient de la tolérance accordée pour donner prénoms et patronymes. C'est avec ce nom que la déclaration était faite à la mairie. Pas question de phonétique... Après plusieurs essais en 1841 et 1842, la décision est prise de faire commencer les patronymes des enfants trouvés par la même lettre. En 1843, ce sera la lettre A, en 1844, la lettre B, jusqu'en 1861 (date de la fermeture du tour ) avec la lettre T. D'où : les noms n°164 ALLAS Jeanne Marie, n°165 AMPART Timothée, n°166 AMBERT Théophile.
Si la famille Ampart est promise à un grand avenir, qu'en est-il des autres, Allas ou Ambert, "exposés" à quelques jours, de moins ou de plus, et portant presque le même nom ? Jeanne-Marie et Théophile n'ont certainement pas eu autant de chance qu'Ampart Timothée.
[Ajout de Pierrick Chuto] Allas est morte le même jour à l'hospice. Il ne s'agit pas d'Ambert mais d'Amser ,exposé le 29 mai à l'âge approximatif de 4 jours, et mort dès le 16 octobre en nourrice à Plonéour. Vous y incluez Imbert Charles Raymond. Non. C'est un enfant légitime et son prénom est Donatien Louis. Charles Raymond est le nom de son père.
J'aurais souhaité sur ce sujet un ouvrage synthétique, mais il n'existe pas encore. Le thème, qui agitait les plus célèbres historiens jusqu'au début des années 1980, est tombé en désuétude avec le reste de la "petite histoire". La recherche est heureusement exploitée par des historiens locaux ciblant une ville; une région, une famille... On trouve ainsi des ouvrages sur les enfants trouvés à Caen, à Rouen, à Lyon, en Gironde, etc. Pierrick Chuto s'est saisi du sujet à Quimper, précisément l'endroit où a été déposé Thimothée Ampart. Il constate que " Parmi les 3816 enfants exposés (déposés) dans le tour de l’hospice de Quimper entre 1803 et 1861, certains, mauvaises graines corrompues dès l’origine (sic), empruntent des chemins interdits en marge d’une société qui tend à les rejeter."
Les enfants trouvés seraient selon cet auteur soupçonnés d'être de "mauvaises graines", faisant du tour une sorte de dépotoir aux yeux des honnêtes gens ! La réalité est évidemment différentes de ce que pensent ces honnêtes gens : ce sont pour la plupart des enfants de la misère ou de l'adultère, le seul indice étant les effets trouvés sur l'enfant. Pour Timothée : pas de petit mot, juste "un bonnet d'étoffe, une coiffe garnie de dentelle, une chemise, deux mauvais morceaux de linge, un mauvais maillot". Difficile de conclure quant à ses origines....
Une seule certitude s'impose : sans régulation possible des naissances, seul l'abandon d'enfant est légalement permis... Rançon du succès du décret impérial du 19 janvier 1811 prévoyant l'anonymat de l'abandon, qui offre l'unique recours légal face à un enfant non-désiré (contrairement à la "faiseuse d'ange" ou à l'infanticide) ou à une situation désespérée qui ne permet pas de le garder.
Les causes de l'abandon
En 1811, il s'agit de prendre des mesures face à un phénomène déjà amorcée. La loi enregistre la fréquence de ces abandons autant qu'elle impose un usage autour des actes... Mais que s'est-il passé de 1810 à 1850 pour que ce phénomène prenne une telle ampleur ? Certains auteurs accusent également "le rôle inducteur de la société catholique de l'époque, intransigeante, qui juge et condamne toutes celles qui mettent au monde un enfant hors-mariage" (Isabelle Le Boulanger). Mais la Bretagne n'est pas devenue catholique soudainement au XIXe siècle. D'autre part, les abandons dépassent la région et touchent toute l'Europe, y compris la partie protestante.
