7, boulevard Barthou, via Google Street View - modifié (https://www.google.com/maps) |
Complément du circuit Wilson : point 25.17 - station de relais PTT, 1945, Charles Henri Royer, arch.
Un plan de Reims dressé le 2 août 1944 permet d'évaluer les destructions de la Seconde Guerre mondiale entre l'invasion en 1940 et les bombardements alliés de mai-juin 1944 (reims.fr). Il mentionne également, pour la première fois, un local PTT dans le quartier Wilson. Cette "station de relais" est certainement à l'origine du nom donné à cette section du boulevard : Louis Barthou, ancien ministre des Travaux publics, des Postes et Télécommunications (de 1906 à 1909) mort dramatiquement en 1934 lors d'un attentat visant le roi de Yougoslavie. La rue lui est dédiée en 1935, année qui suit sa disparition et précède l'installation de la première station.
À peine construit, le bâtiment d'origine semble avoir été détruit au moment de la libération de la ville. Pourtant, comme le résume Henri Druard (cndp.fr/crdp-reims) , la libération en août 1944 s'est faite avec peu de combats sur Reims : "Le mercredi 30 vers 7 heures du matin, on entendit les premiers chars américains rouler Place du Parvis, Place du Théâtre, rue de Vesle, Cours Langlet ; la foule se répandit immédiatement dans les rues et, à partir de ce moment, les unités motorisées ne cessèrent d'affluer. Il n'y avait eu de résistance sérieuse qu'au Pont Huon, pont sur la canal vers Châlons, par lequel les chars américains arrivés la veille au soir durent passer, le pont de Vesle étant sauté, et au Pont de Laon. Quelques Américains ainsi que quelques FFI furent tués." Le même témoin donne la liste des destructions qui marquèrent cet événement, : "Les dégâts se réduisent à la destruction du pont de Vesle, à celle du pont du chemin de fer de la ligne de Reims à Paris, au-dessus du canal ( Pont de Soissons ), à celle du Poste principal de signalisation de la gare de Reims. D'autres destructions partielles, la gare de voyageurs et quelques locaux grenadés par les Allemands avant leur départ se révèlent peu à peu."
Parmi les "oubliés" de cette liste des ouvrages détruits ("grenadés") en août 1944 : la station PTT du boulevard Barthou. Toutefois, la présence de graffitis de soldats datés de 1945 sur les piliers de l'entrée, attesteraient d'une préservation du mur de clôture d'origine. On y trouve notamment "Caporal René - le Petit Poison - 19-02-1945" et "Roger Baynard - le chanteur - 1-3-45". Ces graffitis sont connus des habitants du quartier, comme l'un des rares éléments historiques relativement ancien dans ce quartier. Leur authenticité laisse peu de doutes, reste à trouver pourquoi des soldats viennent graver leurs noms ici six mois après la libération.de la ville, à proximité d'une ruine où les travaux de reconstruction sont annoncés. Ont-ils participé aux combats récents menés en Alsace ? Des soldats étaient-ils affecté sur ce point sensible ? Chose probable, car une salle forte semi-enterrée (de type "blockhaus") a été construite pour sécuriser une partie de la station, et les traces datant de la seconde guerre mondiale y sont encore nombreuses (vélo générateur d’électricité).
Vue sa fonction dans les communication, la reconstruction de cette station s'avère urgente, et l'on a donc ici l'un des rares exemples de bâtiment datant de 1945. Le dépôt de PC entre dans le cadre du rationnement avec le détail de tous les matériaux nécessaires à cette réalisation : l'essence et le charbon manquent, le béton et le métal sont encore réservés aux ouvrages d'art, même le verre, la terre cuite et le bois ne se trouvent pas sans difficulté... Ce qui n'enlève rien à la qualité du bâtiment de Charles Henri Royer (fr.wikipedia.org), connu pour avoir réalisé le monument aux morts de Reims. Son style reflète ce "régionalisme moderne" qui marquait déjà la seconde moitié des années 1930, mêlant brique rouge ("louis XIII"), rythmes "classiques" et éléments modernistes (béton souligné en façade dans les travées et dans quelques puissantes horizontales). L'originalité pittoresque de certains détails comme les cheminées à redents, les pans coupés, les fenêtres non-superposées, évoquent encore le souvenir des Arts & Crafts qui ont tant marqué les cités-jardins de Reims. Vient ensuite une nette rupture de style lorsque sont ajoutés les bâtiments latéraux, d'un ordonnancement beaucoup plus strict.
Ci-après, dépôt de PC n°8625, juin-aôut 1945 et autres documents provenant des AMCR (archives-municipales-et-communautaires - Ville de Reims).
Extrait du plan des destructions, 1944 (reims.fr), avec ajout de la position du local PTT "oublié") |
Vue 3D Google orientée est-ouest de l’extrémité du boulevard L.-Barthou et de la rue de Louvois |
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CPSM Reims (Marne) Centre Barthou - rue de Louvois - basilique Sainte-Chlotilde, via Delcampe Yvon I B 8 |
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CPSM Boulevard Barthou Reims via delcampe Yvon I B 8 |
Extrémité du boulevard Barthou, après "rénovation de la tour signalant le centre commercial, via Google Street View |
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