samedi 1 février 2020

Conférence // perception patrimoniale de la basilique St-Remi

Ordo du sacre, 1250



Journées de conférences
Reims, samedi 26 novembre 2016

 De Saint-Remi à la Reconstruction liens entre les patrimoines rémois



 I-. Les actions menées actuellement.

Appartenant à l'ensemble inscrit par l'Unesco en 1991, la basilique et l'ancienne abbaye Saint-Remi font l'objet d'une protection patrimoniale, régie depuis cette année par une AVAP intégrant les aspects paysagers, architecturaux et urbains, tout en se substituant au « Périmètre de 500m » réglementant les abords des sites protégés au titre des Monuments Historiques. Cette nouvelle réglementation s'applique sur cinq secteurs différenciés dont deux s'accolent à l'ancienne abbaye : face au portail principal, à l'ouest, le quartier Saint-Remi des années 1970 ; à l'arrière, à l'est, l'ancien faubourg Saint-Nicaise, signalé dans l'AVAP comme « fort potentiel patrimonial » (dans des ouvrages visibles ou souterrains). Au sein de ces nouvelles mesures, l'enjeu paysager est déterminant. L'AVAP préconise le traitement qualitatif des espaces urbains et des architectures à grande valeur patrimoniale dont l'intégralité est à conserver impérativement : démolition proscrite, modification selon l'avis de l'ABF et seulement tolérée pour des restitutions...

Des travaux de restauration sont en cours. En 2015, un diagnostic complet a permis de dresser un état des lieux avec des préconisations pour la restauration des couvertures et de la façade occidentale. Les abords font l'objet d'une requalification dont la première phase débutera en 2017 pour s'achever en 2020. Porté par la Ville et la Communauté urbaine, ce projet concerne l'environnement bâti et paysager de la basilique, du musée, du parc et de l'environnement urbain. Cette modification paysagère inclut donc le traitement au sol avec végétalisation basse, la reprise des parcours piétonniers, le redressement de la rue St-Julien (au sud) et la réfection des différents réseaux. La basilique se trouvera ainsi dégagée, avec un emmarchement cohérent menant à un assez vaste parvis. D'autre part, des vestiges archéologiques seront valorisés et mis en lumière.

Ce travail marque le début d'une réflexion patrimoniale impliquant différents acteurs – de la culture, du tourisme, de l'aménagement – pour créer des outils de liaisons. Il s'agit, en outre, de rattacher St-Remi avec les autres biens inscrits au Patrimoine Mondial, en valorisant ce traitement urbain par une signalétique, des circuits, des événements et une mise en lumière couplée avec la cathédrale.

Il faut par ailleurs noter qu'en 2017 débutera une vaste étude XXX, menée conjointement avec l'Etat et la Région, afin de créer dans le centre intra-muros un « Plan de sauvegarde et de mise en valeur ». Ce travail d'inventaire doit permettre de mieux comprendre les patrimoines rémois et leur inscription dans la ville et dans les pratiques urbaines.

II-. Perception dans le patrimoine.

En préambule, il semble nécessaire de mener une brève enquête, d'ordre historiographique, sur Saint-Remi et son rôle relativement aux autres patrimoines rémois. En effet, histoire et usage des bâtiments sont étroitement liés à Reims, depuis le mythe du saint Chrême, conservé aux côtés des reliques de saint Remi dans la basilique, objet de pèlerinage et lieu-témoin privilégié de l'histoire de France. Indissociables de la cathédrale, des liens subtils apparaissent aussi avec les maisons de champagne et, plus indirectement, avec la reconstruction. La gageure consiste à rendre visible le contexte historique et les liens immatériels qui unissent les différentes entités patrimoniales de Reims, alors même que le "centre historique" n'est a priori "ressenti" qu'à l'intérieur du périmètre de la cité antique, excluant de facto le "bourg Saint-Remi", binôme indissociable de la ville archiépiscopale .

