mardi 11 juin 2024

Politique // élections européennes 2024

résultats législatives 2012 et 2017

Résultats 2022. Pour le premier tour 2024, c'est la marée haute, les bassins aquitain et parisien, ainsi que le littoral méditérannéen sont complètement innondés, même les massifs montagneux ont les pieds dans l'eau suite à la vague "bleue marine" (suite à la rupture d'un barrage de castors édifié de 2002 à 2022).

Résultats second tour 2024 : C'est la marée basse après l'ultime "reflux" républicain... Les castors reprennent le boulot à la manière de Sisyphe. Même en y mettant toute leur force, le centre des bassins reste sous une eau d'un bleu profond. Les grandes vallées sont classées en zone humide (Rhin, Rhone). Les reliefs ressurgissent : des massifs jeunes échappent à la submersion grâce aux castors frontaliers, ainsi que le massif armoricain et la côte Atlantique, dans la tradition des castors-juniors perpétuée sur les plages par les clubs Mickey ; mais le massif central conserve des flaques qui grossiront à la prochaine marée. Le bleu marine, comme le bleu de méthylène, ça ne part pas au premier lavage de cerveau. Ca s'incruste.

Macron, Mozart de la finance qui a ruiné la France, ré-inventeur de l'impossible "en même temps" et de l'absurde "nous oblige", le plus jeune et le plus intelligent selon tous ses suiveurs, grand chef de file révolutionnaire des députés godillots et autres pantouflards... Bilan de cet ex-socialiste lecteur au premier degré du Banquier anarchiste, employé modèle du Libéralisme, K sans château, ni procès, ni cafard, la France est passée du demi-rose au bleu nuit intégral en quatre législatives seulement. Bel exploit ! Macron a définitivement discrédité la fonction présidentielle, plus efficacement que Sarkozy, ce petit homme "décomplexé" qui avait vraiment tort de l'être. Mais, on le sait, par définition : on peut cacher son intelligence, pas sa bêtise. Alors, pourquoi ne pas dire qu'on le fait exprès ?

Il faut se souvenir de ces cartes électorales historiques, divisée entre les riches retraités parisiens héritiers sans mérite des Trente Glorieuses, enfermés dans la certitude de leurs villes balnéaires ou de leurs villas hors-sol. Les voici face aux actifs de la terre du milieu (au centre des bassins) et des rivages méditerranéens. Le PS est coincé entre cette triste réalité et sa propre fiction, plutôt urbaine de tradition bourgeoise, macronienne jusque et y compris en 2024, castor par vocation et désillusion. Quelques terres perdues restent aux mains de la gauche "modérée" ou de la droite "centriste", pensons à ces habitants des Pyrénées qui avaient déjà résisté à la néolithisation... À cette exception près, la vague bleue couvre tout le pays... Oublions Paris (et son écoulement de résidences secondaires qui s'étalent en direction de la Bretagne), ville mondialisée, tellement perchée et américanisée qu'elle n'entre plus dans le relief terrestre de la France, comme suspendue sur sa "butte" !

 Ci-après, répartition des députés et cartographie du premier tour 2024 (tendances par circonscription).


samedi 1 juin 2024

Reims // Clairmarais dans les recensements

Faubourg de Clairmarais dans un plan de Reims 1844 (Gallica par L. Héteau)
encadré par quatre rues : Saint-Brice (sud), Courcelles (nord), Ponceau (ouest), Trianon (est)


Probablement les plus anciennes maisons du quartier de Clairmarais, la "cité Steff"

Suite de l'enquête Reims // zoom Clairmarais, grâce aux recensements. Le registre de 1801 donne les rares habitants du quartier qui se limitent à 8 familles, deux cultivateurs (Jacquemart, Bouilly), un journalier (Cochepin), deux tisseurs (Allart, Sicret) dont le premier exploite des orphelins comme le veut une tradition dans cette époque de misère, un berger (Lagarde), une veuve (Sirot). 

