mardi 12 octobre 2021

CM 3 - Art déco : 1. Maurice Dufrène

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Figure centrale sur une période très vaste, l’oeuvre recouvre 1 demi siècle des arts décoratifs en France. On va voir un panorama de sa carrière. Une figure de l’art nouveau, il fait parti des personnalités qui font une transition de l’art nouveau à l’art déco. Maurice Dufrène, Chambre de dame, Un intérieur moderne, Paris, pl. 4, environ 1905-1906!Chambre à coucher, reproduit dans les Modes, 1920 Son oeuvre pose des problèmes car le caractère abondant de son oeuvre et le caractère hétérogène de sa production. Il a constamment chercher à adapter sa production en fonction des recherches stylistique dans le domaine du décor. Du début de sa carrière à la fin > il fait parti d’un décorateur qui fait la transition. Ces 2 vues rattachent à 2 styles bien distincts, on a aussi ici, différentes caractéristiques communes : importance accordée à l’ornementation bien que différentes. La volonté de proposer un intérieur stylistique ment homogène. On a dans cette période de l’art déco, l’émergence d’un ensemble mobilier qui est en parti l’héritage de l’art nouveau. Le peu d’intérêt qu’il a suscité car une méconnaissance de son oeuvre. Il est trop de long de nommer toutes les fonctions et distinctions qui jalonnent sa carrière, notamment au début de sa carrière parmi les 1ers membres fondateurs de la SAV (crée en 1901) jusqu’à plus tard son élévation au grade de commandeur de la légion d’honneur en 1938 (déjà chevalier de légion d’honneur en 1920). Dans la bibliographie, catalogue d’exposition récente de l’art déco, en 2014 « quand l’art déco séduit le monde ». A la fin figure des minis fiches biographiques des acteurs de l’art déco. Maurice Dufrène n’y apparait pas, il a été oublié mais a été très présent. Un constat symptomatique alors que sa présence est prépondérante depuis les années 1900 jusqu’aux années 1930 et meme au delà de l’après guerre (1947). Pourquoi sa carrière a été oublié ? Peut être parce qu’il a suivit les tendances sans se faire remarquer. Peut être une carrière trop académique, trop officielle, ou peut être en raison d’une fin de carrière qui peut poser problème notamment au niveau de la 2nde GM. Toutes ces questions restent ouvertes… 

Les débuts de sa carrière 

Il nait en 1876, il se forme à l’école National des Arts Décoratifs vers 1894/95 et y reste jusqu’en 1899. Lors de cette formation, il se fait remarquer et obtient de nombreux prix. Les mentions les plus anciennes datent de 1897, elles se rencontrent dans le cadre du "p.2" concours notamment de la revue « Arts et décoration » 

l’œuvre la plus ancienne retrouvée : Porte allumettes, reproduit dans Art et décoration, 1897

 Obtention d’un 1er prix dans le concours. On peut évoquer les louanges d’Eugène Grasset > il met au 1er plan la question du pratique, de la fonction « on peut dire que le seul projet vraiment artistique et pratique à la fois est celui de Dufrène, une nécessité constructive simple et motifs ornés peu nombreux et riches ». Service à thé et à café édité par La maison Moderne, vers 1900 Il fera plus tard état de son insatisfaction de son enseignement, et il va dire que son vrai apprentissage fut le contact direct avec l’industrie et le marché. Ainsi, Julius Meier-graphe ouvre en 1899 la galerie « la maison moderne ». Dufrène fait parti des artistes qui produisent le plus d’objet pour la Maison Moderne dans des supports très variés. Plusieurs exemplaires dans les grands musées et sur le marché de l’art. Très connu. Plat en cuivre repoussé et argenté, reproduit dans l’Art décoratif, octobre 1901 Dès cette époque sa production en art nouveau est + abondante qu’elle émane ou non de la Maison Moderne. On peut citer la revue « Art décoratif » > « art et commerce » en Octobre 1901 > dans cet article les quelques productions reproduites « ne sont qu’une toute petite partie de 100 bibelots en métal, … en quelques mois le tout sur commande pour le commerce ». L’activité de Dufrène est marqué dès le départ par cette activité commerciale > une diffusion de la modernité vers le + grand nombre. Un élément que l’on retrouve lorsqu’il devient un représentant de l’art déco. 

Ornementation moderne, planche publiée dans « Dekorative Vorbilder, vol.XV, 1904 

La question de l’ornement et de son usage rationnel très important dès le début, il va dessiner de nombreuses planches de modèles d’ornements. Déjà une volonté de fournir et de difuser des modèles qui annoncent de façon précoce la suite, l’activité pédagogique de sa carrière. On retrouve la notion d’enseignement dès la fin des années 1900, pour des notions décoratives > et suivi par correspondance. 

