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Nicolas Bergier - Histoire des grands chemins (1622) |
cf. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k108634s/f1.image
Au début du XVIIe siècle, les voies romaines sont encore très bien connues et conservées, ce qui donne à cet ouvrage une importance majeure pour localiser les axes antiques.
Onze pages de l'ouvrage sont entièrement consacrées à Reims (pp.383-394) car Nicolas Bergier est Rémois et utilise sa ville comme un exemple. Il fait mener des fouilles pour en étudier les structures profondes et décrit avec grande précision le rattachement de différents itinéraires historiques avec les anciens axes routiers partant de la ville. S'appuyant essentiellement sur l'Itinéraire d'Antonin, il identifie sept voies principales pour inscrire Reims comme un "septemvium". Cependant, les voies de Therouanne et de Boulogne suivent en commun la route de Soissons.
I => Route de Chalons (dir. S-S-E, à 5h)
II => Route de Metz via Verdun (dir. E-S-E, à 4h)
III => Route de Metz via Toul (bifurcation, S-E, à 4h½)
IV => Route de Trèves (dir. N-E, à 2h)
V => Route de Bavais (dir. Nord, à 12h)
VI => Route de Thérouanne via Soissons-Saint-Quentin (dir. Ouest, 9h bis)
VII => Route de Boulogne via Soissons-Noyon (dir. Ouest, 9h)
"Mais s'il y a une ville en toute la Gaule de deça les Alpes, en laquelle il se façe abord de toutes parts de grand nombre de chemins militaires, c'est la ville de Reims, que l'itinéraire, & la charte de Peutinger appellent Durocortorum, que l'on appelait Durencourt en vieil langage gaulois. C'est ce mot que les grecs et les latins ont diversement tourné selon leur fantasie, & l'inflexion de leur langue. Jules Caesar, mieux que pas un autre Durocortum, [...] Et ne se faut émerveiller si les Empereurs de Rome l'ont accomodée dès le commencement de tant de grand chemins : attendu que dès le temps de Jules Caesar les Remois avaient grand pouvoir sur toute la Gaule Belgique : & que d'ailleurs ils avaient succedé à l'autorité & principauté que ceux de Bourgogne, qu'il appelle Sequanos, avaient auparavant dans la Celtique. [...]"
Nicolas Bergier, §5 p.484.
Route de Chalons (dir. S-E, à 5h)
Nicolas Bergier - repères : Porte Basée, Saint-Maurice, "Via Caesare", La Pompelle, "au-dessus de Sillery", "s'en va droict à Chalons entre l'orient et le midy", Pontvray, Les Logettes, Beaumont-sur-Vesle, Petites-LOges, Grandes Loges, La Veuve, Chalons-en-Ch. Arcy-sur-Aube, Troye,...
§5 p.485. [1er chemin, route de Rome] Ce chemin donc est celuy qui sortait de l'ancienne Cité de Reims aux champs par la porte Basée ; de laquelle nous avons parlé au livre 2 chap. 40 où nous avons dit, que près d'icelle était dressé un arc de triomphe, dont une partie est encore debout, qui a retenu le nom de la dite porte. Aussi était ce le propre des Arcs de triomphe d'être placez aux chefs & commencemens des voyes militaires. Tout ainsi doncques que l'Arc de triomphe fut fait par les Remois à l'honneur des Cesars, comme nous avons monstré audit endroit ; ainsi le chemin militaire qui partait de là, fut nommé Via Caesare, la Voye de Caesar. Ce qui bous enseigne assez clairement qu'elle fait partie de celle qu'Agrippa fit paver en France par le commandement d'Auguste. C'est le nom que S. Remy luy donneen son Temps ; lors que faisant un legs à l'Eglise de S. Maurice assise en ce temps-là hors de la ville sur ledit chemin, il dit : Titulo S. Mauritis in Via Caesare solidos duos.
§6. p.486 [...] Quant à son étendue, elle tirait à droite ligne de ladite porte, jusques au lieu où est à présent assise une vieille porte murée que l'on appelle la porte de saint Nicaise. D'où elle s'estend droict comme une ligne à travers la campagne Remoise, jusques en un lieu dit la Pompelle : & de la audessus de Sillery, à deux lieues de la ville. En cet enfroict elle se divise en deux branches, dont l'une tient toujours sa droite ligne à travers les marais de la rivière de Vesle, où elle avait passage sur un ancien pont de pierre, appelé Pontvray, de qui une cense ou métaierie voisine retient encore le nom. De là sortant des marais tout auprès des Logettes, elle prend sa route à travers la rue grande et droite du village de Beaumont sur Vesle : d'où sans gauchir ne varier, elle s'en va par les petites et grandes Loges, & par le Vefve [sic], tout droict à Chalons...