Outre l'observation immédiate de l'église Saint-Remi, qui lui donne une place relativement importante dans l'architecture romane et gothique, son empreinte patrimoniale demeure essentiellement historique. De fait, le « mythe » de saint Remi prend naissance dans cette église. Ce récit figure au premier plan de l'histoire française avec les célèbres épisodes du « baptême » de Clovis et du « vase de Soisson » racontés par Grégoire de Tour au VIème siècle. Des anecdotes qui se transforment en événement historique quand elles sont reformulée par l’évêque de Reims, Hincmar, au IXème siècle, et peu après par le chanoine Flodoard. C'est alors que le baptême devient sacre royal, qu'apparaît la sainte Ampoule et que débute la tradition d'une royauté de droit divin.

Le mythe, l'écrit se transforme en rituel avec l'Ordo du XIIIe siècle et perdure jusqu'en 1825 - lorsqu'il est réinventé par Charles X - sous la dictée de Mérimée, avec l'admiration de Victor Hugo et de Charles Nodier. Ceci malgré le scandale que représente la renaissance de cet évènement après plusieurs décennie de combat pour les Révolutionnaires. [2020/04/29] 
cf. [Gallica] Landric Raillat [thésard d'Alain Corbin] Charles X le sacre de la dernière chance, 1991.

C'est cette histoire que redécouvre François Guizot en traduisant et publiant Grégoire de Tour, Hincmar et Flodoard en 1835, dans sa Collection des Mémoires relatifs à l'histoire de France. C'est aussi cette histoire que recherchent les premiers touristes romantiques au XIXème siècle, en visitant Reims, en admirant le tombeau reconstitué de Saint-Remi. Parmi eux, le baron Taylor et Charles Nodier s'attardent longuement sur la basilique dans leurs Voyages pittoresques et romantiques, y trouvant prétexte à de longues digressions sur l'histoire des rois. Avant cela, c'est probablement la mémoire de la tradition carolingienne qui conduit le préfet de la Marne à inscrire Saint-Remi sur la première liste des Monuments Historiques, en 1840, alors que la cathédrale n'y figurera qu'en 1862. Saint-Remi attire aussi la Mission héliographique en 1851 et l'architecte Violet-le-Duc qui illustre son Dictionnaire de l'architecture avec une vingtaine de croquis publiés dans les articles Abside, Arc boutant, Chœur, Contrefort, Nef, Piliers, Travée, Triforium, Vitrail ou Voûte...

Toutefois, la richesse et la diversité des sculptures de la cathédrale finissent par l'emporter, comme en témoignent les fonds photographiques anciens de la BNF, où l'on retrouve des milliers de clichés sur la cathédrale et seulement quelques dizaines sur Saint-Remi. La cathédrale fait motif. Pour preuve, une boutique de photographe s'installe face au monument dès les années 1890.

III – Réception dans le tourisme.

Par delà l'intérêt présupposé d'un patrimoine, dans sa dimension matérielle ou immatérielle, il faut noter des variations dans sa réception. A Reims, il n'est pas inutile d'observer certaines hiérarchies établies au XIXe siècle, visibles dans les recommandations des guides touristiques. À l'attachement des romantiques et des monuments historiques pour l'Ancien Régime, les guides touristiques de la seconde moitié du XIXème siècle se font plutôt les héritiers de 1789 et de 1848. On découvre à Reims une rupture instituée par l'école républicaine qui va remplacer les mythes francs par une origine gauloise. Cette politisation imprègne le premier guide des chemins de fer publié en 1853, elle se retrouve dans les guides Bleus jusqu'au XXème siècle. A Reims, à la fois capitale gallo-romaine et cité des sacres, le patrimoine porte des enjeux. Aujourd'hui oubliés, les événements historiques n'en restent pas moins structurants. Ainsi, le moment le plus marquant est probablement l'incendie de Notre-Dame de Reims en 1914 : celui-ci va redonner toute son importance à la cathédrale, dont la disgrâce est effacée par le danger d'une destruction allemande. Après ce drame, « l'ange au sourire » est remarqué. Dès la guerre, on lui donne le nom de « sourire de Reims », dont la béatitude sera parfois interprété comme un symbole de Paix. Une fois restauré, il reprend sa place sur le massif occidental en 1926, s'inscrit dans les cartes postales, et incarne à lui seul l'édifice. À partir de cette date, il sera signalé dans tous les guides touristiques.