Chambre de dame, 1903, in Maurice Dufrène, Un intérieur Moderne, Paris, c. 1905-1906, pl. 4 

En 1903, il passe d’une P° de bibelots à une production de mobilier et d’aménagement d’intérieur dans une manière plus globalisante. Les 1ers aménagements présentés au salon apparaissent depuis 1903. On a donc une planche mal datée, publiée en 1903 > différentes pièces d’un appartement de style Art nouveau. Toute une série qui jalonne sa carrière > il "p.3" présente l’ameublement et le décor. On a ici une chambre de dame, un ouvrage agrémentée d’une préface due au critique Gustave Soulier qui va évoquer la façon dont Dufrène conçoit la question du décor de façon rationnelle. Cette notion est très importante pour la suite. « .. pas de matière inutile, l’ornementation participe à la construction du bois, elle en dégage les sentiments ». On a affaire au versant curviligne de l’art nouveau. 

 Chambre à coucher, Salon de la Société nationale des Beaux-Arts de 1907, reproduite dans Art et décoration, janvier-juin 1907

 Dès ces années, il va tendre vers davantage de simplification; il réagit vers les réactions les plus excessives de l’art nouveau > vers une ornementation + sobre, + calme et géométrique. 

 Salle à manger, Salon des Artistes Décorateurs, 1911 + Salon d’Automne, reproduite dans la Revue de l’art ancien et moderne, n°169, avril 1911

Cette simplification ne cesse de croitre > une sobriété dès les années 1910, il cherche à porter son attention sur une construction logique des meubles qui s’accompagnent de l’introduction de référence à la tradition de mobilier français comme certains de ses contemporains. Très remarqué et représentatif de cette tendance dans une tradition > 1er représentant important du 1er art déco des années 1910. Aux cotés d’autres artistes qui cherchent à régénérer le mobilier en emprunter la voie de la tradition. Ces années 1910, sont fondamentales pour Dufrène, car suite au debut de carrière, il a su déjà asseoir sa réputation. Une importance qu’il prend à ce moment là grace à 3 raisons : 

- A. Versant pédagogique de son activité À partir des années 10, notamment en devenant en 1911 professeur à l’école Boulle, ou il dispense un cours de composition décorative et ce, jusqu’en 1923.!« A propos de meubles. Le siège », Art et décoration, juillet 1913!Il a enseigné dans d’autres établissements aussi, mais il va vraiment marquer la génération d’élèves de Boulle. En 1955 (année de la mort de Dufrène), à cette occasion André Frichiet (directeur) publie un article le concernant et dit « ils ont retrouvé la voix égale et courtoise de leur professeur, qui, d’une parole simple et précise disait ce qu’il aimait, ou ce qu’il aimait pas ». 

Paul Follot, chaise longue, vers 1912, bois de hêtre sculpté et doré, Musée des Arts décoratifs, Paris -Paul Follot, paire de chaises à motif de corbeilles chargées de fruits et de fleurs stylisées, 1912, bois fruitier sculpté et bois exotique plaqué, assise en cuir maroquin "p.4" 

- B. Son activité de conférencier et théoriciens À partir des années 10, il commence à s’exprimer à l’écrit comme à l’oral sur la conception des arts décoratifs, ainsi en 1913, il signe des articles comme celui-ci qui porte sur les sièges. Les nombreuses illustrations font part des dernières evolutions en la matière, et dans ces illustrations on trouve également des oeuvres d’autres acteurs comme Paul Follot, Léon Jeannot > ces meubles sont montrés sous la forme de photo ou de dessin/schémas. Il appréhende ces meubles d’une manière analytique et rationnelle. On a donc la chaise longue (1912), la paire de chaises à motif de corbeilles chargées de fruits et de fleurs stylisés de 1912. On a ici la caractéristique des roses, des fruits et de la forme (sobriété : même état d’esprit). Dufrène affirme dans son texte sa préférence pour la pondération et le rejet du superflu dans la décoration « la décoration plane ornemental non pas usager et pratique, elle est le complément agréable mais pas indispensable. Dans un siège ou autre objet le point essentiel est la forme et le volume, non le décor. Le décor est une récréation, la forme est une nécessité. » 

 On comprend comment il s’engage dans le fonctionnalisme de la production. !« Maurice Dufrène. Ses idées sur l’art décoratifs (Suite) », Art & Technique, revue belge mensuelle, 1ere année, n°3, juin 1913 !semble à incarner une ligne du juste milieu, il cherche à rationaliser l’usage selon sa destination. ici, une retranscription d’une conférence qu’il fait en Belgique et reproduit dans une revue belge. Des illustrations « Fragment de la Découverte de la décoration d’une salle à manger » : un ornement toujours présent, mais qui rejette tout exubérance et qui va vers une certaine géométrique. Durant la Première Guerre mondiale, il est réserviste. Mais il continue son activité : conférence sur le meuble au CNAM dans le cadre d’un cycle dans le cadre du « comité centrale des activités » > on y trouve des considérations qui souligne la primauté que donne Dufrène à la fonction du meuble et des objets. Lire sur le diapo

- C. La prise d’importance de son activité commerciale Par la création en 1912 d’une!entreprise « la Maurice Dufrène & Co » > il va être le directeur de la façade de l’hotel particulier au 22, rue Bayard à Paris. 