Route de Metz
Nicolas Bergier - repères : "chemin de Chalons", "s'en va droict à Chalons entre l'orient et le midy", "cy dessis de Sillery", "à main senestre, droict à l'orient aequinoctial", "se dirige derechef en deux rameaux, l'un & l'autre tendans en la ville de Mets par divers endroicts"
§7 p.487 [2e et 3e chemin, route de Metz] Ces deux chemins ne viennent pas séparez l'in de l'autre jusques aux portes de la ville de Reims ; mais les deux ensemble ne viennent joindre au chemin de Chaalons, pour y estre apportez tous trois pas un seul tronc. car il faut entendre, ainsi que nous avons dit "cy dessus de Sillery", dont l'une s'en va droict à Chaalons entre l'Oruent et le midy ; l'autre prend "à main senestre, droict à l'orient aequinoctial", passe par un lieu nommé les Deux Maisons ; entre lesquelles & le village de Prosne, à quatre lieues ou environ de la ville de Reims, il se dirige derechef en deux rameaux, l'un & l'autre tendans en la ville de Mets par divers endroicts, selon les villes & mansions dudit Itinéraire.
Route de Trèves
Nicolas Bergier - repères : "Porta Trevierensis" [Porte Cérès], Le Linguet, "Vaudetré, Ville-sur-Tourbe, Attigni, Sedan, & Mouzon"
§10 p.489 [4e chemin, route de Trèves] Ce chemin partait d'une porte fort ancienne, qui sert encore de clausure à la ville, & qui suivant la diversité des temps a été diversement nommée ; mais son premier et plus ancien nom est celui de Porta Trevierensis ; ainsi que S. Remy la nomme dans son testament ; d'autan que par icelle on allait à Trèves en Allemagne par le Chemin militaire dessusdit ; comme au contraire la porte oppposée, aujourd'huy porte aux Serros, se nommait porta Valesia ; c'est à dire Porte Valoise, Baloise ou Gauloise (qui éstait même chose chez nos pères anciens) d'autant que par icelle on allait en la Gaule, située tout au contraire d'Allemagne ; depuis ce temps, la porte de Trèves ayant servy de prison, comme elle sevait encore il n'y a que quatre cens quarante ans, elle fut appelée porte Charte, Porta Carcero ; que l'on a tourné depuis cinquante ou soixante ans en porte Cere, comme qui dirait porta Cererae, à cause de l'abondance des bleds qui viennent à Reims de ce costé là.
Ce chemin est l'un de ceux que j'ay fait ouvrir pour y voir l'ordonnance des matières. Et à la vérité c'est l'un des plus beaux, des plus haults, & des plus entiers qui soit en toute la Gaule Belgique. Vray est qu'il est partie rompu, & parttie couvert de terraces depuis ladite porte jusques à certains lieu vulgairement appellé le Linguet, à une lieue & demie de Reims. Mais là, comme se relevant de ses ruines, il parait sur une haute leuee, qui tire droict à Vaudetré, Ville-sur-Tourbe, Attigni, Sedan, & Mouzon [...]
Route de Bavais
Nicolas Bergier - repères : "Porte de Mars", "tira à main dextre droict au Cren de Brimont", "droicte ligne au Pont Givar, Neuf-chastel, Lor, Nisi le Comte, Vouzi, Taveau, Montigny, laissant Montcornet en Tierrache à main droite"
§12 p.490-491 [5e chemin, route de Bavais] Celuy-ci sortait aux champs par l'ancienne porte de Mars, tira à main dextre droict au Cren de Brimont. C'est à dire à une large ouverture de montagne, autrefois faicte par les Romains près du village de Brimont, pour donner un passage de plein pied au chemin militaire duquel nous parlons ; comme c'estait leur coustume en aucuns endroits de trancher les montagnes. Ce chemin qui est tout rompu en cet endroict, porte de là son estendue à droicte ligne au Pont Givar, Neuf-chastel, Lor, Nisi le Comte, Vouzi, Taveau, Montigny, laissant Montcornet en Tierrache à main droite [...]
Route de Thérouanne via Soissons-Saint-Quentin
Nicolas Bergier - repères : "Porte de Mars", "fort différent en son commencement, de celuy que nous descrit l'Itinéraire d'Antonin", "destour par Fismes & Soissons"
§14 p.491 [6e chemin, route de Térouenne via Saint-Quentin] Le sixième sort de la mesme porte de Mars, à l'issue de laquelle il se divise du cinquième. Mais ie le trouve fort différent en son commencement, de celuy que nous descrit l'Itinéraire d'Antonin ; qui le conduit bien à Terouënne par S. Quentin, mais il luy fait prendre un long destour par Fismes & Soissons, au lieu de le conduire audit S. Quentin par une ligne plus droicte, ainsi qu'ilse trouve en nature.
Route de Boulogne via Soissons-Noyon
§15 p.492 [7e chemin, route de Boulogne via Soissons] Ce chemin n'est qu'un bout de celuy par nous descrit au Chapitre précédent, qui va de Milan à Boulogne. Les lieux cy dessus sont aisez à reconaistre. Scavoir les villes de Soissons, Noyons, Amiens, Pontieu, & Boulogne.
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