Il faut s'étonner de voir les spécialistes de l'histoire culturelle travaillant avec autant de finesse sur "le genre" ou "la sensibilité" ne pas prendre assez de recul en mésestimant le rôle, pour le coup, de la Grande Histoire. Face à un phénomène durable et étendu, il faut chercher une cause ayant une même ampleur, temporelle et géographique. La raison des abandons en Bretagne n'est pas à rechercher du côté de la condition féminine en Bretagne... Il faut imaginer une crise structurelle profonde, liée à un grand changement de société couvrant l'Europe entière. Une transformation radicale qui s'accompagne nécessairement d'une réadaptation de l'économie. Il n'est donc pas étonnant de voir cette période enregistrée dans les cycles des prix : la sortie de la société agricole s'associe à l'entrée dans le premier cycle de Kondratiev, avec une première décroissance s'étendant de 1814 à 1849... Elle mesure l'avènement d'une société plus urbaine, et surtout moins agricole. Le phénomène est à peine perceptible en France, mais il provoque des remous internationaux, modifiant le prix des matières. Il est aisé de comprendre qu'une société urbaine paiera moins cher les matières premières et préfère concentrer l'argent dans la négoce ou les transformations... Il faut alors que le producteur réponde, soit en changeant ses rendements, soit en transformant lui-même ses produit.
Un regard plus économique sur le phénomène, et moins "sensible", permet d'éliminer grandement certaines idées s'accordant trop parfaitement à la société bourgeoise nouvellement dominante, qui juge durement les pauvres et les ruraux. Pourquoi les femmes adultères se seraient multipliées autrement que dans le regard des observateurs du phénomène ? La misère et la précarité enregistrées par les historiens autour des femmes abandonnant un enfant correspond mieux à l'idée du dénuement qui pousse à laisser un enfant que l'on ne pourrait pas nourrir. S'il faut relativiser l'attachement affectif codifié par la bourgeoisie, le lien de filiation est un atavisme et tout comportement qui y échappe mérite l'analyse approfondie d'une causalité tenant d'un impératif de survie.
Isabelle Le Boulanger, dans un travail de recherche concernant le département voisin des Côtes-d'Armor, indique cette même idée : "L’abandon apparaît, en effet, tout autant destiné à donner une chance de survie au nourrisson qu’à sauver sa mère du déshonneur. En creux, l’absence du géniteur se révèle criante dans ce phénomène social entièrement assumé par les femmes à une époque où la recherche de paternité est interdite."
Reste à savoir pourquoi les femme sont plus nombreuses dans cette situation durant cette période... La stratégie de survie des femmes n'est-elle pas une réponse à la stratégie de survie des hommes, incapable d'assurer des revenus à un foyer ? Là encore, les questions se posent, mais ne trouveront pas de réponse en dehors d'archives actuellement inaccessibles.
La question qui se pose ensuite est celle du "placement". Celle-ci résume les connaissances sur le sujet : "Si l’on en croit les historiens de l’enfance, deux aspects dominent l’histoire des enfants abandonnés, au XIXe siècle. Le premier en est l’exploitation par les adultes, dès que leur âge le permet. Considérés comme des « bouches à nourrir », ils sont pris en charge par obligation. La société de l’époque rentabilise son investissement en les faisant travailler pour le compte de la nation, dès l’âge 12 ans, attitude qui provoque de l’insubordination chez les plus rebelles. Dans son ouvrage intitulé Les enfants au XIXe siècle, Catherine Rollet souligne que le décret de 1811 prévoit « que les enfants abandonnés en bonne santé sortis à 12 ans des mains des nourrices seront mis “à la disposition du ministre de la Marine” ». Le principe sera peu appliqué – la marine ayant été détruite à Trafalgar en 1805 et la France souffrant du blocus – mais l’esprit est là."
Quoiqu'il en soit, le sort d'un enfant trouvé n'est pas enviable. Sans accès aux données sur les "nourrices" auxquelles étaient confié les nouveaux-nés. il n'est pas possible de savoir si le petit Ampart était nourri chez une femme sachant lire ou pas, bien ou mal considérée par l'institution. L'hospice est un milieu extrêmement difficile, peu d'enfants survivent et peu d'enfants sortent psychologiquement indemne des placements. Timothée Ampart fait exception. Loin de la "mauvaise graine", on le retrouve comme marin pêcheur à Douarnenez dans un recensement de 1872. Il a épousé Marie Catherine Pellé (née vers 1842). Dans cette ville, où ils restent jusqu'en 1880, ils ont tout d'abord trois filles, puis deux garçons (Famille C // (1) Le marin de Douarnenez) - l'un d'entre-eux, portant les mêmes noms et prénoms que le père - Timothée Ampart fils -, deviendra un riche industriel et donnera à ce nom de famille "imaginaire" une réputation inattendue...