Façade du 22, rue Bayard, photo de 1912

Cet immeuble dont il conçoit l’ornementation abrite la société d’ameublement dans un hotel particulier qui lui sert aussi d’espace d’exposition comme un showroom. La 1ere Guerre va ralentir la création de la société, mais reste active pendant la guerre. "p.5" Suite à la guerre, l’activité de 

- D. Reprend un rythme soutenu : 

Showrooms de la société Maurice Dufrène & Cie, 1918 

Une tradition modernisé avec une référence aux styles néoclassiques (formes inspirés des styles Louis XVI et Directoire de la fin du 18eme siècle). Typique de ce qu’il fait au sortir de la guerre. Une inspiration comme :

Chambre, reproduction publiée dans Feuillets d’art, n°4, décembre 1914 
Chambre à coucher, reproduite dans Les Modes, n°191, 1920 

Un mobilier caractéristique de la carrière de Dufrène précisément de cette période. Usage de pieds cannelés qui renvoie au style Louis XVI et au Style Directoire. 

Carton d’invitation à l’exposition Maurice Dufrène, 15 mars - 15 mai 1921 
Carton d’invitation à une exposition de Dufrène à la société Maurice Dufrène & Cie. 

Dans l’illustration à droite, on a des oeuvres caractéristiques (bergères) qui puisent leur inspiration de la fin du 18eme. Ses meubles se caractérise par l’usage d’un motif ornemental très précis : la volute (qu’on retrouve dans le style Louis XVI et Directoire) qu’il utilise comme un ornement graphique. Il assure une visibilité/diffusion et une commercialisation de son œuvre. Cette exposition est organisée quand la société va être liquidée. Il a des problèmes financiers, et dispositif commercial de + grande ampleur qui va prendre le relais dans sa carrière 

Galeries Lafayette

Hall et stands de La Maitrise, Galeries Lafayette, 3eme étage, Paris, photo reproduite dans un prospectus de La Maitrise, 1922

Fin 1921, lorsqu’il ferme sa société, il devient le directeur artistique de ces ateliers La maitrise pour les grands magasins. Un moment très important. Lafayette fait appel à un artiste décorateur reconnu pour la création d’art appliqué comme la fait 10 ans plus temps Le Printemps. Déjà en 1917, on sait que les galeries Lafayettes s’étaient attaché des services de l’artiste Philippe Aubert qui n’a pas perduré. Au début des années 20, c’est Dufrène, la vue de cette époque. Un type de tapis circulaires. "p.6" Dufrène, Rusticana, salle à manger éditée par La Maitrise, 1922 Il faut également voir qu’il y a clairement des ateliers des grands magasins, une volonté évidente de diffusion commerciale à portée démocratique > une P° de qualité artistique mais accessible à une clientèle issue de classes sociales diverses. Mais Utopique comme à l’art nouveau > pas étonnant qu’il prend part à cette volonté de démocratisation. Cet ensemble est proposé dans le catalogue conçu par Dufrène et vendus aux galeries Lafayette, il la présente au Salon des Artistes Décorateurs de 1922. « Seul Dufrène a installé un ensemble édité dans des conditions démocratiques. La situation qu’il occupe à la tête des ateliers alors que ses confrères n’ont pas de moyens de pénétration, demeure attaché à satisfaire une clientèle conçue mais restreinte ». Les éléments sont vendus pour l’ensemble 1250 francs  facilite la diffusion vers une gamme plus large de gammes sociales. Ce point montre la vision très élitiste de ceux qu’on appelait de l’art déco… Il s’attache à créer une production + abordable. 

 Vue de l’atelier de la Maitrise des Galeries Lafayettes, vers 1921-29, photographie Bibliothèque Forney, Paris

On voit des décorateurs connus qui ont travaillé au sein de l’atelier afin d’avoir une carrière plus large. On peut reconnaitre un modèle de tapis de Suzanne Guiguichon (décoratrice qui a eu une carrière dans les années 60). On peut d’ailleurs voir Henri Brochard (qu’elle va épousé). Ils vont travailler ensemble. + une personnalité plus connue > les frères Jean et Jacques Adnet. On peut aussi évoquer rapidement comment les activités de la maitrise sont diversifiées. 