L'étude de ces guides montre d'autres découverte, le patrimoine rémois se réinventant après-guerre. La statue de Jeanne d'Arc, qui a été décrite comme surgissant des flammes en 1914, devient incontournable. L'Hôtel Le Vergeur s'impose également en tant que Musée du Vieux Reims. La ville renaît aussi sous-terre car le rituel de la visite des caves s'instaure : la production du champagne concernait peu les touristes au début du siècle, se résumant à quelques lignes dans la rubrique des activités industrielles, entre les textiles et les biscuits. En 1931, les caves de Saint-Nicaise sont amplement décrites, citées comme des lieux exceptionnels qu'il ne faut pas manquer de visiter.

Toutefois, cette redécouverte s'avère plus matérialiste, ce que démontre la perte de puissance de Saint-Remi, symbole quasi-littéraire d'un héritage difficile à intégrer dans la vision nationale républicaine de l’Entre-deux-guerres. La basilique a ainsi été longtemps négligée dans sa dimension patrimoniale, tout comme son environnement urbain immédiat. Elle sera même brutalisée dans sa partie ouest, au profit de l'opération Fléchambault effectuée dans les années 1970, dont le style néo-régionaliste tardif, malgré sa qualité, évoque aux passants l'idée d'une « station de ski ».

IV reconstruction et valorisation.

Après 1918, une histoire s'écrit en creux – celle de la reconstruction. Alors que la destruction de la cathédrale crée un événement mondial, occupant encore de nombreux experts et historiens, la reconstruction de la ville devient vite une question de spécialistes. Pour retrouver ses traces, il est inutile d'ouvrir les guides touristiques, qui ne l'évoquent jamais dans les détails. La destruction de Reims s'y résume à la dramatisation de la ville martyr et aux bilans chiffrés issus d'une propagande anti-allemande vielle d'un siècle ! Pour comprendre la reconstruction aujourd'hui, il faut revenir aux archives et aux revues contemporaines spécialisées comme L'architecte, L'architecture ou La construction moderne.

Passé dans l'invisible, aux côtés de l'héritage immatériel du sacre, la reconstruction est longtemps ignorée, les biens reconstitués se confondant souvent aux biens authentiques. Par exemple, Saint-Remi est la plupart du temps décrite comme si elle n'avait pas été atteinte, alors qu'elle l'est plus durement que la cathédrale et que sa charpente est reconstruite par les mêmes éléments de béton. Le patrimoine de la reconstruction à Reims serait un sujet parfait pour analyser la réception d'une architecture moderne : les efforts des reconstructeurs pour s'intégrer aux styles préexistants a probablement favorisé cet effacement, mais on retrouve également dans le regard porté sur leur travail des phases identifiables : propagande, résignation, déni, oubli, destruction et redécouverte. Pour en revenir aux guides touristiques, ces bâtiments sont cités sans commentaires, puis le guide Bleu de 1956 rompt le silence, décrivant la place d'Erlon ainsi : « la reconstruction des années 1920-1925, d'un style déplorable, a néanmoins reconstitués les porches ou loges des maisons. » En 1970, la critiques s'étend à l'Art nouveau, comme la fontaine Subé jugée « œuvre pompeuse »...

Au même moment, le mouvement moderne atteint un sommet, dans un purisme radical qui s'exprime aussi dans l'espace urbain, notamment aux alentours de Saint-Remi. Mais un paroxysme est atteint. Les décennies suivantes voient renaître un intérêt pour l'ornement, contre la rigidité d'un fonctionnalisme rude devenu académique. On redécouvre à Reims l'Art nouveau et l'Art déco, avec les travaux d'Olivier Rigaud qui aboutissent sur une exposition en 1988, Reims, reconstruction 1920-1930, décrivant 70 ouvrages remarquables. Il faut toutefois signaler que Saint-Remi ou les ornements Art déco, qui provoquent l'enthousiasme des Rémois, ne sont pas encore inscrits dans les pratiques touristiques : actuellement, les rubriques et avis sur Tripadvisor en témoignent... Le relation matérialiste réinventée en 1918 autour de la cathédrale et des caves de champagne reste largement majoritaire. D'ordre plus immatériels, bien compris par les Rémois, des « liants » existent et permettent de faire de Reims un lieu d'expérimentation de la culture française, avec les sacres, le champagne et l'art déco, mais il faudra aussi au touriste intégrer une certaine complexité dans l'usage du lieu.