Le village d'accueil
L'utilisation d'un site de généalogistes - le "Centre généalogique du Finistère" - a permis de découvrir le lieu où s'est déroulé le mariage de Thimothée en 1867 : Ploaré, petit village où habite sa femme, Marie Pellay, car ils se conforment certainement à la tradition voulant que la noce se déroule chez la jeune fille... Mais cela importe peu pour le début de cette enquête car, en ayant pour hypothèse la formation du couple à Ploaré avant la date du mariage, on retrouve immédiatement la trace de Thimothée. Le nom d'Ampart figure en effet dans les recensements de Ploaré quinze années de suite, entre 1851 et 1866... C'est ainsi que les découvertes s'enchaînent, car son nom suit systématiquement celui de M. Trellu et de Mme Le Bihan, sa femme. Il ne peut s'agir que de sa "famille nourricière", car il est toujours associé à ce même ménage. Son enfance, sa jeunesse, son mariage sont donc relié à ce seul village, Ploaré, minuscule bourgade qui comprend seulement 42 maisons, en retrait de la mer, que l'on présente aux origines du port plus récent de Douarnenez.
Cette faible proportion est liée à la présence des travaux agricoles ainsi qu'à quelques métiers associés à tous les petit bourgs. La vie en village impose de facto la présence de plusieurs commerçants ("débitants", dont un de boisson et un autre de tabac), d'un curé (le père Boga) avec ses vicaires et sa domestique, d'un instituteur (M. Danvis), d'un facteur (M. Valme), d'un garde champêtre (M. Fourgny), ainsi que deux maçons, un forgeron, un charretier, un bedeau, un peintre, un jardinier (cantonnier ?). Si l'on ajoute les douaniers dirigés par le brigadier Planchois, la liste se complète et donne le paysage social qui environne immédiatement (et sans doute exhaustivement) l'existence de Thimothée enfant. A-t-il (un peu) fréquenté l'école et (beaucoup) craint les punitions de M. Danvis ? Voyait-t-il le père Boga tous les dimanches ?
Toutes les études faites dans différentes régions montrent que les "enfants trouvés" sont envoyés dans les villages, afin de repeupler la campagne tout en régulant l'accroissement des villes. Si la cause reste à interroger, le constat semble exact et explique le placement de Thimothée à Ploaré, village de cultivateurs en bord de mer. Les statistiques des habitants, lorsqu'il a 7 ans et apparaît dans le recensement daté de 1851, montrent une économie associée à l'agriculture : la plupart des hommes sont journaliers. À l'intérieur même du bourg, il y a trois fermes où vivent les propriétaires, leurs nombreux enfants, ainsi que quatre ou cinq ouvriers agricoles logés dans l'exploitation ("domestiques"). Il faut y ajouter la culture du lin qui fait travailler trois tisserands et deux tailleurs. Il y a également l'exploitation du bois avec trois menuisiers et quatre sabotiers. Fait plus surprenant, il n'y a que quatre marins "chef de ménage" dans tout le village, ce qui représente moins de 10%. de l'activité.
Cette faible proportion est liée à la présence des travaux agricoles ainsi qu'à quelques métiers associés à tous les petit bourgs. La vie en village impose de facto la présence de plusieurs commerçants ("débitants", dont un de boisson et un autre de tabac), d'un curé (le père Boga) avec ses vicaires et sa domestique, d'un instituteur (M. Danvis), d'un facteur (M. Valme), d'un garde champêtre (M. Fourgny), ainsi que deux maçons, un forgeron, un charretier, un bedeau, un peintre, un jardinier (cantonnier ?). Si l'on ajoute les douaniers dirigés par le brigadier Planchois, la liste se complète et donne le paysage social qui environne immédiatement (et sans doute exhaustivement) l'existence de Thimothée enfant. A-t-il (un peu) fréquenté l'école et (beaucoup) craint les punitions de M. Danvis ? Voyait-t-il le père Boga tous les dimanches ?