Vue du Salon du Gout français, décoré par La Maitrise, 1922, carte postale photographique

Exposition qui visait à promouvoir la production nationale, présentée de manière singulière sous la forme de photographies de couleur. Les ateliers de la Maitrise sont chargé de faire le décor ici ainsi que le mobilier. Importance sur l’ornement > la décoration des surfaces aussi. La diversité de ces ateliers > Etalage de blanc composé par La Maitrise, vitrine des Galeries Lafayette, produit dans l’agenda 1923 des Galeries Lafayette, Archives des Galeries Lafayette, Paris L’art de l’étalage devient tout un art. Des décors pour des bals, ou aménagement d’une maison close parisienne. "p.7" 

Exposition de 1925

Jean Hiriart, Georges Tribout, Georges Beau, pavillon de La Maitrise, Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris, 1925, photographie, Archives des Galeries Lafayette Un pavillon érigé par la maitrise pour l’exposition internationale des arts décoratifs. Les architectes sont choisis par le comité de sélection des galeries Lafayette, mais c’est bien Maurice Dufrène qui est le directeur artistique du pavillon. On conçoit les diff. Décors et mobiliers de l’intérieur. Maurice Dufrène, Hall, pavillon de La Maitrise, exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris 1925 Dans lequel on distingue des pièces aménagé dans le pavillon. Chambre de dame, pavillon de La Maitrise, exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris, 1925 Chambre de dame de la conception de Maurice. Un ensemble qui montre un emploi des lignes sinueuses, héritage de l’époque art nouveau tout en le liant à une certaine tradition française. Salle à manger, pavillon de La Maitrise, exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris, 1925 Une salle qui est l’une des réalisations les plus connus en exposition de 1925.Caractéristique de ce versant traditionaliste de l’art déco. Un écho très large dans la presse de l’époque ou dans des portfolio. Salle à manger, vue reproduite dans Léon Deshairs, exposition des Arts Décoratifs, Paris, 1925 Même salle à manger publié dans le portfolio en question. Rue des Boutiques, exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris, 1925, carte postale photographique Mais la construction de Dufrène ne se limite pas au pavillon de la Maitrise. Il est très présent > il est président de la classe 7 de l ’ e x p o s i t i o n , c e l l e consacré aux ensemble de mobiliers (président du jury) ce qui le mène à la publication d’un portfolio/album de planches, « ensemble mobilier ». Devanture de la rue, mais architecture éphémère. Cette rue s’étend sur le pont Alexandre 3 > porte 40 boutiques sur 2 rangs. Importance de l’ornementation,, critiques de la presse pas forcement positives. "p.8" 

