mercredi 26 avril 2023

Courtagnon // paléontologie

La route de Courtagnon, sur GoogleStreetView, avec le champ en question  (site n°1)

Encore Courtagnon ! Nous avons profité des vacances de Pâques pour y retourner et avons enfin découvert le célèbre site de la "Dame de Courtagnon" (Géologie // prospection d'un "filon"). Grâce aux labours de printemps, il a enfin été possible de faire un ramassage en famille dans une jachère traitée à l'herbicide, sans la moindre forme vivante (au plus grand bonheur des fossiles). Ils poussent comme des champignons en contrebas du village : avec 200 fossiles récoltés en une heure, complétés par une cinquantaine d'autres dans un second ramassage où nous avons uniquement gardé les "raretés"... Quelques jours plus tard, nous avons remonté le ruisseau non loin de là pour trouver des fleurs comestibles, tout en découvrant de nouveaux fossiles au fond de l'eau : un ramassage systématique a permis de corriger les résultats précédents.

Beaucoup sont des "topotypes", car la plupart des "coquillages" de Courtagnon ont été récolté dès les années 1750. Etant situés dans l'un des premiers gisements fossilifères connus, ils se sont rapidement diffusés dans les grands cabinets de curiosité d'Europe. Ils est très probable qu'ils vont servir à définir de nombreuses espèces (Lamarck, etc.). Si les originaux ont été perdus, souvent remplacés par des néotypes, l'importance du secteur demeure historique.

Complément 25 mai : de mi-avril à mi-mai, nous avons prospecté d'autres labours et déblais de terriers dans le triangle Courtagnon-Pourcy-Nanteuil, découvrant six beaux gisements où il a été possible de continuer les récoltes pour jusqu'à atteindre 1500 fossiles, avec une moyenne de 250 individus par site : 1 = Le château, 2 = Pourcy, 3 = le ruisseau, 4 = la voie, 5 = le champ du bas, 6 = les blaireaux...

Dépassant le millier de spécimens, il devient possible de faire des statistiques correctes sur la fréquences des espèces.  Il y a des biais évidents, car "certains" ramassent les plus "beaux coquillages" (Athleta spinosus, deux fois trop nombreux) et ignorent dans la même proportion les petites choses un peu trop plates (Meretrix nitida) ou trop communes (Sigmesalia intermedia). 

Tous ces fossiles ont été dessinés, numéroté, répertorié, décomptés dans les "Carnets d'Adèle".

CCC  = 1 ESPECE ABONDANTE (>25%) : Sigmesalia intermedia (1_15)

L'espèce Sigmesalia intermedia est très abondante : environ 1 fossile sur trois récolté dans les labours, mais les blocs rocheux directement arrachés à l'assise géologique montrent que l'on en prélève quatre ou cinq spécimens pour un seul d'une autre espèce. Ils doivent donc représenter plus de 80% d'individus !

  CC   = 5 TRÈS COMMUNES (≥5% à 10%) : Sycostoma bulbiforme (1_18) Globularia patula  (1_13), Athleta spinosus (1_21), Venericardia imbricata* (1_12), Bayania lactea** (2_01)

*Venericardia imbricata se trouve plutôt à la base des gisements, dans les parties basses des champs. 

**Bayania lactea est une exception : absente partout, sauf dans un site atypique (hauts de Pourcy) avec une faune très différente, contenant notamment Venericardia planicostata (2_04) ou encore Serratocerithium cossmanni (1_31) - ci-dessous -  qui est très rare dans les autres secteurs.

   C     = 5 COMMUNES (≥3% à 5%) :  Meretrix nitida (n°1_01), Rimella fissurella (n°1_07), Ancillus buccinoides (n°1_09), Clavilithes parisiensis (n°1_22), Serratocerithium cossmanni (n°1_31)

   AC   = 7 PEU COMMUNES (≥1% à 3%) : Clavilithes noae (n°1_02), Glycymeris pulvinata (n°1_11), Sycostoma bulbus (1_17 ), Crassatela ponderosa (1_03 ), Cryptochorda stromboides (1_04 ), Campanile giganteum (1_10 ), Eopsephaea torulosa (1_08 )

    R     = 7 ASSEZ RARES (≥0,5% à 1%) : Serratocerithium serratum (1_16), Haustator imbricatus (1_32), Bathytormus dilatatus (2_12), Globularia sigaretina (1_14), Cosmolithes laevigatus (1_19), Eopsephaea muricina (1_20), Strepsidura turgida (1_05)

   RR    = 9 RARES (≥0,1% à 0,5%) : Venericardia planicosta (2_04), Athleta citharoedus (5_25), Turricula dentata (1_26), Vicinocerithium calcitrapoides (1_29), Bicorbula gallica (4_25), Cyclocardia sulcata serrulata (5_29), Hipponyx cornucopiae (1_28), Ancillarina canalifera (4_29), Ancillus glandinus (4_30), Mitreola labratula (5_28)

 RRR  = 7 TRES RARES (~0,1%) : Eoconus diversiformis (1_24), Pyrazopsis angulatus (1_25), Timbelus crenulatus tricarinatus (1_33), Plejona mitrata (2_06), Clavilithes rugosus (4_22), Climacopoma patula (6_36), Mitra plicatella (6_39)

Nous avons touvé ces espèces en 2 exemplaires sur les 1500 récoltés. D'autres sont difficiles à évaluer en termes de rareté, puisqu'il n'y en a qu'un exemplaire ; nous les notons "U" pour "unique" :

    U     = 13 EXEMPLAIRES UNIQUES (<0,1%) : Diastoma costellatum (1_06), Editharus copolygonus (1_23), Lyria sub~turgidula (1_27), Mitra elongata (1_30), Natica specialis (1_34), Fusinus aciculatus ~porrectus (4_23), Conus turriculatus (4_24), Ptychocerithium lamellosum (4_28), Tenagodus striatus (5_24), Cubitostrea plicata (6_33), Chama ~punctata (6_34), Cryptoconus filosus (6_35), Xenophora confusa (6_37), Volutocorbis bicorona (6_38)



Il est possible de les identifier dans une publication en ligne :

COURVILLE Philippe, PACAUD Jean-Michel, MERLE Didier, LEBRUN  Patrice, "Le Lutétien de Damery (Marne, France) géologie, environnements, associations de bivalves et gastéropodes". Fossiles. Revue française de paléontologie, hors série n° 3 : 57-71, pl. 1-11. https://www.researchgate.net/publication/259400914_Le_Lutetien_de_Damery_Marne_France_geologie_environnements_associations_de_bivalves_et_gasteropodes_In_Les_coquillages_de_l'Eocene_du_Bassin_parisien_un_tresor_inestimable_vieux_de_plusieurs_dizaines_

Les représentations de ces espèces figurent également dans :

COSSMANN et PISSARO, Iconographie complète des coquilles fossiles de l'éocène des environs de Paris, 1904-1913 (Smithsonian Lib.) T I (p.1-200) et T II (p 204-490) : https://archive.org/details/iconographiecomp212coss/mode/2up

Une espèce se trouve dans une publication tardive de Cossmann (Haustator imbricatus n°1_32, p.260) :

COSSMANN, Essai de paléoconchologie comparée, Paris, Lamarre, 1912  https://archive.org/details/essaisdepaloconc09coss/page/n259/mode/2up?q=imbricataria&view=theater 


Ci-après, les espèces identifiées avec les illustrations puisées dans Cossmann & Pissaro...
















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