Avant d'imaginer un village "idéal", il faut compléter le portrait en précisant qu'il ne doit pas cacher de nombreuses situations difficiles : si un tiers de la population est privilégié car le ménage dispose d'une maison entière (ce qui est le cas de la famille d'accueil du jeune Ampart), les deux autres tiers partagent ces maisons, certaines sont très denses et quelques familles de journaliers y côtoient des mendiants ou des femmes mendiantes, parfois veuves avec plusieurs enfants. Les femmes seules ou avec enfants exercent des métiers difficiles comme journalières ou sont des indigentes. Ils forment un arrière-plan presque invisible dans la mesure où l'on ne met en avant que les hommes "chef de ménage" ou les adultes, leurs femmes étant alors classées comme "vivant du travail de son mari". Les enfants se placent aussi dans une relative incertitude : la présence d'orphelins chez les deux tailleurs ne peut que signaler l'utilisation encore fréquente des enfants comme main d'oeuvre, y compris au sein des familles.
1830 Bourg de Ploaré, cadastre napoléonien 3 P 165-1-2 - "Section A unique du Bourg" |
Annexe 1 : le bourg de Ploaré dans le "cadastre napoléonien"
Le document le plus précieux pour les historiens est incontestablement le "cadastre napoléonien" : il offre un panorama complet et détaille le moindre recoin de France. Il forme presque toujours le socle d'un travail de recherche sur l'histoire d'un lieu, d'un bâtiment, d'une activité, d'un site naturel ou d'un être humain. Si l'accessibilité des archives permet aujourd'hui à tout-un-chacun d'écrire la petite histoire de n'importe-qui ou de n'importe-quoi, l’enchaînement des faits s'achève systématiquement sur ce plan tracé et commenté au début du XIXe siècle. Il y a ainsi une illusion faisant accroire que l'histoire "populaire" débute à ce moment, car le récit descriptif des petits biens et autres miniscules territoires ne peut guère aller beaucoup plus loin dans le passé. Les plans antérieurs sont presque toujours lacunaires, associés à des savoirs locaux moins aisément interprétables.
Le relevé de Ploaré est tardif. Il est daté de 1830, ce qui est une chance relativement à la naissance de Thimothée en 1843 : la rédaction de ce document exceptionnel précède de quelques années seulement son arrivée dans le village. Le cadastre se complète d'un "Tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus" renvoyant vers les noms des propriétaires de chaque parcelle. Grâce à ce cadastre, il est possible de compter les maisons à l'intérieur du bourg en 1830 : elle sont une vingtaine et appartiennent principalement à trois familles "Marie Le Men" qui réside dans le village, "Julien Le Gall" de Douarnenez qui possède notamment la forge, et deux membres de la famille "Dufretay" installés à Poray et à Hennebont. Les seuls petits propriétaires indépendants sont deux aubergistes, un couvreur et le menuisier Villard, voué à la célébrité grâce à ses nombreux descendants artistes et éditeurs de cartes postales.