 Petit Salon, pavillon Une Ambassade française de la Société des Artistes Décorateurs, Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris, 1925, reproduit dans Une Ambassade française, Paris, 1925 Dufrène fait également le pavillon Une ambassade française. Il est un des premiers membres de cette SAD depuis 1920. D’ailleurs, il sera beaucoup plus tard président. Pour ce pavillon il conçoit dans les ateliers de la Maitrise > une petite galerie, et un petit salon dont certains elements sont du faite d’autres décorateurs. Par exemple, Georges Chevalier pour le lustre. C’est Maurice Dufrène qui dirige l’ensemble. Une vue photographique de ce même intérieur luxueux On se rend compte qu’on un versant plutôt traditionaliste > très luxueux. Qui sont parmi les plus emblématiques de ce versant traditionaliste de l’art déco. Maurice Dufrène et pierre Selmersheim, Pavillon du gant, édifié par la Chambre syndicale des fabricants de peau de Grenoble, Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris, 1925, photographie du studio Henri Manuel En collaboration avec Pierre. Pour la chambre syndicale des fabricants de peau de Grenoble. Lors de l’expo, diff. Régions sont représentées selon leur spécialité. L’ornement de la façade. En 1925, Dufrène est présent en d’autres lieux dans les salles de l’enseignement technique du Grand Palais, sur les stands de la manufacture de Beauvais, pour la classe 7. Mais aussi pour : Salon de dames, aménagement d’une voiture nouvelle présentée par la Compagnie des chemins de fer d’Orléans, exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris, 1925, photographie reproduite dans L’Illustration, 83eme année, n°4313, 31 oct. 1925 Pour lequel il conçoit ce salon de dames pendant que Francis Jourdain conçoit un fumoir. Certaines des réalisations présentées, ont sans doute contribuer à renvoyer une image très élitiste de la production comme dans les derniers exemples. Cuisine, éditée par La Maitrise, reproduite dans Maurice Dufrène, Les Intérieurs français au Salon des Artistes Décorateurs, en 1926, Paris, C. moreau, 1926, pl. 16 Dufrène tente également une démocratisation des arts décoratifs, dresse lui meme ce constat. Il publie un autre portfolio en 1926 consacré aux aménagements intérieurs présentés au Salon des Artistes Décoratifs. Chaque année dans le cadre de la SAD, il fait un portfolio publié. Assez "p.9! intéressant, dans cette préface, il dit que son but avait été de convaincre en faisant « se confronter tous les savoirs et tous les arts sous les expressions les plus riches ». « que par les moyens exceptionnels par leur matière et par leur technique ». Il veut « abandonner les programmes » > pour faire place à des ensembles d’aménagements courants. Il présente donc cette cuisine 1 an plus tard, on voit un retour évident à davantage de sobriété. « Appartement d’un français moyen » avec un mobilier fonctionnel dont fait partie cette cuisine. Il est clair que suite aux réactions de l’exposition de 1925, Dufrène fait preuve d’une capacité d’adaptation suite aux critiques. R.C., « L’automobile au Salon d’automne », Le Bulletin de la vie artistique, 7e année, n°22, 15 novembre 1926, p.341-342 Les propos de Dufrène s’inscrivent dans une démarche (depuis très tot) relevant du fonctionnalisme. Un article qui s’interroge sur la possibilité de créer au Salon d’Automne, une section spécialisé à l’esthétique de l’automobile. Dufrène qui avait déjà créer des carrosseries et des décors pour les camions pour les Galeries Lafayette, il pose la question du sujet. « Les décorateurs qui tournent leur effort vers ça, devraient oublier qu’ils sont décorateurs, ils réalisent maintenant des oeuvres qui donnent une réelle impression de beauté, or, ils sont parvenus que par une observation rigoureuse des lois de la mécanique, une conception rationnelle ». > on comprend bien qu’on est dans une démarche rationaliste, et c’est la question du fonctionnel qui prime. Boudoir, Salon des Artistes Décorateurs, Paris, 1927, reproduit dans La revue de l’art ancien et moderne Le problème qui se pose chez Dufrène, c’est ses constantes oscillations stylistiques/esthétiques. Le cas entre son discours général (fonctionnaliste) et certains aménagements qu’il continue à perpétuer (traditionaliste/luxueux) comme pour ce boudoir. Encore, une impression de luxe qui se dégage. Salon-studio de Mme Régina Camier, reproduit dans l’Illustration, 87eme année, n° 4482, 26 janvier 1929 Idem impression de luxe dans ce salon. Une commande qui amenait à créer dans un contexte de luxe. Donc à prendre en considération, la part du commanditaire dans l’aménagement de l’ensemble. Coin de l’escalier édité par La Maitrise, Salon des Artistes décorateurs, Paris, 1928, reproduit dans René Prou, Intérieurs au Salon des Artistes décorateurs, Paris, 1928 !Cependant, dans la fin des années 20 et le début des années 30, Dufrène porte un oeil attentif aux dernières tendances > il va expérimenter à son tour comme nombreux de ses contemporains, l’usage du métal tubulaire. On peut voir ici cet usage, emblématique des