jeudi 18 juin 2020

Reims zoom // 25,17 Wilson : station de relais PTT

7, boulevard Barthou, via Google Street View - modifié (https://www.google.com/maps)

Complément du circuit Wilson : point 25.17 - station de relais PTT, 1945, Charles Henri Royer, arch.
Un plan de Reims dressé le 2 août 1944 permet d'évaluer les destructions de la Seconde Guerre mondiale entre l'invasion en 1940 et les bombardements alliés de mai-juin 1944  (reims.fr). Il mentionne également, pour la première fois, un local PTT dans le quartier Wilson. Cette "station de relais" est certainement à l'origine du nom donné à cette section du boulevard : Louis Barthou, ancien ministre des Travaux publics, des Postes et Télécommunications (de 1906 à 1909) mort dramatiquement en 1934 lors d'un attentat visant le roi de Yougoslavie. La rue lui est dédiée en 1935, année qui suit sa disparition et précède l'installation de la première station. 

À peine construit, le bâtiment d'origine semble avoir été détruit au moment de la libération de la ville. Pourtant, comme le résume Henri Druard (cndp.fr/crdp-reims) , la libération en août 1944 s'est faite avec peu de combats sur Reims : "Le mercredi 30 vers 7 heures du matin, on entendit les premiers chars américains rouler Place du Parvis, Place du Théâtre, rue de Vesle, Cours Langlet ; la foule se répandit immédiatement dans les rues et, à partir de ce moment, les unités motorisées ne cessèrent d'affluer. Il n'y avait eu de résistance sérieuse qu'au Pont Huon, pont sur la canal vers Châlons, par lequel les chars américains arrivés la veille au soir durent passer, le pont de Vesle étant sauté, et au Pont de Laon. Quelques Américains ainsi que quelques FFI furent tués."  Le même témoin donne la liste des destructions qui marquèrent cet événement, : "Les dégâts se réduisent à la destruction du pont de Vesle, à celle du pont du chemin de fer de la ligne de Reims à Paris, au-dessus du canal ( Pont de Soissons ), à celle du Poste principal de signalisation de la gare de Reims. D'autres destructions partielles, la gare de voyageurs et quelques locaux grenadés par les Allemands avant leur départ se révèlent peu à peu."  

Parmi les "oubliés" de cette liste des ouvrages détruits ("grenadés") en août 1944 : la station PTT du boulevard Barthou. Toutefois, la présence de graffitis de soldats datés de 1945 sur les piliers de l'entrée, attesteraient d'une préservation du mur de clôture d'origine. On y trouve notamment "Caporal René - le Petit Poison - 19-02-1945" et "Roger Baynard - le chanteur - 1-3-45". Ces graffitis sont connus des habitants du quartier, comme l'un des rares éléments historiques relativement ancien dans ce quartier. Leur authenticité laisse peu de doutes, reste à trouver pourquoi des soldats viennent graver leurs noms ici six mois après la libération.de la ville, à proximité d'une ruine où les travaux de reconstruction sont annoncés. Ont-ils participé aux combats récents menés en Alsace ? Des soldats étaient-ils affecté sur ce point sensible ? Chose probable, car une salle forte semi-enterrée (de type "blockhaus") a été construite pour sécuriser une partie de la station, et les traces datant de la seconde guerre mondiale y sont encore nombreuses (vélo générateur d’électricité).

Vue sa fonction dans les communication, la reconstruction de cette station s'avère urgente, et l'on a donc ici l'un des rares exemples de bâtiment datant de 1945. Le dépôt de PC entre dans le cadre du rationnement avec le détail de tous les matériaux nécessaires à cette réalisation : l'essence et le charbon manquent, le béton et le métal sont encore réservés aux ouvrages d'art, même le verre, la terre cuite et le bois ne se trouvent pas sans difficulté...  Ce qui n'enlève rien à la qualité du bâtiment de Charles Henri Royer (fr.wikipedia.org), connu pour avoir réalisé le monument aux morts de Reims. Son style reflète ce "régionalisme moderne" qui marquait déjà la seconde moitié des années 1930, mêlant brique rouge ("louis XIII"), rythmes "classiques" et éléments modernistes (béton souligné en façade dans les travées et dans quelques puissantes horizontales). L'originalité pittoresque de certains détails comme les cheminées à redents, les pans coupés, les fenêtres non-superposées, évoquent encore le souvenir des Arts & Crafts qui ont tant marqué les cités-jardins de Reims. Vient ensuite une nette rupture de style lorsque sont ajoutés les bâtiments latéraux, d'un ordonnancement beaucoup plus strict.

