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Plan de Poisignon (1874), wikipedia |
L’aqueduc alimentant la ville romaine de Durocortorum, capitale de province de la Gaule
Belgique est un ouvrage enterré de plus de 40 kilomètres de long. Son tracé et sa structure
générale ont été initialement étudiés par les archéologues bénévoles du GEACA au cours de
plusieurs fouilles réalisées durant ces vingt dernières années. Plus récemment, des fouilles de
sauvetage réalisées par l’INRAP ont été l’occasion de préciser de nombreuses données quant
à l’organisation, la structure et le fonctionnement de l’aqueduc.
Les matériaux qui composent l’aqueduc ont été caractérisés à partir des collections issues des
fouilles du GEACA, mais aussi lors d’études sur site au cours des fouilles de sauvetage,
durant lesquelles de nombreux prélèvements complémentaires ont été réalisés.
L’étude sur site, réalisée sur plusieurs tronçons, où l’aqueduc présentait différents états de
préservation / démolition / récupération, permet de préciser et de quantifier la nature des
différents matériaux présents au sein de son organisation verticale.
Ces matériaux sont pour la plupart locaux et proviennent de gisements potentiellement
existant à quelques kilomètres du tracé de l’aqueduc. A l’inverse, les pierres de la dalle de
base, composées de deux faciès de calcaires du Lutétien, ont des signatures
sédimentologiques différentes de celles des faciès locaux et proviennent d’une distance
nettement plus éloignée : carrières probablement situées à 50 / 90km de l’aqueduc lui-même.
Par ailleurs, l’utilisation de matériaux différents pour les éléments dimensionnés ou utilisés en
blocaille non taillée ainsi que de formations géologiques variées pour la pierre et l’argile à
brique ou de formations superficielles (pour les granulats des mortiers), confirme la
connaissance avancée et l’usage différencié des différentes ressources locales. L’existence de
réseaux organisés d’approvisionnement et de carrières au sein des formations géologiques en
place, des formations partiellement démantelées ou dans les formations alluviales ou
colluviales est aussi à souligner.
Enfin signalons que la principale cause de la démolition partielle ou complète de l’aqueduc
semble être la récupération des matériaux et en particulier de sa dalle de base en calcaire.