Bibliographie spécifique



samedi 11 janvier 2020

Musique : Adèle a aimé...

https://www.francemusique.fr/emissions/cine-tempo/que-reste-t-il-des-annees-2010-2-2-79606

  • 13h04
    Moonrise kingdom (film) : The heroic weather-conditions of the Universe : part 7 : After the storm (avec diction)
    Alexandre Desplatcompositeur

    Moonrise kingdom (film) : The heroic weather-conditions of the Universe : part 7 : After the storm (avec diction)

    Album BOF/Moonrise kingdom (film) Label Abkco Records (1877188922) Année 2012
  • 13h08
    Le chant de la mer : The song - LISA HANNIGAN
    Bruno Coulaiscompositeur

    Le chant de la mer : The song

    Lisa Hannigan : Voix, Lucy O'Connell : Voix
    Album BOF / Le chant de la mer Label Universal Music (Label & Distributeur) (4710998) Année 2014

mercredi 8 janvier 2020

Voie romaines rémoises (8) aqueduc

Plan de Poisignon (1874), wikipedia
Rapport sur les matériaux de l'aqueduc :

L’aqueduc alimentant la ville romaine de Durocortorum, capitale de province de la Gaule
Belgique est un ouvrage enterré de plus de 40 kilomètres de long. Son tracé et sa structure
générale ont été initialement étudiés par les archéologues bénévoles du GEACA au cours de
plusieurs fouilles réalisées durant ces vingt dernières années. Plus récemment, des fouilles de
sauvetage réalisées par l’INRAP ont été l’occasion de préciser de nombreuses données quant
à l’organisation, la structure et le fonctionnement de l’aqueduc.

Les matériaux qui composent l’aqueduc ont été caractérisés à partir des collections issues des
fouilles du GEACA, mais aussi lors d’études sur site au cours des fouilles de sauvetage,
durant lesquelles de nombreux prélèvements complémentaires ont été réalisés.
L’étude sur site, réalisée sur plusieurs tronçons, où l’aqueduc présentait différents états de
préservation / démolition / récupération, permet de préciser et de quantifier la nature des
différents matériaux présents au sein de son organisation verticale.

Ces matériaux sont pour la plupart locaux et proviennent de gisements potentiellement
existant à quelques kilomètres du tracé de l’aqueduc. A l’inverse, les pierres de la dalle de
base, composées de deux faciès de calcaires du Lutétien, ont des signatures
sédimentologiques différentes de celles des faciès locaux et proviennent d’une distance
nettement plus éloignée : carrières probablement situées à 50 / 90km de l’aqueduc lui-même.
Par ailleurs, l’utilisation de matériaux différents pour les éléments dimensionnés ou utilisés en
blocaille non taillée ainsi que de formations géologiques variées pour la pierre et l’argile à
brique ou de formations superficielles (pour les granulats des mortiers), confirme la
connaissance avancée et l’usage différencié des différentes ressources locales. L’existence de
réseaux organisés d’approvisionnement et de carrières au sein des formations géologiques en
place, des formations partiellement démantelées ou dans les formations alluviales ou
colluviales est aussi à souligner.