développements modernistes à cette période comme on peut le voir dans le fauteuil. Des recherches fonctionnalistes qui le mène à ceci. On y apprend que Dufrène utilise « le !p.10! tube nickelé qu’il réchauffe en faisant passer le chauffage central dans la rampe d’escalier ». Alors, bien que ce ne soit certainement pas ce qui était le + valorisé, l’oeuvre de Dufrène comporte un moment de réalisation qui, sur le plan esthétique, comme dans la démarche (rationaliste/fonctionnaliste) sont des oeuvres typiquement modernistes. Ce qui souligne de manière globale que les frontières sont poreuses entre les différentes tendances (l’art déco et le design moderniste/fonctionnaliste). Maurice Dufrène, éléments de serrurerie, édités par Fontaine & Cie, vers 1928, Musée des arts décoratifs, Paris Un autre exemple du moderniste > éléments de serrurerie. A l’époque de l’art déco, la Fontaine & Cie (très ancienne qui existe encore) va commander différents éléments à des grands décorateurs de l’époque (Ruhlmann, etc…). La maison commande à Dufrène > une esthétique géométrique, moderniste. On sait que ces éléments sont présents au salon des artistes décorateurs de 1928. On est avant la scission en 1929 de la SAD.Dufrène fait parti de ces artistes décorateurs qui vont rester fidèles à la SAD, mais va faire des recherches fonctionnaliste comme : - Meubles combinables, juxtaposables et superposables, édités par La Maitrise, Salon d’Automne de 1929, reproduits dans Art et Décoration, juillet-décembre 1929 - Rayon des soieries, Opéra-bouffe en un acte, 1930, affiche Exposé au Salon, et Le Corbusier/Perriand/Jeanneret > le trio qui présente leur équipement. Le trio a reçu plusieurs critiques > « la standardisation est à l’ordre du jour, Monsieur Le Corbusier/Jeanneret/Perriand ont étudier pour leur équipement.Dufrène avait une tendance différente > meuble candidat extrêmement ingénieux, l’élément de base ». Certes, lors de la scission de 1929, Dufrène reste fidèle, mais dans les années 30, une grande partie de sa production souscrit bien à une esthétique moderniste pour laquelle l’ornement (parfois présent) est plus rare, une ligne artistique générale. Par exemple cette affiche qu’il dessine pour Opéra-bouffe, une esthétique moderniste, et on peut noter que les décors et costumes avaient également été conçu par Dufrène et édité par la Maitrise ce qui renvoie aussi à la diversité de leurs production. - Lustre, cuivre nickelé et tubes de verre, édité par La Maitrise, reproduit dans Decorative Art, The Studio, The Studio Year Book, Londres, 1931 - Lampadaire, cuivre nickelé, édité par la Maitrise, reproduit dans Decorative Art. The Studio Year Book, Londres, 1931!Cette période est celle où l’esthétique de !p.11! Dufrène s’attache davantage à celle du modernisme. Comme pour ces deux exemples > pour lesquels, Dufrène utilise des matériaux modernes comme le cuivre nickelé et tubes de verre. Dans le Year Book du Studio, on a des réalisations qui ne correspondent pas à l’idée que l’historiographie s’était faite de ce décorateur. « A Survey of Modern Tendencies in Decorative Art », Decorative Art, The Studio Year Book, Londres, The Studio Ltd., NY, William Edwin Rudge, 1931 Mais finalement, certains propos que Dufrène tient sont plutôt paradoxaux, notamment dans un article de ce Year Book consacré aux dernières tendances décoratives. Il a un discours teinté d’un certain nationalisme/patriotisme, dans lequel il fustige les développement à l’échelle mondiale d’une esthétique standardisée qui s’exprimerait selon lui au détriment de l’individualité artistique et au détriment de l’esthétique nationale. Il dit au sujet des sièges tubulaires « la meme chaise tubulaire est produite en série, se retrouve dans presque tous les pays : l’Autriche, les Etats-Unis, l’Allemagne, la France, etc… C’est la chaise amovible, neutre ». Dufrène s’est essayé au mobilier en métal tubulaire, et dans la même publication, il signe en effet un autre article qui est un contretemps d’un choix étendu d’un choix d’aménagement américain et il enfonce ce mobilier en acier tubulaire conçu par LC/P/J. Le Corbusier : Charlotte Perriand, Le Corbusier, Pierre Jeanneret, table extensible sur roulettes (système brevetée S.G.D.B.à, 1930, chaise longue basculante LC4, tabouret LC8, fauteuil LC7 et fauteuil LC1 édités par Thonet, 1928, photographie Jean Collas reproduite dans Decorative Art, The Studio Year Book, Londres, The Studio Ltd., NY, William Edwin Rudge, 1931, p.51 On en reparlera. Charlotte Perriand, table extensible, 1927, bois, aluminium et acier chromé, exécutée par Labadie, artisan serrurier, Musée national d’art moderne, Centre Georges Pompidou, Paris Pour comprendre ses propos, il est important que Dufrène loue les mérites de Perriand. Il connait bien car il l’a eu en élève dans les années 20. C’est ce que l’on apprend dans plusieurs passages des mémoires que Charlotte Perriand a écrit dans les années 1998, « Une vie de création ». Au début des années 20, Perriand était inscrite à l’école des arts décoratifs. Et elle suivait des cours du soir