Impossible de retrouver le secteur de Clairmarais en 1817, oublié lors de ce recensement, mais il revient en 1841 (dénombrement Ier canton, ADM 122 M 22, p.205-211). Cette date correspond à la première révolution industrielle, qui impacte très directement le secteur. Il y a désormais 70 foyers (de 2839 à 2909), avec 321 habitants (allant des numéros 9990 à 10311) que l'on localise par recoupement aux deux tiers rue de Saint-Brice et au tiers rue de Courcelles. Ils surgissent brusquement et sont presque tous tisseu/r/se, fileu/r/se, trameuse, bobineuse, journalier/re, couturière, tailleur, brocardeur, peigneur, testeu/r/se, ouvrier en laine, en teinture... mais on compte aussi, beaucoup moins nombreux et dans un autre secteur, quelques chaudronnier, menuisier, maçon, forgeron, manouvrier, charpentier, terrassier, cordonnier. Il reste un ancien cultivateur (Bouilly) auquel s'ajoute un nouveau (Martin), un autre berger (Mathieu), et quelques familles un peu plus "urbaines" : Vve Ohénault (propriétaire), Masson ou Hasson et Delaunay (débitants), Delmont (marchand de charbon), mais aussi un brocanteur (Louvet) et un traiteur (Bagnant). Il faut mettre à part la famille Steff, signalée comme "filateur", soit propriétaire de filature, probable famille allemande implantée ici et à l'origine de l'industrialisation soudaine de ce secteur longtemps resté rural... 

En 1851, des noms de rues surgissent et se divisent deux secteurs : au nord, la rue de Courcelle, avec les ouvriers du textile vite concurencés par les employés du Chemin de fer et, au sud, la rue de Saint-Brice, avec les autres ouvriers. La famille Bouilly est toujours là (n°11), avec d'autres cultivateurs et bergers du côté impaire de la rue Saint-Brice, tout au sud du quartier... Avant 1872, l'usine de textile renouvelle ses employés qui continuent d'occuper le secteur. 

On en apprend en 1910, dans une étude de l'Académie de Reims sur l'habitat ouvrier, que la "filature Steff" est à l'origine d'anciens "corons" : "Rue Vernouillet, dans le quartier de Clairmarais, et en contre-bas de la rue, qui les domine tous, s'alignent 20 à 25 logements à rez-de-chaussée, premier étage et grenier très bas ; c'est la Cité Steff. Ces logements sont bordés d'un trottoir de 2 mètres et d'un ruisseau, puis un mur variant de 1 mètre à lm20 s'élève devant toute la cité et la rue Vernouillet la longe, séparée par une rampe en fer qui surmonte le mur. Toutes ces habitations sont forcément humides à cause de leur situation. La cité Steff formant l'angle de la rue Vernouillet et de la rue de Courcelles a encore une partie en façade sur cette dernière rue, depuis le n° 57 jusqu'au 69 : sept logements à rez-de-chaussée, premier et grenier, construits identiquement comme ceux de la rue Vernouillet, mais ici ils sont au niveau de la rue ; toutefois, pour pénétrer dans les pièces, il faut descendre plusieurs marches et les fenêtres du rez-de-chaussée sont presque au ras du trottoir. On peut dire que la cité est d'aspect plutôt vieux et malsain. Enfin, au n° 75 de la rue de Courcelles, s'élève une autre Cité, sans nom, appartenant également à M. Steff, presque en regard de celle de la rue Vernouillet dont elle n'est séparée que par des jardins. Là encore mêmes constructions à rez-de-chaussée, premier étage et grenier ; 25 logements alignés et tous semblables sur une ruelle qui va de la rue de Courcelles à la rue de Saint-Brice. Le côté opposé aux logements est occupé par de petits jardins potagers dépendant de chaque locataire. Le devant sur la rue de Courcelles est un bâtiment à deux étages et grenier occupé par des garnis. Plusieurs fontaines sont installées, dont une dans la cour de la cité, et d'autres dans les jardins pour l'usage des occupants. Les locations varient de 12 à 15 francs. Cela nous change de ce que nous avons vu dans l'autre rue." (Félix MICHEL, "Les Logements ouvriers à Reims et dans les environs en 1911", Travaux académie nationale de Reims, 1910-1911, p.225-321)

Cette cité semble encore préservée, son accès actuel se fait à partir du n°38, rue de Saint-Brice, avec un alignement de maisons de type "corons", désormais inscrites dans une rue privée (voir photographie). Datant des années 1840, c'est peut-être l'une des plus anciennes de France ! Par contre, l'usine est plus difficile à relocaliser car elle a disparu après l'occupation prussienne. Il n'y a presque plus de métier du tissage de laine représenté chez les habitants qui sont de plus en plus des employés des nouvelles usines qui s'implantent dans le secteur. L'habitation particulière de la famille Steff est absente dans le recensement de 1881. Par contre, au même moment, une nouvelle rue est traçée, la rue de Clairmarais, et les immeubles collectifs actuels correspondent à cette période, construits au début années 1870.


samedi 25 mai 2024

Reims // Dénombrement de l'an X (1801)


https://fonds-archives.reims.fr/


Suite de l'enquête sur Philippe Nicolas Germain Leuchsenring... Une fiche d'immigré et le dénombrements de la population de Reims sont très dispersés et les secteurs changent régulièrement de nom. Pour en revenir aux rues de la Grosse Bouteille et du Marc, où résidait Philippe Nicolas Leuchsenring (1762-1810) selon les actes de naissance de ses enfants et la citation sur la pierre de fondation gravée retrouvée au 3, rue du Marc, il faut passer du secteur "Mars" au deuxième canton.