Enfin signalons que la principale cause de la démolition partielle ou complète de l’aqueduc
semble être la récupération des matériaux et en particulier de sa dalle de base en calcaire.


mardi 7 janvier 2020

Voies romaines rémoises (7) synthèse vues satellitaires



Les vues satellitaires offrent un excellent point de vue pour identifier les voies décrites dans la littérature :

N°01 - route de Cologne (nord-nord-est)
02 - route de Trèves (nord-est)
N°02 (bis) - raccordement vers la route de Cologne
03 - voie secondaire dir. Nogent-l’Abbesse (est)
04 - via Agrippa Route de Metz via Toul (est-sud-est)
N°04 (bis) - Route de Metz via Verdun
05 - route de Chalons-en-Champagne (sud-est)
06 - route de Sens via Bibe (sud)
07 - deux voies secondaires dir. Epernay  (sud-sud-ouest)
08 - deux voies secondaires dir. Chateau-Thierry (sud-ouest)
09 - via Agrippa route de Boulogne via Soissons (ouest)
N°10 - route de Thérouanne via Saint-Quentin (nord-ouest)
N°11 - voie secondaire dir. Courcy ? (nord-nord-ouest)
N°12 - route de Bavay (nord)

lundi 6 janvier 2020

Voies romaines rémoises (6) synthèse descriptive

Les sept voies du septemvium relatées dans les principales sources historiques (Bergier, Kalas) sont aisément localisable. Nicolas Bergier (1622) est le premier a les raccorder avec précision aux routes et chemins existants autour de Reims. Toutefois, ce réseau principal, très probablement mis en place par Agrippa ne représente qu'une partie du réseau antique.  Développé au nord et nord-est de la ville, suivant les exigence de défense des frontières de l'Empire, il se complète par des axes moins importants vers le sud et le sud-ouest, soit en direction de la Gaule.

En tout, les  études montrent l'existence de huit routes importantes et de quatre voies plus secondaires, soit douze axes qui rayonnent depuis le centre actuel de l'agglomération.

La répartition des voies romaines étant assez régulière, il est utile et plus simple de les référencer en fonction des heures correspondant à l'angle formé avec le nord : la voie n°1 à 1 heure, la numéro 2 à 2 h, jusqu'à la numéro 12 à midi (soit plein nord).

N°01 - route de Cologne
02 - route de Trèves (a) + raccordement à Witry vers la route de Cologne (b)
03 - voie secondaire dir. Nogent-l’Abbesse
04 - via Agrippa Route de Metz via Toul (a) + Route de Metz via Verdun (b)
05 - route de Chalons-en-Champagne
06 - route de Sens via Bibe
07 - deux voies secondaires dir. Epernay
08 - deux voies secondaires dir. Chateau-Thierry
09 - via Agrippa route de Boulogne via Soissons
N°10 - route de Thérouanne via Saint-Quentin
N°11 - voie secondaire dir. Guignicourt
N°12 - route de Bavay

dimanche 5 janvier 2020

Voie romaines rémoises (5) Kalas



Pour localiser les voies romaines avec précisions, il faut se référer à des auteurs locaux, allant des publications des érudits de l'Académie nationale de Reims aux archéologues ayant effectué des fouilles dans l'agglomération (service d'archéologie de la Ville et INRAP). Ces données se complètent par les publications en lignes dans des sites Internet amateurs (https://vici.org/vici/8652/).

Les travaux de l'Académie nationale de Reims (lien Gallica) sont les plus instructifs : la principale référence "érudite" est la publication d'Ernest Kalas : "Les aspects du Vieux Reims", communication à l'Académie nationale de Reims, t.CXXIX , p.169 faite en 1910 (lien Gallica)

L'auteur reprend les conclusions de Bergier, en y ajoutant les routes de Cologne et de Sens indiquées dans la Table de Peutinger. Il soustrait - assez logiquement - le doublon d'itinéraire Reims-Soissons figurant dans l'Itinéraire d'Antonin (route de Thérouanne via Soissons puis Noyon) en identifiant la route de Thérouanne via Saint-Quentin, liaison directe entre Reims et St-Quentin évitant Soissons.