Ci-après, dépôt de PC n°8625, juin-aôut 1945 et autres documents provenant des AMCR (archives-municipales-et-communautaires - Ville de Reims). 


vendredi 5 juin 2020

Focus Reims // 27,07 Centre : Cryptoportique

Patrimoine : Cryptoportiques, ph. Axel Coeuret, fonds O.T. Reims

Situé sous l'ancienne « place des Marchés », renommée place du Forum au XXe siècle, le cryptoportique intrigue par sa position en contrebas et son mur extérieur en petits moellons. Il aura fallu deux siècles pour redécouvrir l'étendue et l'importance de cette galerie semi-enterrée inscrite au pourtour du forum – centre de la cité durant l’Empire romain. Le cryptoportique du forum de Reims peut être comparé à celui d'Arles ou de Bavay, mais ce type de substruction existe aussi sous les palais et les somptueuses villas romaines : la catacombe de Priscille et le Palatin à Rome, la villa Hadriana, le castel Gandolfo…

Le cryptoportique de Reims est uniquement accessible sur une section d'environ 60 m. de longueur, 10 m. de largeur et 5 m. de hauteur, soutenue par une douzaine de piliers, mais il se raccorde à un forum beaucoup plus vaste, dont on peut estimer les dimensions à environ 240 m. sur 120 m ! Cette superficie témoigne de l'importance de la ville de Durocortorum, durant la Pax Romana : la cité atteignait alors 600 hectares, c'était l'une des grandes capitales des Provinces de l'Empire romain.


Recette dessert // Flan coco "indus"


Copié-collé de Marmitton - belle recette de nos années "indus" (à l'opposé du "bio") : : https://www.marmiton.org/recettes/recette_delice-des-iles-a-la-noix-de-coco_57929.aspx

  •  1 boîte de lait concentré sucré 
  •  1 boîte de lait 1/2 écrémé (utiliser la boîte de lait concentré sucré comme mesure) 
  •  3 oeufs 
  •  120 g de noix de coco rapée 
  •  Caramel 
  1. Dans un saladier, battre les 3 oeufs. 
  2. Verser sur les oeufs la boîte de lait concentré sucré et y ajouter 1 boîte 1/4 de lait demi écrémé. 
  3. Incorporer la noix de coco râpée. 
  4. Mettre un peu de caramel liquide dans le fond du moule à cake, puis verser la préparation. 
  5. Faire cuire 45 minutes à 180-200°C (thermostat 6-7) au bain marie dans un plat allant au four (remplir d'eau le plat à mi-hauteur du moule à cake). 
  6. Sortir du four et lorsqu'il est froid, mettre le délice des îles au réfrigérateur. Démouler et servir très frais.

mardi 2 juin 2020

Travaux // couleur d'une porte d'entrée

Ajout 2022 : une fois la peinture achevée... la couleur est proche des céramiques de l'étage.


Au "10 bis", choisir la couleur de la porte : le blanc écrase les volumes, ce qui est dommage sur un bâtiment de 1923... Un retour au bois aurait été idéal, mais un "artisan" des années 1980 a décapé maladroitement au chalumeau en brûlant 10% de la surface et la plupart des arêtes !

J'aurais aussi aimé une "peinture faux bois", selon l'usage de la reconstruction rémoise, mais visiblement les anciens élèves de l'école Blot ont mieux à faire (article de l'Union)... Ci-après, d'autres essais avec le gratuiciel Gimp... sur les classiques : bleu-vert, rouge vif, vert wagon, marron...

lundi 1 juin 2020

Travaux // restauration huisseries


Comment restaurer une vielle fenêtre ou une porte d'entrée ? Préférer revenir au bois, sauf s'il est en (très) mauvais état. Dans ce cas, mieux vaut rajouter de la peinture qu'en enlever, car c'est l'ancienne peinture qui tiendra le mieux ! Mettre à vif, garder le bois pourri pouvant être consolidé : il suffit d'utiliser un excellent durcisseur. Inutile de dépenser trop en achetant une bonne pâte à bois, c'est le durcisseur qui va relier les matériaux... C'est là qu'il faut mettre le budget, et dans la peinture.

L'astuce  selon la tradition, pour toutes les huisseries en bois : peindre le dessous pour ne pas que l'eau pénètre, sans peindre le dessus pour que l'humidité puisse ressortir ! Un petit plus : suivre le même raisonnement intérieur - extérieur. Il ne faut pas obéir au conseil "pro" contemporain des rénovateurs ; au contraire, et faire hyper-étanche à l'extérieur (vernis marin, laque brillante glycéro), mais perméable à l'intérieur (peinture micro-poreuse ou, mieux; peinture à la chaux) ; car la "façade qui respire", c'est bon pour les murs, pas pour le reste.

