jeudi 25 mai 2023

Courtagnon // Bibliographie sur Madame de Courtagnon

Gravure de 1763 publiée par Dom. Dieudonné, rééditée dans l'article de Pol Gosset pour l'Académie de Reims en 1911

Tout ceci s'inscrit dans « une tradition de plus de quatre siècles, durant lesquels les gisements fossilifères de la Côte de l’Île-de-France ont servi d’ "eschole de philosophie" aux curieux » (Godard, 2014). Cette tradition s'ouvre en 1580 avec le texte de Bernard Palissy qui s'intéresse à un site nommé "Venteul", soit Venteuil, soit Nanteuil, tous deux se rattachant aux gisements de fossiles lutétiens de la Montagne de Reims. L'abondance évidente des "coquillages" à cet endroit, affleurant dans les ravines au milieu des vignes et dans les petites carrières où l'on extrait du sable pour la construction, questionne sur ce mystérieux passé de la Terre avant le Déluge : pour Palissy, ils se déposent dans des petites mares ; pour Vignier, ils ont été apportés par la vague du Déluge qui a déposé une péllicule de sable à cet endroit ; pour Pereisc, c'est l'enfoncement du sol avec une innondation par les eaux de mer qui explique leur présence ; enfin, pour Madame de Courtagnon, l'idée d'accumulation stratigraphiques commençait à être admise mais un poème montre que les savants locaux en restent encore à la bonne vieille hypothèse du Déluge.

C-après, les détails du récit et les références bibliographiques...

mercredi 26 avril 2023

Courtagnon // paléontologie

La route de Courtagnon, sur GoogleStreetView, avec le champ en question  (site n°1)

Encore Courtagnon ! Nous avons profité des vacances de Pâques pour y retourner et avons enfin découvert le célèbre site de la "Dame de Courtagnon" (Géologie // prospection d'un "filon"). Grâce aux labours de printemps, il a enfin été possible de faire un ramassage en famille dans une jachère traitée à l'herbicide, sans la moindre forme vivante (au plus grand bonheur des fossiles). Ils poussent comme des champignons en contrebas du village : avec 200 fossiles récoltés en une heure, complétés par une cinquantaine d'autres dans un second ramassage où nous avons uniquement gardé les "raretés"... Quelques jours plus tard, nous avons remonté le ruisseau non loin de là pour trouver des fleurs comestibles, tout en découvrant de nouveaux fossiles au fond de l'eau : un ramassage systématique a permis de corriger les résultats précédents.

Beaucoup sont des "topotypes", car la plupart des "coquillages" de Courtagnon ont été récolté dès les années 1750. Etant situés dans l'un des premiers gisements fossilifères connus, ils se sont rapidement diffusés dans les grands cabinets de curiosité d'Europe. Ils est très probable qu'ils vont servir à définir de nombreuses espèces (Lamarck, etc.). Si les originaux ont été perdus, souvent remplacés par des néotypes, l'importance du secteur demeure historique.

Complément 25 mai : de mi-avril à mi-mai, nous avons prospecté d'autres labours et déblais de terriers dans le triangle Courtagnon-Pourcy-Nanteuil, découvrant six beaux gisements où il a été possible de continuer les récoltes pour jusqu'à atteindre 1500 fossiles, avec une moyenne de 250 individus par site : 1 = Le château, 2 = Pourcy, 3 = le ruisseau, 4 = la voie, 5 = le champ du bas, 6 = les blaireaux...

Dépassant le millier de spécimens, il devient possible de faire des statistiques correctes sur la fréquences des espèces.  Il y a des biais évidents, car "certains" ramassent les plus "beaux coquillages" (Athleta spinosus, deux fois trop nombreux) et ignorent dans la même proportion les petites choses un peu trop plates (Meretrix nitida) ou trop communes (Sigmesalia intermedia). 

Tous ces fossiles ont été dessinés, numéroté, répertorié, décomptés dans les "Carnets d'Adèle".

CCC  = 1 ESPECE ABONDANTE (>25%) : Sigmesalia intermedia (1_15)

L'espèce Sigmesalia intermedia est très abondante : environ 1 fossile sur trois récolté dans les labours, mais les blocs rocheux directement arrachés à l'assise géologique montrent que l'on en prélève quatre ou cinq spécimens pour un seul d'une autre espèce. Ils doivent donc représenter plus de 80% d'individus !

  CC   = 5 TRÈS COMMUNES (≥5% à 10%) : Sycostoma bulbiforme (1_18) Globularia patula  (1_13), Athleta spinosus (1_21), Venericardia imbricata* (1_12), Bayania lactea** (2_01)

*Venericardia imbricata se trouve plutôt à la base des gisements, dans les parties basses des champs. 