Le plus ancien registre de dénombrement date de l'An X et figure sur le site des AMR (adresse ci-dessus) où se trouvent donc les listes de noms notamment de la rue du Marc 1801 (p.164-166), 1817 (p.17-18), 1911 (p.208 - Geoffroy occupant du premier logement au n°3), 1926.

D'autres registres sont numérisés sur le site des ADM, cette fois sous le mot-clef "recensement" qui offre 115 réponses pour Reims, tous les cinq ans... 1836 (sans les rues), 1841 (vue77, les habitants du 3 rue du Marc figurent alors au au n°8), 1846, 1851, etc.

On constate que le n°3 est une sorte d'immeuble de rapport, car ce sont six logements qui sont occupés, dont un avec concièrge. L'idée d'Hôtel particulier est un peu bousculée... En 1801, c'est plutôt un "hotel de rapport".

Presque introuvable en ligne, les premiers registres numérisés offrent un tableau complet de la population rémoise à partir de 1801. Le premier registre 

Ci-après, quelques pages indexées de la "section de Mars" 

vendredi 17 mai 2024

Patrimoine Reims // Maison de champagne Thiénot

vue Googlemaps du 3, rue du Marc

Maison de champagne Thiénot [649 car. / 762 sgn]


Érigés sur un réseau de caves médiévales, ces bâtiments adoptent la disposition d'un hôtel particulier de négociant. Dès le XIXᵉ siècle, les occupants successifs sont rattachés aux grandes familles de l'univers du champagne, Irroy, Heidsieck, Henriot, puis Geoffroy, ce dernier étant alors propriétaire des maisons Couvert et Forest-Fourneaux.

Détruits en 1918, les édifices sont reconstruits sur une structure en béton. La façade côté rue, abritant bureaux et logements, arbore un style Louis XVI agrémenté des pampres Art déco, tandis que le côté cour, dédié au stockage et à l'expédition, est en moellons calcaires rythmés par des briques, s'inspirant des bâtisses vernaculaires marnaises.

L'ensemble a été réaménagé en 2023 par l'architecte Loïc Thiénot.

  • Légendes des trois illustrations

(3) Publicité Irroy, première Maison de champagne signalée sur cette parcelle au début du XIXᵉ siècle ; toutefois, une pierre de fondation datée de 1794 indique comme maître d'ouvrage Philippe Leuchsenring (1762-1810) qui était déjà un important « marchand de vins de champagne ».
(fonds BMR XXXX-REF-XXXX)

(2) Plan monumental de Reims en 1894 : la rue du Marc apparait au coeur du quartier des sièges historiques du champagne ; les bâtiments, tels qu'ils apparaissaient avant-guerre, figurent au nom de la maison de champagne « Henriot & Cie, successeur d'Auger-Godinot ».  
(fonds BMR / Carnegie / Fonds iconographiques, réf. TGF-II-38)

(1) Façade d'avant-guerre photographiée au début du XXᵉ siècle : les bâtiments appartiennent à cette date à Henri Geoffroy qui se charge de la reconstruction ; seule la parcelle à droite, au n°5, est relativement épargnée pendant la Première Guerre mondiale.
(fonds SAVR).


  • remarques

* Un article de l'Académie de Reims prétend qu'il date d'Henri IV, mais son style architectural semble plutôt du XVIIIe ; la date de la pierre de fondation retrouvée en 1921 (1794) se confirme puisque la parcelle est encore divisée en deux sur le plan d'alignement Trudaine (daté d'environ 1765 à Reims) et sur un plan de 1778, mais elle est unifiée sur le cadastre napoléonien (de 1825 à Reims). Voir documents ci-dessous.

> Il manque le nom de l'architecte de la reconstruction - le PC ne figure pas dans la liste conservée par les archives municipales et le bâtiment n'est pas signé. Le bâtiment est occupé dès le recenssement de 1926.
 

mercredi 15 mai 2024

Patrimoine Reims // Vigne historique de l'ancien collège


https://www.champagne-grand-cru.fr/800px-ancien_college_des_jesuites-copier/

Vigne historique de l'ancien collège [648 car. / 777 sgn]


Plantée lors de l'installation des Jésuites au début du XVIIᵉ siècle, cette vigne est l'une des plus anciennes du monde et détient le record de longévité pour le raisin blanc.