Ci-après, les ingrédients et la recette pour l'extérieur...


Texte politique // Complot et SARS-CoV-2



L'épidémie est sous contrôle, presque derrière nous, et la théorie du complot arrive droit devant, ultra-droit devant. Alors, le SARS-CoV-2, complot ? "Ils" le font exprès ? "Ils", ce sont "eux", "ceux" qui nous gouvernent, déguisés en Dr Knock., pour Alain Soral - "seul" face à "eux" -, crâne rasé, cuir brun, T-shirt bleu marine. Cet ancien spécialiste de la mode a - au moins - su faire un style vestimentaire : le "faf" assumé, car s'affirmer "facho", c'est aussi suivre une tendance, celle du quadra-quinqua-blanc-catho (QQBC) rongé par les idées d'extrême droite : le cucubze, compagnon idéal des nuits agitées du succube. J'ai, moi-même, cette tentation de révolte face à notre monde mou et plat à la fois, au ventre plat et aux fesses plates sans muscle. Il nous écrase et nous attendrit pour mieux nous faire entrer dans le petit écran et sa bien-pensance en deux dimensions. Tout ça est tellement éloigné des reliefs sensuels et savoureux du monde palpable ! Comme tous les néo-mâles, j'ai la tentation de manger un max de viande, de porter un gros cuir marron, d'envoyer balader le bobo et le métro', d'épouser une blonde décolorée habillée en tigresse, d'être pro-réel et anti-virtuel, pro-action anti-théorie, de faire du survivalisme dans le bois du coin, de pratiquer un sport de combat, d'abandonner l'élite, de plonger dans le peuple. Dans le monde idéal de Disney, on peut avoir légitimement envie d'aller tuer des biches, surtout le matin, pieds nus dans la rosée.

Mais non, c'est une affaire de glandes. Il faut se calmer. Pour assouvir d'éventuelles bouffées de testostérone, mieux vaut aller voir les vidéos de Vincent Lapierre, soralien défroqué, nationaliste affirmé, et diverses choses cryptées qui agacent beaucoup les anti-fa'... Je l'ai découvert suite à son implication dans le mouvement des Gilets jaunes auquel j'ai pleinement adhéré. Je n'en dirai pas plus. Et voici que ce "Jaune" s'attaque à un emblème du "Bloc", Alain Soral, lui-même, et à sa théorie du complot juif. Y'a du rififi chez les faf'... Alors : complot, pas complot, que disent les militants ultra-droitistes de "la covid" ? Soral n'y croit pas, Lapierre y croit. Et d'un complot ? Soral y croit, Lapierre n'y croit pas. Lapierre dénonce donc le paradoxe de son rival Soral en affirmant qu'il prône l'idée du complot tout en réfutant la maladie... Imparable. Lapierre inverse donc la lecture en réfutant le complot. Maintenant, regardons de biais. À la récurrente question que posent Soral et Lapierre sur le gouvernement face à la pandémie : ont-"ils"  subi ou ont-"ils" manipulé l'info(x) ? Autrement dit, "ils" sont cons ou "ils" le font exprès ? Toujours, toujours, toujours la même réponse : "ils" sont cons, inutile de chercher ailleurs. "Ils", c'est à dire "nous", car nous avons subi cette information, cette maladie, et même ce complot qui n'existe pas mais se forge dans nos propres attentes... Macron kui-même l'a subie lorsqu'il hurle, comme toujours, "Yes I can"...

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lundi 4 mai 2020

Famille // Petites histoires de migrants bretons

Phasage d'écriture : introduction - version brute                                                             04/05/20/09:00
Un portrait probable de Thimothée père, avec son fils aîné, vers 1890, à Audierne (Finistère)
fonds des éditions Palantines, La Bretagne des photographes, éd. PUR, p.205


La "généalogie" est un domaine qui ne m'a jamais passionné. Comme beaucoup de gens initiés à la "Grande Histoire", j'ai longtemps éprouvé de l'indifférence pour ce hobby. Orgueilleux autant qu'ignorant, comme beaucoup d'étudiants, je regardais l'avenir qui s'ouvrait devant moi en cultivant une forme de mépris pour les personnes âgées à la recherche d'un ancêtre plus glorieux qu'eux-mêmes. Je les croisais alors dans les bibliothèques et les salles d'archives. Leur quête auto-centrée n'était (à mes yeux alors excessivement rationalistes) qu'une affaire de yo-yo dans les probabilités, consistant à "remonter" puis "redescendre", jusqu'à ricocher sur un parent célèbre ou hors-norme...