**Bayania lactea est une exception : absente partout, sauf dans un site atypique (hauts de Pourcy) avec une faune très différente, contenant notamment Venericardia planicostata (2_04) ou encore Serratocerithium cossmanni (1_31) - ci-dessous -  qui est très rare dans les autres secteurs.

   C     = 5 COMMUNES (≥3% à 5%) :  Meretrix nitida (n°1_01), Rimella fissurella (n°1_07), Ancillus buccinoides (n°1_09), Clavilithes parisiensis (n°1_22), Serratocerithium cossmanni (n°1_31)

   AC   = 7 PEU COMMUNES (≥1% à 3%) : Clavilithes noae (n°1_02), Glycymeris pulvinata (n°1_11), Sycostoma bulbus (1_17 ), Crassatela ponderosa (1_03 ), Cryptochorda stromboides (1_04 ), Campanile giganteum (1_10 ), Eopsephaea torulosa (1_08 )

    R     = 7 ASSEZ RARES (≥0,5% à 1%) : Serratocerithium serratum (1_16), Haustator imbricatus (1_32), Bathytormus dilatatus (2_12), Globularia sigaretina (1_14), Cosmolithes laevigatus (1_19), Eopsephaea muricina (1_20), Strepsidura turgida (1_05)

   RR    = 9 RARES (≥0,1% à 0,5%) : Venericardia planicosta (2_04), Athleta citharoedus (5_25), Turricula dentata (1_26), Vicinocerithium calcitrapoides (1_29), Bicorbula gallica (4_25), Cyclocardia sulcata serrulata (5_29), Hipponyx cornucopiae (1_28), Ancillarina canalifera (4_29), Ancillus glandinus (4_30), Mitreola labratula (5_28)

 RRR  = 7 TRES RARES (~0,1%) : Eoconus diversiformis (1_24), Pyrazopsis angulatus (1_25), Timbelus crenulatus tricarinatus (1_33), Plejona mitrata (2_06), Clavilithes rugosus (4_22), Climacopoma patula (6_36), Mitra plicatella (6_39)

Nous avons touvé ces espèces en 2 exemplaires sur les 1500 récoltés. D'autres sont difficiles à évaluer en termes de rareté, puisqu'il n'y en a qu'un exemplaire ; nous les notons "U" pour "unique" :

    U     = 13 EXEMPLAIRES UNIQUES (<0,1%) : Diastoma costellatum (1_06), Editharus copolygonus (1_23), Lyria sub~turgidula (1_27), Mitra elongata (1_30), Natica specialis (1_34), Fusinus aciculatus ~porrectus (4_23), Conus turriculatus (4_24), Ptychocerithium lamellosum (4_28), Tenagodus striatus (5_24), Cubitostrea plicata (6_33), Chama ~punctata (6_34), Cryptoconus filosus (6_35), Xenophora confusa (6_37), Volutocorbis bicorona (6_38)



Il est possible de les identifier dans une publication en ligne :

COURVILLE Philippe, PACAUD Jean-Michel, MERLE Didier, LEBRUN  Patrice, "Le Lutétien de Damery (Marne, France) géologie, environnements, associations de bivalves et gastéropodes". Fossiles. Revue française de paléontologie, hors série n° 3 : 57-71, pl. 1-11. https://www.researchgate.net/publication/259400914_Le_Lutetien_de_Damery_Marne_France_geologie_environnements_associations_de_bivalves_et_gasteropodes_In_Les_coquillages_de_l'Eocene_du_Bassin_parisien_un_tresor_inestimable_vieux_de_plusieurs_dizaines_

Les représentations de ces espèces figurent également dans :

COSSMANN et PISSARO, Iconographie complète des coquilles fossiles de l'éocène des environs de Paris, 1904-1913 (Smithsonian Lib.) T I (p.1-200) et T II (p 204-490) : https://archive.org/details/iconographiecomp212coss/mode/2up

Une espèce se trouve dans une publication tardive de Cossmann (Haustator imbricatus n°1_32, p.260) :

COSSMANN, Essai de paléoconchologie comparée, Paris, Lamarre, 1912  https://archive.org/details/essaisdepaloconc09coss/page/n259/mode/2up?q=imbricataria&view=theater 


Ci-après, les espèces identifiées avec les illustrations puisées dans Cossmann & Pissaro...