Ultime représentante du cépage « verjus blanc », son nom désigne un jus acidulé incontournable dans la cuisine et la médecine médiévale. Un traité du XVIᵉ siècle, L'Agriculture et Maison rustique de Charles Estienne, précise : « la plus commune façon de faire verjus [...] eſt de cueillir les grappes vertes des raiſins de treilles. » Il fallait ensuite les presser, puis saler pour la conservation.

Ce jus va être progressivement remplacé par celui des citrons ou des oranges ; mais cette vigne continue d'être utilisée en ornement, comme l'indique le Traité du jardinage de Jacques Boyceau en 1638.


  • Les illustrations :
(1) Etiquette illustrée d'une grappe de raisin verjus, identifiable à ses grains de couleur jaune-vert ; il est tardivement utilisé en « vin de liqueur », c'est-à-dire élaboré par ajout d'alcool dans le moût. 
(vers 1930, coll. part.)

(2) Photographie du début du XXᵉ siècle où l'on voit la vigne du collège des jésuites dressée sur le mur ; depuis le XVIIIᵉ siècle, les bâtiments abritent l'Hôpital général et hébergent aussi des petites filles pauvres, surnommées « Les Magneuses ». L'origine des pieds de vigne est inconnue, même si un mythe affirme que les jésuites les ont rapporté d'Ashkelon (Israël).
(fonds BMR / XXX-REF-XXXX).

(3) La fabrication du verjus selon le traité médical Tacuinum sanitatis d'Ibn Butlân ابن بطلان (XIᵉ siècle), exemplaire traduit dans toute l'Europe en latin, complété et illustré au XVᵉ siècle. 
(fonds BNF / ML-9333, f. 83r).


lundi 13 mai 2024

Plat du dimanche // rognons sauce madère

https://www.cuisineactuelle.fr/recettes/rognons-de-veau-sauce-madere-244948

  • 700g de rognons de veau en morceaux
  • 250g champignons de Paris
  • 1 tranche de lard
  • 1 c. à s. de persil ciselé
  • 20 cl crème
  • 5 cl Cognac
  • 10 cl Madère
  • 50g beurre
  • 1 c. à s. de farine


  1. La veille tremper les rognons dans une eau légèrement vinaigrée (1 bouchon / 1litre)
  2. Le matin changer l'eau, les plonger dans l'eau bouillante et retirer aussitôt
  3. Rissoler le lard dans le beurre, puis ajouter les champignons coupés en tranches épaisses. Réduire en 5 à 7 min à la poêle. Rissoler un peu. Ajouter sel, poivre.
  4. Retirer le lard et les champignons de la poêle,  reprendre la graisse pour faites sauter les rognons 3 à 4 min sur feu vif dans le reste de beurre. Ajouter sel, poivre. 
  5. Verser dans la poêle le cognac et 5 cl de madère. Flamber hors du feu, puis rissoler dans le beurre avec un peu de farine et éteindre avec la crème.
  6. Refaires cuire encore 5 min sur feu doux en ajoutant les champignons et le lard. Ne surtout pas faire bouillir !
  7. Vérifier le dosage, sel, poivre, madère ; en ajouter s'il le faut puis parsemez de persil.
  8. Servir avec une bonne purée maison... bien dosée en noix de muscade.


vendredi 10 mai 2024

Excursion Bergère-les-Vertus // Calcaires du Mont Aimé


https://www.samm-honfleur.com/gallery/20191204093730.jpg


Une projection sur Googlemaps, suivie d'une recherche sur le visualiseur Infoterre, permet de découvrir le Mont Aimé sur la commune de Bergère-les-Vertus, cinquante kilomètres au sud de Reims. C'est un parfait exemple de butte témoin qui offre une perspective unique sur la cuesta d'Ile-de-France. L'endroit est assez touristique, car il ouvre un point de vue à 360° sur la plaine environnante, et il se trouve occupé par l'homme depuis la Préhistoire... Passons sur ce passé trop récent, y compris les sépultures du Néolithique découvertes dans les années 1980 (2 hypogées avec une centaines d'individus datant de 3000~3500 av. J.C.)... Une réalité trop pesante, mieux vaut se distraire en lisant la description plutôt romantique faite en 1959 par le conservateur du musée d'Epernay, André Brisson, dans le Bulletin de la Société d'étude des sciences naturelles de Reims en 1959 (gallica.bnf.fr), p.6-10. C'est un site remarquable doublement inscrit à l'Inventaire national des patrimoines naturels, en géologie (inpn.mnhn.fr/site/inpg) et en milieu naturel (inpn.mnhn.fr/zone/znieff) avec quelques espèces que nous avons remarqué en fleur : les orchidées et surtout le cytise faux ébénier (Laburnum anagyroides), la glycine jaune du sud de la France. Attention, elle est très toxique (y compris les fleurs).