Il me faut réviser ce point de vue, visiblement partagé par les historiens qui n'évoquent jamais les travaux menés les généalogistes amateurs. La plupart des sites de généalogistes montrent pourtant une réelle ouverture d'esprit. Personne ne semble oublier la cascade faisant de chacun d'entre-nous l'énième descendant d'un être humain. Certes, la quête des origines reste un atavisme, mais il conduit le plus souvent à découvrir un paysage social, avec hommes, femmes, enfants, et non pas seulement une célébrité, même s'il y a toujours un personnage plus séduisant que les autres : ici, Thimothée Ampart, père et fils. Souvent, celui-ci n'est ni noble, ni grand bourgeois, mais il se rattache à une "lignée". Là, un pêcheur, mais il aurait pu être sabotier, tonnelier, cultivateur, docker, navigateur, chemineau, négociant, mineur, vigneron, ouvrier dans telle usine ; dans certains cas, plus rares, sous d'autres conditions, il serait instituteur, pharmacien, ingénieur... Car Thimothée exerce l'un de ces innombrables métiers qui se transmettent en famille sur trois, quatre, parfois cinq générations, entre le milieu du XIXe. et le milieu du XXe siècles, durant cette large période de transition où la stabilité d'une culture du travail au sein de la famille, venue du temps de l'artisanat, survivait dans le mouvement perpétuel qu'impose la société industrielle.

Cette petite histoire se raconte généralement dans un cercle familial fermé, jusqu'à l'invention des "Arts et Traditions populaires", les ATP, que l'on peut interpréter comme l'ultime tentative menée pour figer les derniers instant de la société plus lente qui précédait la nôtre... Le regard s'est tout d'abord porté sur les paroles, les mémoires, les outils. Il se limitait pour l'historien de l'école des Annales et le muséologue des ATP à la transmission d'un savoir-être et d'un savoir-faire, jusqu'aux gestes des ouvriers au sein d'une grande industrie que les écomusées enregistrèrent avant leur disparition.

Quant aux "histoires de famille", elles restent par définition à l'intérieur du cercle familiale. Leur mise en récit est encore aux mains des touristes de l'histoire que sont les généalogistes et les "anciens", ceux qui se plaisent encore à raconter le passé de leurs proches (et qui n'intéresse que leurs proches). Toutefois, depuis l'apparition de "sites sociaux", chacun peut désormais investir beaucoup plus librement les espaces de parole et de mise en récit. Les démarches individuelles se multiplient, bien que les gens sérieux - chercheurs, archivistes, auteurs ou éditeurs - continuent de maintenir une distance prudente avec ces amateurs enthousiastes qui pénètrent dans "leurs" salles et publient à compte d'auteur.

Il ne faut pas voir autrement la numérisation particulièrement active des registres : il s'agit de soulager les espaces de recherche en éliminant ces "gêneurs". Mais il y a un effet de retour : Internet supprime cette barrière sociale que constituait la salle de consultation et le coin de table sous contrôle de personnels formés interdisant la présence de stylos, obligeant parfois le port de gants, vous restreignant à ne consulter que trois cartons. On peut désormais entrer anonymement sur les sites des archives, oublier le poids de préjugés réciproques, et farfouiller partout, sans retenue, en toute impunité. Quel bonheur d'être à l'abri du regard des autres.

Aujourd'hui entre deux âges, entre deux situations, je me mets à mieux comprendre ces porteurs de lunettes de dépannage et autres adeptes de larges loupes. Le "confinement" nous a peut-être tous vieilli prématurément, et j'entre aujourd'hui en intelligence avec les fanatiques des registres : la généalogie est pour eux, comme pour moi, une petite porte ouvrant sur une grande pièce, bien que je ne crois pas à la "Grande Histoire" ! Je suis, profondément, politiquement, intimement, structuraliste et, dans mon imaginaire, il n'y a peu de place pour la génétique, le déterminisme ou la hiérarchie. Il n'y a que l'ignorance qui mène à la simplification (ou cette ignorance volontaire nommée pédagogie, qui transforme pour rendre abordable). Mes "historiens" parlent plutôt de micro-histoire, d'histoire sociale, culturelle, ou de genres, certains franchissent les ponts reliant la mémoire à l'histoire. Finalement, cette histoire finit par toucher la généalogie, mais sans gène, et sans moi, car cette histoire n'est absolument pas celle de "ma famille" génétique.