Pour les familles de grands propriétaires, on retrouve deux sur trois familles dans l'histoire officielle de Ploaré : François Le Men obtient en effet la mairie après la Révolution, et c'est Aimé du Fretay qui est maire lorsque Thimothée arrive dans la commune. La famille Halna du Fretay conservera cette fonction politique jusqu'en 1944, le maire de Ploaré se voyant régulièrement qualifié par la presse de "réactionnaire". Cette longue lignée d'hommes politiques s'achève en 1944 par François Halna du Fretay dont la biographie disponible sur sénat.fr précise la longue"filiation" :
"François Halna du Fretay appartient à une de ces vieilles familles de la noblesse bretonne où les mésalliances sont rares. Sa mère est née Monjaret de Kerjégu et lui-même épousera une descendante des La Monneraye. Il compte dans son ascendance l'amiral Halna du Fretay (voir ci-dessous) qui siégea douze ans au Sénat, de 1881 à 1893. Cependant, si François Halna du Fretay sera, lui aussi, membre de la Haute Assemblée, il ne partage pas la vocation maritime de son aïeul : il se fera assureur-conseil." (Extrait du Dictionnaire des Parlementaires français, Jean Jolly)
Pour les familles de grands propriétaires, on retrouve deux sur trois familles dans l'histoire officielle de Ploaré : François Le Men obtient en effet la mairie après la Révolution, et c'est Aimé du Fretay qui est maire lorsque Thimothée arrive dans la commune. La famille Halna du Fretay conservera cette fonction politique jusqu'en 1944, le maire de Ploaré se voyant régulièrement qualifié par la presse de "réactionnaire". Cette longue lignée d'hommes politiques s'achève en 1944 par François Halna du Fretay dont la biographie disponible sur sénat.fr précise la longue"filiation" :
"François Halna du Fretay appartient à une de ces vieilles familles de la noblesse bretonne où les mésalliances sont rares. Sa mère est née Monjaret de Kerjégu et lui-même épousera une descendante des La Monneraye. Il compte dans son ascendance l'amiral Halna du Fretay (voir ci-dessous) qui siégea douze ans au Sénat, de 1881 à 1893. Cependant, si François Halna du Fretay sera, lui aussi, membre de la Haute Assemblée, il ne partage pas la vocation maritime de son aïeul : il se fera assureur-conseil." (Extrait du Dictionnaire des Parlementaires français, Jean Jolly)
La noce au village
L'accès à la propriété relate la hiérarchie du village. Les grands propriétaires sont aussi les grandes familles du village, les petits propriétaires y sont l'équivalent des "bourgeois" (ainsi le luxe des loisirs artistiques sont permis aux enfants du menuisier). Les autres étant de "simples villageois". Une fois encore, Cette lecture par le haut de la hiérarchie du village en 1830 conduit, à l'inverse du dénombrement de 1851, à s'imaginer une situation excessivement glorieuse.
Mais Michel Nassiet semble avoir démontré dans les années 1990 que cette petite noblesse vivait finalement dans une relative pauvreté. Il y a en tous les cas à Ploaré une famille noble possédant de nombreux biens et le pouvoir politique. Existe-t-il une jalousie avec quelques paysans riches que la presse nationale moque à sa manière dans un article décrivant une noce en 1841.
"Tous les parents, les amis, les voisins étaient venus se grouper autour de l'heureuse Penerez. La noce emière, au nombre de 500 personne, toutes montées sur des chevaux couverts de rubans et de cocardes, personnes était venue chercher à Ploaré la bénédiction religieuse qui devait sanctionner l'alliance que contractaient deux des plus importantes familles de la commune. Des boeufs, des moutons, des veaux en très grand nombre avaient été abattus pour le festin qui devait terminer cette heureuse journée.
" Si les renseignements qui nous ont été fournis sont d'ailleurs exacts, on aurait dû boire dans cette rencontre jusqu'à six barriques de vin, une ou deux barriques d'eau-de-vie et du cidre sans compter. Les plus élégants costumes et les couleurs si voyantes, qui sont recherchées du pays cornouaillais, prêtaient à cette réunion un air d'apparât un peu tumultueux, il esr vrai, mais qui rappelait par cela même la manière des premières tribus, aux jours où elles se rapprochaient dans des sentiments d'alliance ou de fraternité.
"On dit qu'au bout de huit jours tout n'était pas terminé, et que les planches pliaient encore sous le poids des viandes dont elles étaient chargés.
"On sait au reste que, dans les noces bretonnes, la table ne doit être desservie que quand les convives se sont entièrement retirés, ce qui fait que l'on y dépose successivement quelques mets nouveaux, jusqu'à ce que les convives ne les touchent plus."
Focus - carte choroplèthe de Charles Dupin
Pour la première fois dans le monde, un mathématicien invente en 1826 la carte choroplète, figurant des données par régions : la première éditée figurant le degré d'éducation par département (en mesurant le nombre de lecteur des journaux édités à Paris, par habitants), Charles Dupin. Il est aussi un homme politique impliqué dans la Restauration.
Les cartes de l'instruction en 1828 et en 1833 montrant la Bretagne et l'Auvergne comme les régions les moins instruites.
