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Image du projet autour des Halles Boulingrin, France-3 |
On n'avait pas encore eu la curiosité de regarder le projet de 2012 qui a fait perdre les élections à Adeline Hazan (PS) : le nouveau musée des Beaux-Arts. Il cachait - au sens propre et au sens figuré - un centre commercial, première découverte. On trouve donc un premier architecte très médiatisé dont le nom évoque un magicien et une marque de cigarette, David Chipperfield, "Architects, founded in 1984, has four offices in London, Berlin, Milan and Shanghai." Diplômé en 1977, c'est un des derniers boomers actifs. Bientôt, il faudra les décongeler... Cette sorte de starchitecte est paradoxalement inconnu et pond des trucs informes à travers le monde depuis cinquante ans.
Mais le pire se glisse juste derrière, un second machin, plus facilement identifiable, presque voyant, signé Henri Dumont. Il se nomme l'Agora. Oui, c'est un peu osé. Pourquoi Agora ? Certes, pas pour le symbole démocratique (car c'est purement financier et commercial), mais c'est pa' ce que y'a un trou d'dans mon ga' (excuses, mon cauchois natal remonte) Une architecture avec trou comme on tente d'en faire de la chute de Rome jusqu'au trou-des-halles, sans que ça marche, jamais ! L'architecte qui lutte ainsi contre l'évidence est cette fois rémois, lui aussi un beau bébé boomer. Après des débuts de chef blanc dans l'Afrique noire des 70's, il produit dans les années 90's les plus désastreuses choses de la ville (et il faut le faire) : massacre du supermarché brutaliste de Tinqueux, massacre du secteur historique d'Hincmar, collège carcéral de Cormontreuil, maison paroissiale inqualifiable sis la cathédrale, massacre de la Comédie de Jean Le Couteur, etc. Une fléau architectonique qui s'abat sur le paysage rémois sous prétexte de modernit', avec toujours une ou deux bonnes générations de retard. Pitié, il fallait dégager tout ce monde.
Pour l'architecte international, il ne faut pas manquer le mot du Moniteur pour pouvoir le comprendre (sinon, on ne peut pas, car c'est une architecture purement verbale) : "Le nouveau musée des Beaux-Arts est une étape clé du projet urbain Reims 2020. Le quartier République-Boulingrin, où le nouvel équipement de 11.287 m2 sera édifié, va se raccorder au centre et devenir un pôle culturel. Le bâtiment en trois nefs quasi identiques de Chipperfield, référence à la cathédrale [SIC], occupera toute la parcelle. Au rez-de-chaussée, une halle de 12 m de haut, fermée mais non chauffée, sera jalonnée de passerelles suspendues pour circuler autour des vestiges médiévaux mis à jour. La nef centrale sera occupée par les circulations verticales tandis que les latérales abriteront les plateaux d’exposition sur trois niveaux. Les façades translucides seront constituées de panneaux composites (verre et marbre) et de verre coulé"
Faire une boite à courants d'air, tout en massacrant en UN STRIKE l'entrée de ville + la Porte de Mars + les Halles Boulingrin, le tout avec une citation graphique pour la cathédrale (comme c'est original) et une autre pour la Grèce antique, c'est osé. Il fallait surtout des politiques profondément gogos, ou anti-rémois et désireux de bousculer les provinciaux. Perdu. Hazan, Adieu.
On ne félicitera jamais assez le maire de Reims, Arnaud Robinet, d'avoir balancé à la corbeille ces projets lamentables qui ont trouvé - grâce à lui - leur juste place dans l'histoire de l'architecture .
Ci-après, les projets en photomontage pour mesurer ces catastrophes évitées dont on fête le dixième anniversaire d'inexistence.