dispensés par Maurice Dufrène. Dans ses mémoires, elle a des propos qui sont favorable le concernant en rappelant à quel point il avait été un soutien pour elle, il a encouragé à effectuer ses premières expositions dans les Salons, et puis, quand en 1927/28, elle rentre dans l’atelier du Corbusier, Dufrène aurait été navré et aurait dit !p.12! « vous allez vous desséchez ». Autre point à noter, cette table extensible dont le prototype, elle fit appel dans sa conception à un artisan serrurier du nom de Labadie. Et on sait que ces artisans sont aussi appelés pour les meubles en acier tubulaire dans la collaboration avec Le Corbusier et Pierre Jeanneret. Or, Perriand dans ses mémoires, nous apprend que c’est Dufrène qui lui aurait conseillé Labadie, or, c’était le beau-frère de Maurice Dufrène. En ce qui concerne le lien entre Dufrène et Perriand, il faut évoquer aussi : Le Corbusier, Charlotte Perriand, Pierre Jeanneret, La Maison du Jeune Homme, Exposition internationale de Bruxelles, 1935 L’exposition internationale de Bruxelles de 1935 : lors de laquelle Perriand et ses camarades présentaient cette installation. Dans ses mémoires « pour l’exposition, Maurice Dufrène fut nommé responsable de la selection française et n’oubliez pas ces jeunes dissidents qui en 1929 avaient démissionné de la SAD, peut être à l’époque ils n’acceptaient pas notre désir de s’exprimer ensemble, afin d’exprimer notre modernité. Il proposa à René Hernst, et à moi même un programme auquel j’associais le Corbusier et Pierre Jeanneret ; la Maison du jeune Homme. ». Donc on voit encore le discours entre les deux poles art déco et modernisme. Maurice Dufrène, aménagement du casino de Challes-les-Eaux (Savoie), reproduit dans l’Art vivant, n° 146, mars 1931, p.93 Maurice Dufrène utilise ses fameux mobiliers en métal tubulaire dans certains aménagement comme dans ce casino. Les fauteuils en métal se distinguent, il fait acte des autres choses qui se font à l’époque > on remarque ici un modèle dessiné par Marcel Breuer. Il a beau fustigé cette chaise mais il ne l’intègre pas moins dans ses aménagements. En ce qui concerne, le mobilier en métal tubulaire il faut reconnaitre que cela semble qu’épisodique dans sa production, et que de façon plus générale, il affirme une préférence assez nette pour le bois. Alors ca n’empêche pas dans son approche de continuer de privilégier certains éléments fonctionnalistes, comme dans : Chambre à coucher, exécutée par La maitrise, reproduite dans Maurice Dufrène, Meubles meublants, Paris, E. Moreau, 1934, pl. 18 Préface d’un portfolio qu’il écrit et qui se nomme « Meubles meublants » : « Déjà débarrasser du fatras prétendu décoratif et des complications intitules de la fin du dernier siècle, nous créons des meubles plus simples, plus confortables, plus pratiques. Et de ce fait, une meilleure esthétique. » Dans ce portfolio, figure cette chambre à coucher pour laquelle nous retrouvons cette esthétique. !p.13! Cantegril. Intérieur de campagne, Salon des Artistes décorateurs, Paris, 1934, reproduit dans Art et Décoration, 1934, p. 192 Par ailleurs, au sein des différentes expérimentations de Dufrène, on peut évoquer l’intérêt qu’il porte entre 1932-34 environ, à la création d’intérieur campagnards. D’intérieur plutôt rustiques, ce qu’il avait déjà pré-expérimenté dans les années 20, avec « Rusticana ». Mais ici, cela correspond à une vogue générale qui est une vogue régionaliste dont on parlera surement plus tard (Ruhlmann par exemple). Ici, un intérieur de campagne présenté au Salon en 1934 > en somme, la difficulté qu’on peut avoir à aborder cette oeuvre réside dans son hétérogénéité, et dans la co-existence de réalisations très diverses. Ainsi dans les années 30, Dufrène peut oeuvrer à la réalisation d’un décor aussi éclectique comme : Décoration intérieure du Cinéma Rex à Paris, 1933 Décor de la salle du Rex > évoqué dans la revue « Art et Décoration » car c’est une décoration effarante > « un défi au gout à mon sens » Un article ou l’on omet volontairement le nom de Dufrène. De même, en certaines occasions, Dufrène revient à des aménagements plus luxueux comme : Chambre de Mme E. B., éditée par La Maitrise, Salon des Artistes décorateurs, Paris, 1936, reproduite dans l’Art et les Artistes, nouvelle série, mars-juillet 1936, p. 319 Bien éloigné du moderniste, cette chambre est un exemple parlant > on a ici l’emploi d’une tenture de satin capitonnée avec boutons de cristal + des meubles en laque rouge et or. Suivre la carrière de Dufrène permet de voir comme il semble constamment adapter sa production aux recherches contemporaines, à leurs capacités d’adaptation,… Charlotte Perriand dans ses mémoires au sujet des décorateurs et plus spécifiquement de Dufrène et d’un autre prof : « Leur limite était de suivre sans se poser trop de questions les modes de l’art décoratif. » Quoi qu’il en soit, c’est ce qui permet à Dufrène d’avoir une carrière qui est ascendante, alors que des responsabilités officielles importantes lui sont confiées. Ainsi, Exposition internationale des Arts et des