samedi 4 mars 2023

Livre // Véritable histoire du champagne

L'ouvrage Champagne ! par Wolikow rouvre les pistes pour sortir des légendes commerciales et intégrer une véritable histoire où le négoce ne débute pas vraiment avant la Révolution. Les maison qui se prétendent plus anciennes ne parlent en réalité que de ventes de quelques centaines de bouteilles rachetés à des moines et revendues sur les grandes tables de la haute noblesse... Un traffic négligeable pour des gens plutôt spécialisés dans les draps. C'est ce qui est raconté dans :

MUSSET Benoît , Vignobles de Champagne et vins mousseux. Histoire d’un mariage de raison (1650-1830), Paris, Fayard, 2008

GOUJON Bertrand, Entre France et Allemagne, les grands négociants en vins de Champagne : approches transfrontalières d’une élite patronale au cours du long XIXe siècle, 2017. https://shs.hal.science/halshs-01553651

Les preuves matérielles de l’histoire du champagne à Reims… Comme le fait entendre Offenbach « Le vin qui mousse à travers la Champagne. Me rendra fou ! » L’historiographie du champagne est excessivement légère, puisqu’elle tient de l’art de se faire mousser. Dans une ville qui se réinvente depuis le baptême de Clovis, les maisons de champagnes cultivent l’hagiographie et chacune s’attribue la première place, en inventant la prise de mousse, le remuage, l’extra-dry, la forme d’une bouteille, ou le commerce avec telle reine, tel roi, tel royaume… Certes, Louis XV a su faire du « vin mousseux » de Champagne un symbole de luxe et de libertinage, mais comment matérialiser cette épopée de l’unique et du véritable champagne ? D’autant plus que de nombreuses archives ont disparu pendant la Grande Guerre, ou restent dans les fonds privés des grandes maisons.

Le patrimoine architectural offre une donnée visible, permettant de quantifier le succès de ce vin en observant la ville. Un fait s’avère certain, les négociants se procurent au XVIIIᵉ siècle leur vin auprès des moines des abbayes. Du point de vue financier, la première fortune qui impacte l’apparence de la ville est celle de Jean Godinot (1661-1749), un texte de 1751 précise à son sujet : « Chanoine si célébré par le bon vin mousseux de Champagne avec lequel il avoit gagné des sommes immenses.Ce qui lui permet de participer financièrement au réaménagement de la ville, de créer un hôpital et des fontaines, dont il reste une local pour machine élévatrice associée à un château d’eau, sans doute l’un des plus anciens du monde…

La Révolution, l’émigration des nobles et la saisie des biens du Clergé rebattent certainement les cartes, mais les patrimoines restent invisible car les quantités en questions restent négligeables avant les années 1820-1830 où elles commencent à devenir industrielles. C'est à cette époque que les grands négociants du textile - comme Ponsardin et Pommery - commencent à creuser des caves à proximité de leurs hôtels particuliers. Il reste difficile d’établir un récit à partir de ces preuves matérielles, car il est trop bref. Enfin, il s’inscrit dans des mythes complétement opposés à ceux d'une tradition anarcho-syndicaliste datant du début du XXe siècle (qui s’exprime localement dans la Révolte des vignerons en 1911) et tend à opposer la ville à la campagne, le vigneron et le négociant, l’artisanat et l’industrie.

Mais cette seconde histoire concerne très peu le patrimoine rémois, car le négoce se porte particulièrement bien pendant la crise ! Mieux vaut se concentrer sur les occurences des grandes Maisons de champagne dans la bibliographie (Gallica) pour voir émerger cette "industrie"... ci-après : 

jeudi 2 mars 2023

Livre // l'Unique et le véritable

https://montable.hypotheses.org/780

 

Lecture suite à l'écoute des émissions sur l'économie et l'art culinaire (Emissions radio // France culture). Meyzie, Philippe, L'unique et le véritable : réputation, origine et marchés alimentaires, vers 1680-vers 1830, Champ Vallon, 2021.

L'auteur insiste sur un rapprochement historique du terroir au produit, plus exactement d'une ville (plus rarement d'un pays ou d'une région) représentative qui va inscrire une ou plusieurs "spécialités", présentes sur les tables des élites et venant parfois de loin. Cet ancrage territorial de la réputation va s'amplifier avec le développement d'un savoir-faire local. L'exemple le plus caractéristique est possiblement le champagne (p.80 avec bibliographie : Wolikow, Champagne !, 2021). Parmi les plus importants : fromage de Roquefort, jambon de Bayonne, charcuterie de Troyes, volailles du Mans... mais aussi le pain d'épice de Reims (qui va sombrer dans l'oubli). 