DOCUMENTATION
Bibliographie
Bosserelle, Éric. "Cycles longs des prix des produits de base : cycles Kondratiev ou cycles Kuznets ?", Revue d'économie politique, vol. vol. 127, no. 2, 2017, pp. 255-279.
Boswell, John. Au bon coeur des inconnus, Les enfants abandonnés de l'Antiquité à la Renaissance, Gallimard, 1993.
Capul , Maurice. Abandon et marginalité, Les enfants placés sous l'Ancien Régime, Privat, 1989.
Coindet, Sylvain. Naufrage, naufragés… Doctorant en Histoire Moderne CERHIO CNRS UMR 6258 Université de Bretagne‐Sud
Hunecke, Volker, Martine Friedmann. "Les enfants trouvés : contexte européen et cas milanais (XVIIIe-XIXe siècles)". In: Revue d’histoire moderne et contemporaine, tome 32 N°1, Janvier-mars 1985. pp. 3-29.
Le Boulanger, Isabelle. L’abandon d’enfants : l’exemple des Côtes-du-Nord au xixe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011, collection « Histoire », 367 p.
NASSIET, Michel. Noblesse et pauvreté : La petite noblesse en Bretagne XVe-XVIIIe siècle. 2e édition. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2012 [extraits]

La superposition du cadastre napoléonien avec la vue aérienne permet de positionner la vingtaines de maisons qui existaient dans ce village en 1830. Il en subsiste possiblement quelques-unes au début des rues de l'Aviateur-le-Brix et Jean-Briand... Huit sont superposables, mais presque entièrement remaniées, voire reconstruites. Notons le paradoxe que toutes les maisons anciennes, y compris les plus "luxueuses" ont été détruites et remplacées par des maisons de "style breton". Le village existe encore, mais il est désormais "immense" relativement à ce qu'il était deux siècles auparavant, avec un visage totalement différent. L'église marque le seul lien pérenne.
Que reste-t-il de Ploaré ?
Liste des maisons du cadastre avec porte et fenêtres (PF) et superficie (perches,mètre) 1 perche = 5m.
359 Jean Guéguen, aubergiste - maison et courtil dépendances 16 PF 04,20
360-361 Courtils 07,80 + 11,50
362 Marie le Men et ses enfants : Bâtiment rural 00,36 = 36 m2
363 id° : maison et courtil 8PF 02,40 = 140 m2
364 id° : maison et bâtiment rural 8PF 01,40 = 90m2
365 id° : maison 3PF 00,56 =56m2
366 Le Gall à Douarnenez : maison 3PF 00,35
367 id° : maison 3PF 00,48
368 id° : Bâtiment rural « crêche et courtil » 00,31
369 id° : maison et crêche 3 3PF 00,56
370 id° : maison 4PF 00,60
371 id° : maison et courtil 9PF 00,84
372 Villard, menuisier au bourg : maison 6PF 01,60
373 id° : maison courtil atelier 3PF 01,21
374-376 Courtil 01,43 + verger 10,50 + futaie 01,68
377 Duval : maison 3PF 0,36
473 Doaré, aubergiste : maison et bâtiment rural 8PF 03,00
474-478 Courtils 02,20 + 01,50 + 01,53 + 01,92
478 Marie le Men et ses enfants : maison 3PF 0,70
479 Gouédic et consort, couvreur : maison 12PF 00,88
480 Dufretay à Porzay : maison et courtil et dépendances 1 porte cochère 17PF 06,70
481 jardin 07,40
482 Dufretay père à Hennebon : maison 12PF 02,40
483 courtil 05,30
484 commune : église 09,16
485 id° : cimetière 13,00
486 Le Gall à Douarnenez : forge (bâtiment rural) 00,35
487 Dufretay père à Hennebon : maison courtil et dépendances 17PF 08,90
497 Dufretay père à Hennebon : maison courtil et bâtiments ruraux 3PF 04,80
Archives - registres
![]() |
1843 - enregistrement à l'Etat civil de Thimothée Ampart ADF 2 Mi 27 |
![]() |
1843 - registre des baptêmes à la chapelle du St Esprit - document fourni par Pierrick Chuto |
1845-1864 - Fiche de tutelle de l'hospice de Quimper - document fourni par Pierrick Chuto |
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