En géologie, il abrite l'un des rares affleurements possiblement de la transition K/T ; avant d'imaginer la fin tragique des dinosaures au Kreide / Tertiaire, il faut regarder les roches. Leur apparence est presque parfaite, proche de celle visible sur le littoral à Stevens Clint au Danemark : une craie tardive suivie d'une belle transgression, marquée par une couche marneuse (ici épaisse de 4 m), noire à sa base, recouverte par des calcaires durs à la stratigraphie oblique. Voilà qui répondrait aux cycles eustatiques observés à travers le monde. Mais une querelle sur deux siècles montre pour le Mont Aimé une hésitation lorsqu'il s'agit de dater la formation au-dessus de la craie, que l'on nommait autrefois "calcaire pisolithique" (voir photographie ci-dessous). Par ailleurs, les couches de marnes intercalées n'auraient montré aucun "pic d'iridium" attestant la chute de la fameuse météorite, mais où a été fait le sondage géochimique, qui l'a fait ? Si certains attribuent les formations au Tertiaire (Dano-montien) avec une faune remaniée du Crétacé (Maastrichtien), d'autres les attribuent tout simplement au Maastrichtien, en confondant ce calcaire sableux avec le tuffeau de Maastricht, pourtant d'un aspect bien différent. Tout ceci semble pour le moins bizarre, vu le contexte global (régression maastrichtienne / transgression danienne), mais un fait est certain : de très nombreuses espèces y sont nouvelles ! 

Si l'on suit les très récentes conclusions des savants du Muséum, cette grosse transgression daterait ici du Crétacé. Pas de limite K/T sur le Mont Aimé selon eux. Toutefois, quand je regarde la liste des espèces, je vois beaucoup trop de "sp." et les fossiles bien identifiés sont tantôt du Danien, tantôt du Maastrichtien.  Il est vrai que le tuffeau de Maastricht est très riche et l'on y trouve une foule de coquilles, et l'on en trouve plus rarement dans le Danien... Quel est donc la probabilité des recoupements ? Ma lecture reste en diagonale, trop pressée, car les auteurs semblent moins agités et plus affirmatifs : "le partage de formes abondantes avec le calcaire sableux basal de Vertus (Chama sp., Arca sp., Barbatia sp., Inoceramidae indét. et Vicinocerithium sp.) incite à reconnaître une association de taxons homogène radicalement différente de celles du Danien parisien" (Merle). Je garde le doute, j'attends de trouver une analyse de l'iridium dans la marne noire basale (il faudra un carottage).

Si l'on veut vérifier par soi-même et chercher des fossiles, c'est un vrai travail de bagnard, car il faut en briser du caillou pour trouver de beaux moulages. La plupart des Fossil Hunters préfèrent extraire des marnes à la base du front de taille, puis ils les tamisent tranquillement chez eux afin de prélever quelques dents de requin (geoforum.fr). Mais nous retiendrons surtout la présence régulièrement citée de dents de crocos, carapaces de tortues et surtout des empreintes de poissons qui se trouvent dispersés dans divers musées du coin (Chalons, Epernay) et d'ailleurs (Londres, Vienne, Paris) grâce à une personnalité marnaise, le baron Charles Louis de Ponsort (1792-1854), ancien officier de cavalerie sous Napoléon, qui avait obtenu dans ses vieux jours, entre 1847 et 1854, l’exclusivité d'une "exploitation paléontologique" des carrières du Mont-Aimé pour les revendre ensuite... Il accumula plus de 200 poissons, dont une partie fût léguée par son fils au musée de Chalons. Le plupart proviennent de la base où "Certaines intercalations de calcaires gréseux se débitant en plaques ont fourni de remarquables empreintes de poissons osseux" Où sont-ils ? Nous irons faire un tour le lendemain pour en trouver quatre en vitrine... On parle aussi d'un mosasaure, mais je n'ai rien trouvé de précis sur le sujet, quelqu'un a-t-il confondu le gavial avec le mosasaure ? Peut-être... 

Pour l'instant, le plus bel article concerne un récolement : Arnaud Brignon, "La collecte des vertébrés fossiles au Mont-Aimé (Marne) par le baron de Ponsort (1792-1854)", Bulletin d'Information des Géologues du Bassin de Paris, 54(3), pp.20-44 (researchgate.net).

Ci-après : biblio, plans, photographies...