Reprise de l'idée réputation par l'opinion (Gloria Origgi, la réputation, PUF, 2015, p.67) à la page 88 : "une opinion mise en mots, répétée, une opinion que l'on fait circuler, bref une opinion qui est essentiellement un phénomène de communication" [...] "La reconnaissance des prunes de Brignoles, des volailles du Mans ou du pain d'épice de Reims s'étend au sein d'une culture alimentaire partagée où ils sont considérés les meilleurs, sans se réduire au cercle parfois étroit de ceux qui les consomment"

Réflexion sur l'ouvrage : en tant qu'historien, malgré le pragmatisme de son approche quantitative, l'auteur privilégie un relativisme (le sujet peut être délicat, le lecteur parfois idiot, on comprend) et il revient donc avec insistance sur l'aspect culturel de la réputation (opinion), dans une contradiction qu'il aime souligner avec l'idée de terroir (qui suppose en elle-même un ancrage au territoire). La relation entre les deux devient en effet paroxysmiques lorsque la science des Lumières entre en jeux et inscrit la production dans une technique plus que dans une terre associée à une nature spécifique du lieu. 

Il faut donc voir l'exemple cité de Reims, avec les arguments autour du sol crayeux comme "vérité positiviste" (indiquée par les savant du XIXe) et le développement spécifique des vignes sur un sol asséché + le creusement aisée des caves qui donnent des conditions optimales pour élaborer un vin pétillant, créant une tradition;, une réputation, etc. Le contre-argument découle du "progrès", puisqu'il devient en effet possible (et de plus en plus aisé) d'imiter ces conditions de manière artificielle, ce que prouvent la multiplication actuelle des caves dites "hors-sol" (très énergivores, passons...).

Ci-après, les extraits relatifs aux spécialités de Reims :

vendredi 17 février 2023

Recette apéritive / tartare aux algues

 Achat d'algues sèches (on en est là) chez "Mer Nature"

 

  • 20 cl d'algues sèches (3/4 de Palmaria palmata), 1/8 Ulva, 1/8 Porphyra)
  • 2 c.à.s. de salicornes (et/ou capres) au vinaigre
  • 10 cl d'huile d'olive
  • 3 c. à s. de vinaigre de riz
  • 1 c. à s. de citron
  • 5 cl d'eau

  1. écraser au mortier à sec
  2. ajouter les liquides
  3. mettre au moins 1h au réfrigérateur

Manger sur pain de sarazin sec

mercredi 8 février 2023

Plat de semaine // mercredis crêpes



Par l'officiel maître crêpier de Rennes, la version farine de froment ! Pour ne pas oublier, en cas d'Alzheimer... La recette reste simplissime  et a pourtant (presque) disparu d'internet, chacun rajoutant son "plus", qui ne sert à rien... Le mieux, c'est le moins ; le seul plus, c'est la qualité de chaque ingrédient.

Par personne :
  • >>> 300 cl de pâte   /OU/  900 cl pour trois ou quatre personnes (18 crêpes)
  • 100 g       /OU/   300 g de farine (50 g T45 indus pour lier, 200g bio meule de pierre pour le goût)
  • 1 oeuf      /OU/   3 œufs (de ferme)
  • 1 pincées /OU/   3 pincées de sel (6 g)
  • 200 cl      /OU/   600 cl de lait de ferme (pour farine "épaisse")
  • éventuel : 60 g de sucre pour colorer à la cuisson (surtout sur une bilig)
  • huile neutre à la cuisson étalée avec un sopalin
La pâte (la plus simple)

  1. tamiser la farine pour éviter les grumeaux, faire une fontaine
  2. y verser les œufs + 9 cl de lait + sel,
  3. mélanger à la fourchette (c'est l'astuce) jusqu'à une pâte parfaitement lisse
  4. ajouter le lait par dose de plus en plus grosse, en revenant vers une pâte lisse, finir au fouet
  5. ajouter éventuellement un peu de lait, puis laisser reposer quelques heures, 

Cuisson à la poêle avec emmenthal (version la plus simple aussi)

  1. verser de la pâte et jeter sur le côté non cuit une poignée d'emmenthal + pincée sel et poivre
  2. retourner pour  (bien) griller le côté emmenthal
Cuisson au four avec saumon - crème - emmenthal (version sophistiquée)
  1. cuire une crêpe et la verser sur une assiette
  2. y déposer une demi-tranche de saumon, une cuillère à soupe de crème, une poignée d'emmenthal
  3. rouler, mettre en caquelon, verser un peu de béchamel et couvrir d'emmenthal
  4. laisser au four 220°c pendant 15-20 mn