1°     => Route de Chalons (dir. S-S-E, à 5h)
2°     => Route de Metz via Verdun (dir. E-S-E, à 4h)
3°     => Route de Metz via Toul (bifurcation, S-E, à 4h½)
4°     => Route de Trèves (dir. N-E, à 2h)
5°     => Route de Cologne (dir. N-N-E, à 1h)
6°     => Route de Thérouanne via St-Quentin (dir. N-O, à 10h)
7°     => Route de Bavais (dir. Nord, à 12h)
     => Route de  Boulogne via Soissons (dir. Ouest, 9h bis)
     => Route de Sens (dir. Sud, 6h)

"Inutile de préciser que ces inoubliables créations du génie romain possèdent quantité de ramifications les reliant entre elles et avec toutes les cités belges, et l'on remarque qu'un embranchement, parti de Soissons, communique incidemment avec la modeste ville de Lutèce, englobée dans la Province Lyonnaise. Ainsi la capitale des Rèmes se prépare comme un centre exceptionnel de viabilité, un « Septemvium ». A la fin du Ier siècle, la grande route de Rome à Lyon, Reims, Boulogne est terminée'-, toutes les autres sont en cours d'achèvement. Lors l'étoile à sept branches, formée par nos chemins de communication, saura décupler, en faveur d'une ville fédérée, le bénéfice des transactions à longue distance, que seuls des convergents tracés vicinaux sont capables de drainer, alors que le trafic par navigation n'est pas encore organisé 3. Dirons-nous qu'en même temps que s'avance, sur nous, la première de ces voies impériales, d'audacieux ingénieurs entreprennent de capter la Suippe, de la diriger souterrainement vers des réservoirs énormes, capables de satisfaire aux besoins d'une Cité qu'on a décidé d'agrandir dans des proportions considérables."

Ernest Kalas

samedi 4 janvier 2020

voies romaines rémoises (4) Bergier


Nicolas Bergier - Histoire des grands chemins (1622)

cf. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k108634s/f1.image

L'ouvrage de Bergier restera la référence des principales études françaises sur les voies romaines jusqu'au milieu du XXème siècle.

Au début du XVIIe siècle, les voies romaines sont encore très bien connues et conservées, ce qui donne à cet ouvrage une importance majeure pour localiser les axes antiques.

Onze pages de l'ouvrage sont entièrement consacrées à Reims (pp.383-394) car Nicolas Bergier est Rémois et utilise sa ville comme un exemple. Il fait mener des fouilles pour en étudier les structures profondes et décrit avec grande précision le rattachement de différents itinéraires historiques avec les anciens axes routiers partant de la ville. S'appuyant essentiellement sur l'Itinéraire d'Antonin, il identifie sept voies principales pour inscrire Reims comme un "septemvium". Cependant, les voies de Therouanne et de Boulogne suivent en commun la route de Soissons.

I        => Route de Chalons (dir. S-S-E, à 5h)
II       => Route de Metz via Verdun (dir. E-S-E, à 4h)
III     => Route de Metz via Toul (bifurcation, S-E, à 4h½)
IV     => Route de Trèves (dir. N-E, à 2h)
V       => Route de Bavais (dir. Nord, à 12h)
VI     => Route de Thérouanne via Soissons-Saint-Quentin (dir. Ouest, 9h bis)
VII   => Route de Boulogne via Soissons-Noyon (dir. Ouest, 9h)

"Mais s'il y a une ville en toute la Gaule de deça les Alpes, en laquelle il se façe abord de toutes parts de grand nombre de chemins militaires, c'est la ville de Reims, que l'itinéraire, & la charte de Peutinger appellent Durocortorum, que l'on appelait Durencourt en vieil langage gaulois. C'est ce mot que les grecs et les latins ont diversement tourné selon leur fantasie, & l'inflexion de leur langue. Jules Caesar, mieux que pas un autre Durocortum,  [...] Et ne se faut émerveiller si les Empereurs de Rome l'ont accomodée dès le commencement de tant de grand chemins : attendu que dès le temps de Jules Caesar les Remois avaient grand pouvoir sur toute la Gaule Belgique : & que d'ailleurs ils avaient succedé à l'autorité & principauté que ceux de Bourgogne, qu'il appelle Sequanos, avaient auparavant dans la Celtique. [...]"
Nicolas Bergier, §5 p.484.