Techniques dans La vie moderne, Paris 1937, catalogue général officiel, Paris, Dèchaux, 1937, p. 11 Lors de l’exposition de 1937, Dufrène est le président générale du comité comme on peut le voir sur cette page du catalogue. Lors de l’exposition elle même, il montre des aménagements : !p.14! Chambre de dame, éditée par La Maitrise, reproduite dans Maurice Dufrène, Ensembles mobiliers, exposition internationale de 1937, Paris, C. Moreau, 1937, vol. 1, pl. 14 Une chambre qui semble montrer l’hésitation constante de Dufrène > aménagement + luxueux aux formes + curvilignes et ou le motif ornemental a le droit d’exister notamment avec ce grand tapis (végétal), le capitonnage > mais aussi il montre en même temps : Ensemble, édité par La Maitrise, reproduite dans Maurice Dufrène, ensemble mobiliers, exposition internationale de 1937, Paris, C. Moreau, 1937, vol. 1, pl. 31 Cette ensemble qui a plus de sobriété dans une tendance fonctionnaliste. Sur le plan stylistique, toujours ces constantes hésitations qu’on a évoqué. Une recherche des arts décoratifs sur plusieurs décennies. Ou alors, une fin de carrière assez cool ? Artistes et artisans, 6 conférences prononcées à l’exposition de la sélection nationale artisanale de 1942, pavillon de Marsan décembre 1942, Paris, Ministère de la Production industrielle et des communications (service de l’artisanat), 1943 Assez important car finalement, c’est en 42, que Maurice Dufrène devient le président de la SAD. On apprend dans le Figaro du 6 janvier 1942, que Philippe Pétain lui accorde une longue audience. On peut également évoquer, sa participation à un cycle de conférences qui se tient en décembre 1942 au Pavillon de Marsan > une conférence qui se tient dans le cadre d’une expo de la sélection nationale des artistes des arts français ? Ainsi qu’une conférence publiée l’année suivante « Artistes et artisans ». Ses écrits comme pour d’autres contemporains dans le contexte de l’entre deux-guerres, font part d’une défense d’un art national. Il faut en parler avec le recul nécessaire, et il est vrai pour Dufrène, car il s’agit d’une question essentielle qui se pose sur l’impact dans les arts déco. Comme il s’est posé des questions sur Le Corbusier dans son lien avec le régime nazi. Des peintres comme André Derain ont fait le voyage en Allemagne. En ce qui concerne Dufrène, dans les archives de la SAD, il est assez clair que la SAD se trouve dans une situation critique sur le plan financier si Dufrène rencontre le Maréchal c’est parce qu’il lui donnait de l’argent > il y a cette idée du plan financier à cette période. Il faut dire aussi (même si ca ne veut pas dire grand chose) que Dufrène n’a pas été forcement inquiété par la guerre. Il faut s’interroger aussi la situation des ateliers La Maitrise qu’il a dirigé. Durant l’occupation, les galeries Lafayette sont arianisé?. Les fondateurs, Alphonse Kahn et Théophile Bader (juifs), or, Dufrène semble avoir été proche d’un des cousins notamment de Théophile, c’est Bader qui l’a engagé comme directeur officiel de la Maitrise. C’est sous son parrainage, que Dufrène fut élevé au grade d’officier de la légion d’honneur en 1926. !p.15! Mobilier de grande série, exposition internationale de l’urbanisme et de l’habitation, Paris, 1947, reproduit dans Le Décor d’aujourd’hui, n°41, 1947, p. 46 Il fut encore un peu actif après la seconde guerre mais on peut pas dire que c’est dans le versant conservateur. Bien au contraire dans certains cas, en 1947 : lors de l’exposition internationale de l’urbanisme qui s’inscrit dans le contexte de la reconstruction et donc à ce moment là, Dufrène est âgé de 71 ans et il va en toute fin de carrière, continuer à rester attentif aux nécessités de son temps notamment dans ce contexte. Et il expose du mobilier en grande série > qui inscrit son activité dans une dimension fonctionnaliste, et qui également est à dimension sociale. On peut se référer à ce qu’écrit Maurice Barett, au sujet de ce mobilier dans la revue « Le décor aujourd’hui » : « Voici les meubles réalisés par Maurice Dufrène, en vue de la grande série, ce sont des planches façonnées et assemblées à vis, suivant un plan pré-conçus. L’invention réside dans la vis, celle-ci est tubulaire…Ainsi le bois n’est pas abimé par des montages successifs. Le transport de ces meubles est des plus faciles, se réduisant à des piles… ». Ces paroles permettent de conclure sur cette longue carrière. Cette dernière citation très technique, résume très bien le soucis constant d’un artiste comme Dufrène pour la conception d’un décor fonctionnel. Et remet en cause les catégorisations très rapides proposées pour qualifier la production d’un très grand nombre de décorateurs de l’entre deux-guerres. Pourquoi il a été oublié ? Il existe un petit fils de Maurice Dufrène > Jean-Christophe qui vit à Athènes. Il n’a pas connu son père ni son grand père. Une situation financière de Maurice assez difficile, même sa veuve a des difficultés, elle écrit pour vendre les oeuvres de son mari défunt.

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